Courte, mais intense pour les artistes et musiciens participants, la 7e édition des JMC 2021 a délaissé l’esprit compétitif au profit de la visibilité, du réseautage et de potentielles percées à l’échelle internationale. Les JMC ont également opté volontairement pour l’aspect numérique : un positionnement assumé plus qu’une alternative.
Les points forts de l’édition de 2021 émanent d’un travail accompli sur la durée, caractérisé par une augmentation du nombre des participants et musiciens retenus pour cette 7e édition. Un chiffre multiplié par trois en comparaison avec les éditions précédentes, et qui comprend une quarantaine de porteurs de projets.
L’aspect incubateur
Précédemment, la compétition scellait davantage la programmation : cette année, les JMC accompagnent les artistes en se basant sur des critères de taille, comme la qualité du rendu, la créativité, l’originalité, la qualité d’exécution et le défi ultime qui consiste à pouvoir exporter les artistes à l’étranger. La structuration de l‘artiste se fait au niveau de la communication, en lui attribuant un attaché de presse compétent et en mettant au point le management d’un artiste. Techniciens et journalistes nécessaires à l’accompagnement des artistes doivent se former, afin de pouvoir bien travailler avec les artistes sur le long terme et cela en amont de l’édition. Une rencontre a d’ailleurs eu lieu, réunissant toutes ces disciplines avant le début de l’édition et le travail a été développé et le sera encore plus durant l’année. Sami Ben Saïd, directeur artistique des JMC, évoque « un rapport structurant et professionnalisant » qui désigne l’étape « Artist Lab ». Après la fin de l’édition, l’étape «Producer Lab » réunit 4 producteurs étrangers qui chaperonneront les jeunes artistes afin de leur apprendre à mieux « pitcher » leurs projets sur des mois. La compétition a été supprimée au profit d’une nouvelle approche.
Quand la compétition cède la place à la solidarité
Un esprit de solidarité et d’entraide a perduré pendant le festival et avant. Des annulations et des reports de dernière minute ont eu lieu à cause des restrictions sanitaires : afin d’y remédier, les artistes se sont soudés, en collaborant bénévolement les uns, les autres, afin de mener à bout leurs concerts et spectacles. « S’il y avait eu la compétition, un esprit aussi constructif et solidaire n’aurait pu avoir lieu. Les artistes se sont sentis dans un Safe Space », poursuit Sami Ben Saïd. L’apport pour ces artistes serait d’obtenir des contrats avec des labels, des maisons de disques, de participer à un festival connu, plutôt que de leur attribuer un prix, offrir des opportunités qui peuvent impacter la carrière d’un artiste longuement. Le festival reste ouvert aux citoyens / public et à la scène artistique dans son ensemble.
Une période voulue courte
4 jours seulement ont été accordés pour les JMC de cette année : les professionnels étrangers avaient un agenda plein. Ils ne peuvent rester une dizaine de jours. Les professionnels, pendant les concerts restaient pendant un laps de temps, étaient en mouvement, assistaient aux rencontres. Chaque pro agissait et travaillait à son rythme, afin de nouer des contacts, dénicher les artistes, mieux les connaître. Des rencontres pros, notamment festives mais fermées, ont eu lieu : l’occasion de réseauter, comme l’évènement organisé à Ennejma Ezzahra. Les panels et les « JMC Autrement » ont renforcé le volet présentiel. Des artistes en binôme se sont réunis dans le cadre d’une co-création afin de créer dans un espace à la Médina de Tunis.
Le digital assumé
Les JMC sont hybrides. Le numérique était, certes, pour protéger et garantir l’édition mais cet aspect-là est aussi un positionnement. L’usage du numérique devenant de nos jours primordial et urgent, en faire bon usage est devenu une nécessité et place l’édition dans l’air du temps. La plateforme Ermit a assuré la diffusion des Speed Dating, des rencontres, des panels et des rencontres pros fixées à distance. Les thématiques ont été directement reliées à la musique et à son industrie, mais aussi aux droits d’auteur qui restent encore à élaborer en Tunisie. Il y a eu une mobilisation de la part de deux personnes qui ont filmé des concerts dans différents pays et ont garanti leur projection dans divers espaces. La musique était très variée, issue du monde et de l’expérimental. L’export des talents se fait en se basant sur les répertoires et leur richesse, en passant par le numérique et par le présentiel. Les JMC, cette année, ont eu une portée structurante et formatrice, malgré les difficultés liées aux restrictions sanitaires dans leur ensemble. Un problème de visibilité a plané. Des invités n’ont pu être parmi nous et des panels ont été retirés, faute de présence, le plus souvent. Cette nouvelle vision des JMC est expérimentale : l’assimiler aux invités et au public va prendre encore plus de temps, malgré l’enthousiasme ressenti des musiciens participants. La clôture des JMC 2021 à l’IFT a été assurée par le groupe « Songhoy Blues ». L’Institut français de Tunisie (IFT) a en effet accueilli, mercredi soir, le quatuor malien « Songhoy Blues » pour clôturer la 7e édition des JMC. Ces jeunes artistes musiciens originaires du nord du Mali ont conquis le public, en lui garantissant une musique universelle, africaine et contemporaine. Ils sont maliens, artistes révolutionnaires, réfugiés, virtuoses, résistants, et passionnés de rock, les « Songhoy Blues » ont les atouts nécessaires afin de devenir précurseurs du rock africain.