C’est au pavillon de Hanovre, en plein cœur de la ville, qu’un cri d’humanité a résonné au fil des discours tranchants et concis, donnés par l’équipe engagée derrière l’organisation de cet évènement d’envergure, alternatif et distingué. Cette 5e rencontre, appelée aussi « Le Magma Project », met en exergue un théâtre arabe libre, universel, ancré dans son époque.
Par Haithem Haouel, envoyé spécial à Hanovre
De nos jours, on reconnaît l’engagement et l’impact d’un geste artistique ou d’une manifestation culturelle par la portée de son message et des missions qu’elle prône, et ce, partout dans le monde… y compris en Allemagne.
«Magma Project», ou la 5e rencontre du théâtre arabe à Hanovre, démarre en présence de son équipe, d’invités, d’artistes et de journalistes. Aux allures d’une rencontre intime et prolifique, très loin d’une cérémonie d’ouverture pompeuse, le festival voit défiler sur sa petite scénette située au pavillon artistique de la ville quelques acteurs culturels, les membres de l’équipe, à l’initiative du «Magma Project», et d’universitaires et docteurs.
Ce rendez-vous sobre s’érige tout en simplicité et pertinence et célèbre le démarrage de cette manifestation engagée, qui existe déjà depuis une quinzaine d’années. Elle crie les maux d’une région Mena / Arabe, secouée depuis par des bouleversements sociopolitiques et qui, depuis, tel un «Magma volcanique», ne cesse de bouillir.
Ponctuée par des intermèdes musicaux interprétés par la virtuose Marie Awadis, la levée du rideau s’est déroulée en paroles libres rappelant l’essence même de ce rendez-vous en langue allemande et en arabe et s’est clôturée en guise de fin par «Bells of Hope», un morceau musical envoûtant interprété toujours par Marie Awadis au Piano.
Sabine Trötschel et Abdulrahman Alqalaq, deux membres de l’équipe, inaugurent la soirée et citent en premier les difficultés qu’ils ont eu à convier les collègues, alliés et invités de Beyrouth, au vu du contexte actuel de guerre qui prime. Une situation chaotique qui en cache une autre, celle liée à la libre circulation et aux visas imposés qui ont surtout posé des problèmes auparavant, moins cette année. «Beyrouth» est toujours sous les bombes à l’heure actuelle. Les deux membres rappellent la création du projet «Magma», sa pérennité et son importance dans une époque aussi complexe. «L’humanité écrasera tout ce qu’il y a de plus vil dans la politique », conclut le duo.
Le ministre des Sciences et de la Culture, Falko Mohrs, a pris la parole en soutien à la manifestation en rappelant l’effort et le travail immense des artisans du 4e art dans le monde, à Hanovre et dans le monde arabe. «Le théâtre est un art caractérisé par la diversité, la création et par les problématiques actuelles qu’il met toujours en valeur, avec une perpétuelle transmission de génération en génération et une pertinence ressentie, au-delà des frontières et des cultures. Le théâtre est une initiation aux dialogues, à l’échange, au débat fructueux et prospères entre les nations et les cultures».
«The Waterproofed Artist» de Youness Atbane
Un solo dansant ponctué de silence et de discours directs s’est déroulé sur une heure de temps face à un public nocturne aux aguets, prêt à découvrir la création scénique de Youness Atbane, titrée «L’artiste imperméabilisé». Une création autour du décolonialisme vu par l’artiste, qui puise dans sa vie, au vécu entre deux rives de la Méditerranée pour questionner l’époque autrement.
C’est le post-décolonialisme qui est surtout sujet à l’interrogation au fil de différents thèmes traités. Futuriste, la création plonge le spectateur dans un avenir imaginé autrement. Youness Atbane, artiste polyvalent, se glisse dans différents rôles, tout en ayant un sens critique aigu et jusqu’à pointer du doigt une politique artistique répressive et colonialiste.
Sa création se passe en 2048, dans une biennale (fictive) de Venise. Atbane questionne les métiers de l’art, les mécanismes douteux mis aux service du marché de l’art et la domination culturelle.
La passion pour le 7e art est palpable à Clermont-Ferrand, ville connue pour son festival international des films courts depuis des décennies. Historique et engagée, cette manifestation draine des réalisateurs des quatre coins du monde.
De notre envoyé spécial à Clermont-Ferrand Haithem HAOUEL
En 48h chronos, une spirale de films courts vous happent … Le monde paraît défiler en écran large et sous vos yeux. Entre l’inédit et le rétrospectif, quelques découvertes sur grand écran n’ont pas laissé de marbre, surtout quand on évoque « le cinéma du Sud », émergeant, définitivement installé dans un cinéma du monde, florissant et visible en abondance dans la programmation du premier festival des films courts au monde.
Cette 47e édition du festival international du court métrage de Clermont-Ferrand consacre en 2025, dans sa très large programmation, quatre sections LBN, consacrées au cinéma libanais et une autre « Regards d’Afrique – African Perspective », entièrement dédiée au cinéma africain. Des essais courts, qui oscillent entre fictions et documentaires, révélateurs de maux sociaux omniprésents. Ils font échos en traversant les cultures du monde et luttent contre l’oubli. Un cinéma du Sud qui éveille les consciences et qui crie tout haut le conflit soudanais, les heurts au Kenya, la condition de la femme africaine, les guerres successives au Liban, la famine, le réchauffement climatique… Autant de problématiques traitées qui se succèdent et ne se ressemblent pas.
Face à l’intérêt grandissant d’un public averti, cette floraison de scénarios titille les réflexions, suscite le débat, lève le voile sur des thématiques diverses… et se fait entendre.
La passion pour le 7e art est palpable à Clermont-Ferrand, ville connue pour son Festival international des films courts depuis des décennies. Historique et engagée, cette manifestation draine des réalisateurs des quatre coins du monde. Cette 47e édition a connu la participation remarquée d’une réalisatrice tunisienne montante, Sahar El Echi, avec son 5e film « Bord à bord », retenu dans la section « Regards d’Afrique », unique participation tunisienne. Son actrice principale, Meriem Sayah, a aussi répondu présente, afin d’accompagner les projections du film, déjà projeté lors des JCC 2024. Cette histoire courte raconte l’affranchissement social d’une femme, confrontée à sa condition sociale difficile, et contrainte de subir les aléas relationnels vécus avec deux hommes, interprétés par Mohamed Hassine Grayaa et Aymen Mejri. Le film a suscité le débat tout comme l’ensemble de la section « Regards d’Afrique » qui a regorgé de découvertes pour la plupart inédites. Passage en revue !
We shall Not Forget (Nous n’oublierons pas) de Brian Obra : contre l’oubli
Terriblement oppressif et violent, le documentaire de 4 min est un cri d’alerte collectif. Celui d’une génération meurtrie et violentée au Kenya. Heurts urbains et révolte anti-sociale constituent la trame de fond du documentaire signé Brian Obra. Comme son titre l’indique, toute une génération de jeunes Kenyans se dresse contre l’Etat et laisse derrière elle un constat glaçant. Une parenthèse d’une violence inouïe est mise en lumière dans ce film court, dont la portée est de se souvenir de cette révolte de jeunes contre l’injustice et la corruption étatiques. Manifestation sanglante et slogans descendus révèlent la désillusion d’une génération et son asphyxie. Des jeunes «du clavier» jettent leurs machines et affrontent corps à corps les forces de l’ordre suite à la proclamation d’un projet de loi financier qui menace leur avenir.
Is it War ? (Est-ce la guerre ?) de Timeea Mohamed Ahmed : l’expérimental au service de la paix
Le 2e film visionné tourne autour d’une guerre toujours en cours au Soudan, sans doute une des plus meurtrières de l’histoire contemporaine. A travers un traitement innovant et moderne, cette fiction, signée Timeea Mohamed Ahmed, nous présente Jaâfar, son personnage principal errant. Telle une âme détachée de son corps, il se laisse errer dans une forêt. Surréaliste à souhait, le film est une échappée mentale pour son héros qui fuit la mort ambiante dans son pays. Une manière de sauver (ou pas) son esprit, sa santé, son existence. Filmé via des techniques développées visuellement, le ton reste léger, et le contenu dénué de toute violence visible. Le symbolisme autour de la misère du peuple soudanais parvient intelligemment et d’une manière insolite à un large public, généralement mutique face à cette catastrophe humanitaire. Le cinéma soudanais ne cesse de s’exporter depuis les 7 dernières années.
Time To Change (Il est temps de changer) de Pocas Pascoal : une plongée dans l’histoire
Ce court film fait office d’un document historique et éveille les consciences. Il nous vient de l’Angola et à travers un montage expérimental d’une grande maîtrise, il puise dans des archives coloniales rares. Il raconte en un temps limite l’asservissement de tout un peuple par son colonisateur. Misère, famine, maltraitance et exploitation rongent cette réalisation. Ce film reflète, tout haut, la naissance du capitalisme, sa propagation dans le monde et crie son essence même… qui ne date pas de nos jours. Une relation colons /colonisés, toujours d’actualité. Le suprématisme blanc et son emprise broient des peuples pillés, spoliés, appauvris et… ce document expérimental l’atteste.
Alazar de Beza Hailu Lemma : tragédie en terre aride
Ce film frôle le format « Moyen métrage ». Il bouleverse par la profondeur de son histoire maîtrisée. Son scénariste s’est permis une liberté d’écriture ressentie au fil des évènements visionnés, au point où le court a failli lui échapper. Cette plongée dans le vécu d’une tribu éthiopienne bouleverse par sa sincérité. « Alazar » raconte l’exode d’une communauté paysanne, désireuse urgemment de quitter son territoire de naissance pour subvenir à ses besoins les plus élémentaires, afin d’éradiquer pauvreté et famine. Leur terre ne devenait plus fertile, et la pluie se faisait rare. Suite à la découverte du corps d’un patriarche dans un puits sec, les convictions et pratiques religieuses se retrouvent ébranlées et une enquête est entamée afin de découvrir les dessous de cette mort, quitte à remettre en question les déductions d’un homme de l’église. Et c’est le fils du défunt qui entame cette quête.
Breastmilk (Lait Maternel) d’Ifeyinwa Arinze : L’affranchissement d’une mère
Cette fiction courte de 16 min traite de plusieurs tiraillements, vécus par Aduke, jeune mère nigériane, qui doit se réconcilier avec son passé pour pouvoir s’accomplir dans le présent, quitte à chambouler sa relation déjà tendue avec son mari, esquiver les croyances superstitieuses de son entourage et surtout pouvoir allaiter son nouveau–né. Cette embrouille afflue sur son corps et perturbe l’allaitement par voie naturelle. L’interprétation féminine de l’actrice principale ne laisse pas indifférent et retient l’attention de bout en bout. Entre consultation médicale, heurts avec un mari infidèle et la naissance de son bébé, sa condition de femme et de mère peine à trouver le juste équilibre…pire, elle est écrasée. Le court métrage lève le voile sans retenue sur des dérives sociales, qui peuvent surgir souvent au sein même du noyau familial. Pour les confronter, autant couper les chaînes et chasser ce qui se présente comme des obstacles à l’épanouissement. Une leçon de vie !
Clap de fin de la 47e édition du Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand : l’édition en chiffres
Le palmarès officiel est constitué des prix remis par les jurys officiels, étudiants et publics dans chacune des trois compétitions. Cette 47e édition, en plus de ses compétitions, a mis à l’honneur le cinéma libanais ainsi que l’importance du son dans les films. Elle a enregistré un bilan positif avec plus de 4100 professionnels accrédités par le Marché du film court et un nouveau record battu : plus de 173 000 entrées ! À noter que ce nombre d’entrées a été possible sur 454 séances réparties sur les 14 salles qui ont accueilli le festival. 34 stands ont fait vivre le Marché du court. 51 pays étaient représentés dans les trois grandes compétitions et au palmarès, 26 pays sont représentés : Allemagne, Australie, Belgique, Brésil, Canada, Égypte, États-Unis, France, Irlande, Islande, Italie, Kosovo, Liban, Maroc, Mexique, Palestine, Philippines, Royaume-Uni, Sénégal, Singapour, Slovaquie, Suède, Suisse, Taïwan, Tchéquie et Ukraine. Le festival rempile déjà du 30 janvier au 7 février 2026.
A l’aube d’une nouvelle année, il y a de ces initiatives qu’on voit défiler et qui semblent être en phase avec leur époque. « Diasporactive » en fait partie. Ce programme incite de jeunes entrepreneurs tunisiens, installés à l’étranger, et même ceux qui ambitionnent de devenir investisseurs, à implanter leurs projets dans leur pays d’origine. Tout un programme édifiant leur a été préparé pour un retour au bercail.
La Presse — En rencontrant ce noyau de jeunes Tunisiens, résidents à l’étranger, l’espoir renaît grâce à leur volonté de s’accomplir dans leur pays et d’y apporter leurs pierres à l’édifice. Déployer ses ailes et apprendre à l’international, c’est sans doute important mais s’implanter dans son pays d’origine reste à l’ordre du jour. Dans une époque où on évoque le plus souvent la migration vers d’autres cieux et la fuite des cerveaux, « Diasporactive » valorise une migration des cerveaux à l’envers. Celle qui rime avec le retour d’une vie… pensé, conçu, imaginé par une cohorte de 6 personnes munis de 6 projets solides à concrétiser pour la Tunisie.
Un programme d’accompagnement
« Diasporactive » est un programme élaboré par l’incubateur « 1kub » et a pour objectif d’encourager de jeunes entrepreneurs tunisiens, vivant à l’étranger, d’investir dans leur pays. Une initiative qui offre accompagnement, sessions de formation, services et consultations effectuées par des experts. «Diasporative» est l’émergence d’un espace d’échanges d’expériences, d’outils, de savoir et se présente comme une aubaine pour réseauter dans un cadre propice à la créativité et à la conception. Le programme engage les participants dans une expérience fructueuse, qui donne des réponses, en théorie, aux inquiétudes liées à l’investissement en Tunisie, à l’aspect administratif tunisien, à la bureaucratie, à la loi tunisienne, et au contexte national, qui reste méconnu pour des jeunes ayant passé des années de leur vie, loin du pays. Le programme « Diasporactive » a débuté en septembre avec la sélection de 9 entrepreneurs tunisiens essentiellement basés en France, Belgique, Italie, Autriche, Allemagne … mais aussi aux USA. La moitié sont des femmes, pour la plupart de formation ingénieur ou issues du secteur informatique. Les candidats ont, à leur actif, au minimum 12 années à l’étranger, et envisagent de percer professionnellement avec un projet qui leur permet d’être fonctionnels, pourquoi pas, entre deux rives. Cette envie devient persistante, malgré leur position professionnelle avantagée à l’étranger.
Une succession de projets ambitieux
Un éventail de projet viables est présenté lors d’une session de formation organisée par « 1Kub ». Les secteurs concernés sont le tourisme durable, l’amélioration des services du quotidien chez les Tunisiens, l’exportation de produits d’artisanat ou du terroir tunisien, et d’autres, à caractère technologique impactant comme le lancement d’applications, de plateformes ou de CRM. L’accompagnement dans une première étape a duré 3 mois pour les participants désireux d’élaborer leurs projets. La progression pour chacune et chacun varie : il y en a qui pensent encore leur vision, et d’autres qui sont déjà dans la concrétisation. Sarah Bourouissi pense un projet écolo, pour un tourisme durable et sain pour l’environnement à développer auprès de restaurants et d’hôtels en Tunisie. Une idée qui nécessite actuellement son étude du marché. L’aspect «développement» de son projet prometteur évolue bien. Adel Lusakula est tuniso-congolais, ingénieur à Toulouse. Depuis son plus jeune âge, il rêve d’entreprendre. Son souhait prend forme dans son projet destiné à la fabrication du miel organique : une vente export qu’il trouve nécessaire à la valorisation du miel de Tunisie. Safouane ben Haj Ali tient à concevoir une plateforme numérique au nom insolite « My Chakchouka » qui connecte les artisans tunisiens au marché global. Sa cible, ce sont les personnes qui s’intéressent aux produits tunisiens.
Aya Omrani, au parcours universitaire atypique, veut fonder « Med Journey », une agence de tourisme médical en Tunisie. Une aubaine qui pourrait rallier soins et tourismes. Ala Selmi savoure son expérience naissante dans le e-commerce avec son associé tunisien basé aux USA. Son projet vise à lier les commerçants à leurs clients à travers « Souk express ». Son e-ccommerce a pour but de faciliter les courses de tous les jours chez les citoyens tunisiens. Taoufik vit à Paris depuis 35 ans. Il tient à récupérer un bien familial : une ferme coloniale, qu’il tient à convertir en chambres ou maison d’hôtes. Il a une collection importante d’objets historiques qu’il peut exposer ou en faire un musée. Un lieu de villégiature est actuellement en devenir à Zaghouan, dans ce domaine de Bir Mchergua.
Cette première cohorte de ce programme est financée par l’Union européenne et soutenue par «Thamm Ofii» qui cible les membres de la diaspora et leur capacité d’offrir des opportunités économiques, sociales et culturelles attrayantes. Le programme est aussi déployé sur d’autres gouvernorats : le Cap Bon et Zaghouan, Béja et Sfax. D’autres projets vont voir le jour. «1Kub», l’incubateur, lance régulièrement des appels pour le programme «diasporactive», pour accompagner d’autres entrepreneurs de la diaspora, dans la structuration et la mise en œuvre de leurs projets, dans la définition du Business Modèle, la construction du Business Plan, l’étude de marché mais aussi la connexion avec les structures facilitatrices, peut -on lire dans un communiqué.
«La fondation Hasdrubal pour la culture et les arts Mohamed Amouri» et son directeur musical Laurent Jost invitent sur scène une floppée de musiciens professionnels et émergents, issus de toutes les nationalités du monde pour «Le concert des continents». L’événement musical rime avec résonances et mélodies occidentales et orientales. Les cordes à instruments s’apprêtent à fusionner.
Un Quartet de musiciens tunisiens apparaît sur scène : muni de son violon, il entonne un morceau du compositeur allemand Felix Mendelssohn. Des répertoires connus comme Beethoven ou Joseph Haydn n’ont pas tardé à résonner. Le public est comme happé dans une spirale de mélodies, maîtrisées et entraînantes. Le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris se lance, ensuite, dans des répertoires de compositeurs connus comme Germaine Tailleferre, Maurice Ravel ou Antonin Dvorak. Le conservatoire de Vienne s’empare ensuite de la scène du Hall et ne manque pas d’honorer, toujours en musique, le patrimoine d’Ernst Dohnanyi, Jean Françaix ou de Johann Strauss. Sur une trentaine de minutes, avec de légers intermèdes, il y a comme un rythme musical enchanteur qui s’est installé et qui fait effet sur la durée. A deux reprises pendant le concert, des musiciens, en alternance, joueront encore, citons Daniel Schultz, Takanori Okamoto, Felix Pascoe et d’autres noms comme Valentin Hoffman, Bénédicte Leclerc ou Pail Wiener. Le violon et les violoncelles font toute la magie de leur performance et sont issus du «Royal Academy Of Music Of London». Et puis arrive ce moment clé où l’appellation «Concert des continents» prend totalement sens avec «les musiques arabo–orientales et improvisations» ou c’est quand Zied Zouari, en compagnie de son orchestre formé par 11 musiciens, présente «Prayer» (Prière), un morceau musical composé en 4 jours seulement dans le cadre d’une résidence à l’Hasdrubal. Véritable ode à la paix dans le monde en ces moments incertains, le morceau est saisissant. Zied Zouari commente cette performance et en fait une dédicace précieuse : «C’est un rêve réalisé ce soir que de pouvoir présenter cette musique. C’est un rêve que je dédie spécialement à Laurent Jost, directeur musical de la fondation Hasdrubal, qui œuvre depuis si longtemps pour ce pays». Plus d’une trentaine de musiciens venus des quatre coins du monde ont clôturé ce spectacle. Parmi eux une douzaine de Tunisiens arborant leur contrebasse, violoncelle, violon, percussions et Alto.
La fondation Hasdrubal pour la culture et les arts Mohamed Amouri, voit grand : elle prône le partage d’expériences musicales, organise des récitals et des résidences de haut niveau pour de nombreux apprenants et futurs virtuoses tunisiens et étrangers. Ces concerts sont tissés par des spécialistes du monde, issus en grande partie d’établissements européens, favorisant l’appui de pays européens. A cette occasion, l’ambassade de France et de l’Autriche ont soutenu l’événement ainsi que l’Institut français de Tunisie. La fondation œuvre pour la création de programmes d’échanges entre artistes ou étudiants en musique, issus des deux rives ou d’ailleurs.
La 7e édition de «Jaou Tunis» a débuté le 9 octobre et se tiendra aux quatre coins de la capitale durant tout un mois. L’occasion pour les festivaliers de découvrir le projet photographique de Rima Hassan, titré «Nakba Survivor» ou «Survivants de la Nakba». Le vernissage de l’exposition est prévu pour cet après-midi à partir de 18h00, dans un entrepôt situé à Rue de Palestine–Tunis. Le travail annoncé d’emblée est une série de portraits intimistes de réfugiés palestiniens, révélateurs de leur vécu dans des camps.
La photographe elle–même, née dans un camp de réfugiés en Syrie, puise dans son vécu, ses valeurs, et ses luttes pour donner vie à son art militant, dédié à la population palestinienne. Son travail garantit une immersion photographique, notamment à l’aide de technologies numériques avancées comme l’Intelligence Artificielle. À travers cette exposition attendue, la résilience des réfugiés, leurs combats, leur quotidien se font sentir. «Nakba Survivor» raconte des récits de vie à travers des images brutes, vraies, et d’autres qui sont générées aussi par la technologie donnant forme à des récits poignants, singuliers, qui racontent l’individuel mais narrent aussi le collectif, dans sa dimension la plus tragique. Le festivalier pourra visiter Jbal Hussein, en Jordanie ou Neirab en Syrie et autant de camps et de lieux, broyés par une colonisation sioniste qui perdure dans le temps, et qui est plus que jamais d’actualité.
Lutte pour la survie, pour les droits fondamentaux, voix des dominés, récits porteurs d’espoir et contre l’oubli, dénonciation du génocide en cours, «Nakba Survivor» s’érige, grâce à la commissaire d’exposition Kenza Zouari, et à l’artiste Rima Hassan, comme une porte–voix pour les Palestiniens colonisés réfugiés, et prône l’identité palestinienne. «Il y a autre chose à montrer de ce peuple que sa mort ! Malgré sa souffrance inouïe, on a besoin que ce peuple se raccroche à la vie et qu’il ait surtout mille et une facettes à montrer en rapport avec sa culture, son histoire, sa résistance». Cite Rima Hassan, dans un Teaser, en attendant de la retrouver en Tunisie pour l’inauguration de son exposition individuelle. Rima Hassan a entamé ce projet engagé bien avant. Soutenue par la Fondation Kamel Lazaar, elle prenait des photographies dans les différents camps de réfugiés, au Liban, en Syrie et en Jordanie. Des personnes réfugiées qu’elle photographiait avec le Keffieh sur le visage, (ou sans Keffieh). L’artiste a aussi cédé sa caméra à des réfugiés pour qu’ils prennent, à leur tour, des prises, en photos ou en vidéos, au fil de son itinéraire.
En tant que commissaire d’exposition, Kenza Zouari a commenté, lors d’un point de presse, sa difficulté à s’immiscer dans cette itinérance aussi intime, propre au vécu collectif de ces réfugiés et à celui de l’artiste. «J’ai tenu à apporter une vision externe et essayé de montrer comment le monde, de loin, voit ou vit la vie des Palestiniens, en dehors ou dans Gaza, en utilisant l’Intelligence Artificielle. Mon intervention consiste à générer des photos, à répondre à certaines questions, et d’avoir toute une conversation avec différentes I.A autour de la Palestine. Et ce sont ces intelligences qui façonnent ce que je leur demande». C’est ainsi que se résume l’apport de la commissaire. L’exposition s’adresse à un public averti, comme le public tunisien. Elle s’annonce expérimentale mais n’informe pas forcément les festivaliers sur la situation des Palestiniens ou le calvaire des réfugiés. Au cœur de l’exposition, les photographies prennent vie. La touche de sa commissaire articule une 2e narration au contenu visuel et auditif de «Nakba Survivor». L’étroitesse du lieu méconnu permet de vivre l’expérience autrement. Un atout de taille. Une déflagration de récits et de lectures diverses seront accessibles à travers «Fragments d’un refuge», à découvrir jusqu’au 9 novembre 2024, au 6, rue de Palestine. Rima Hassan est juriste de formation et actuelle députée européenne.
Après le clap de fin de la 58e édition du festival international de la ville de Hammamet, le théâtre et son centre culturel «Dar Sebastian» accueillent une manifestation cinématographique titrée «Les écrans de Hammamet», sous la houlette du ministère des Affaires culturelles et du Cnci.
Sur une durée de 7 jours, le théâtre a vécu au rythme d’installations d’œuvres vidéo, de conférences mais surtout de projections nocturnes de courts et de longs métrages tunisiens, anciens et… inédits ! Car l’événement laisse libre cours à la réalisation et initie des jeunes talents à la fabrication de films courts de 3 à 5 min, en utilisant le smartphone. Focus sur le «Mobile Movie», qui a permis à 8 nouveaux films de voir le jour et d’être en compétition jusqu’au 11 août 2024. Le public, suite à un vote au quotidien, pourra élire la meilleure réalisation, en attribuant des étoiles sur un écran numérique.
En présence d’un jury formé par la réalisatrice Salma Baccar, l’artiste visuelle, cinéaste et chercheure Sahar El Echi, et la réalisatrice Emna Najjar, les participants ont élaboré des scénarios, qui ont pour thématique «Le théâtre de Hammamet, son histoire, celle du festival et de la villa Sebastian».
Arrêt sur 8 histoires, 8 films courts, 8 découvertes sur grand écran, en première !
«Champ contre champ» de Nermine Ben Hmida, rencontre intemporelle
Du haut de ses 18 ans, Nermine Ben Hmida, dans son premier film, décide de braquer la caméra du smartphone sur deux actrices tunisiennes : Mouna Noureddine, pionnière de la scène théâtrale et de la télévision tunisiennes, et Ibaa Hamli. Les deux sont issues de deux générations totalement différentes. «Champ contre champ » ne les compare sans doute pas. Il revient sur un projet théâtral récent qui a croisé leurs deux parcours, celui d’«Othello et après» de Hammadi Louhaïbi, présentée pour la première fois à l’ouverture de la 58e édition du festival international de Hammamet. Il s’agit d’une version revisitée, d’«Othello» d’Ali ben Ayed, initialement présentée en 1964, sur cette même scène, année de la création du festival. 60 ans plus tôt Mouna Noureddine était à l’affiche, dans le rôle d’«Emilia». En 2024, ce même rôle est campé par Ibaa Hamli. La jeune réalisatrice est revenue brièvement sur la rencontre des deux interprètes. Plongée rapide dans les coulisses, retour sur des archives photos, évocation de souvenirs lointains et aboutissement sur une rencontre entre les deux interprètes. Un mini– hommage en film qui s’ajoute à un autre rendu à Mouna Noureddine, le 5 juillet 2024, à l’occasion du soixantenaire du FIH.
«Deadline» de Hazem Fenira, «Tapages nocturnes des pensées»
Le spectateur est comme entraîné dans une spirale de peur, d’hésitation, d’espoir, de rêves et de cauchemars éveillés. Le court métrage de Hazem Fenira «Deadline» filme un dialogue entre deux versions de lui-même… qui s’entrechoquent et s’échangent autour de l’avenir. Un avenir post-inscription à cette résidence artistique «Des écrans de Hammamet». Tantôt il se voit propulsé, de renommée internationale, ayant une notoriété fulgurante, tantôt il se voit perdu, paumé, noyé dans un avenir sombre… livré à lui-même et n’arrivant pas à faire décoller sa carrière. Tel un diable et un ange, l’heure est aux doutes ! Une discussion qu’on a voulue plus développée et plus lente entre son soi et son alter–ego malveillant. Sa participation au «Mobile Movie» en dit long sur sa décision finale prise.
«Broova» de Youssef ben Said, «Un amour imaginaire ?»
Gros plan sur le visage admiratif d’un certain Youssef, qui n’a d’yeux que pour l’artiste-chorégraphe qui performe au théâtre. Youssef travaille dans la buvette, quand son regard se pose sur sa dulcinée rêvée, adulée en secret et qu’il souhaite approcher. Commence, alors, une poursuite faite en douceur avec toute la bienveillance du monde, afin qu’il puisse l’aborder. Il la regarde répéter dans une salle de cinéma, traverse les jardins de «Dar Sebastian»… Jusqu’au coup de théâtre qu’il vit sur la plage de Hammamet. Quelques minutes de cet amour imaginaire et adolescent agissent comme un ascenseur émotionnel. Un film court et sensible, bercé par une musique touchante.
«A suivre…» de Farés Lafif, «Prémices d’un docufiction»
Tout un univers sépare le travail administratif et la passion dévorante pour le théâtre… Pourtant, Jamila Chihi, artiste comédienne et fonctionnaire, jongle entre ces deux spécialités. Jamila passe son quotidien à gérer les plateaux de répétitions, les fonctionnaires, les artistes. Pendant les tournées ou les représentations, elle occupe les loges, s’imbibe de savoir, d’arts, de rencontres enrichissantes, s’imprègne aussi du stress des préparatifs, de l’état d’esprit des artistes mais aussi «des équipes de l’ombre». Sa mission consiste à ce que tout se déroule bien ! Dans ce film, Farés Lafif effectue avec son téléphone portable une plongée dans les préparatifs de la pièce de théâtre «L’albatros» de Chedli Arfaoui, lors d’une représentation au festival international de Hammamet. Une journée vécue dans et autour du théâtre de la ville, condensée sur grand écran, en 5 min… L’aboutissement de deux mois de travail dans le cadre des « Ecrans de Hammamet». Le court scénario de Farés Lafif reflète son quotidien, son vécu, ses propres émotions. «A suivre…» a sorti son jeune réalisateur et Jamila Chihi d’entre les murs de l’administration.
«Si Bastien» de Rayen Bedoui, «Discussion d’outre-tombe»
C’est l’histoire du gardien du temple historique de Sebastian… ce lieu, appelé couramment de nos jours «Dar Sebastian». Un gardien de nuit fait une rencontre improbable et surnaturelle avec le fantôme du feu bâtisseur du lieu. Ce dernier fait sa ronde en apparaissant, à l’occasion de son anniversaire, puis disparaît. Se créer alors une interaction des plus insolites entre le gardien, et cette présence de l’au-delà dans l’enceinte de la résidence. Le fantoche en profite pour exprimer sa déception et sa nostalgie quant à l’état des lieux de ce bijou historique et architectural. L’échange devient ludique puisqu’il rappelle l’histoire de la résidence «Dar Sebastian», ses coins et ses recoins. Filmé sur un ton léger et ayant un titre «Si Bastien», à connotation tunisienne, le court métrage passe pour un court hommage insolite à un lieu incontournable.
«Lumières invisibles» de Wiem Rebah, «Au-delà du visible»
Et pas n’importe lequel… il s’agit bien de la scène du théâtre mythique de Hammamet, qui fête ses 60 ans cette année, qui a connu pas moins de 58 éditions du festival et d’autres événements à n’en plus finir, organisés hors festival. La réalisatrice Wiem Rebah, dans son 2e film court, transmet au spectateur les lumières et les sons émanant de cet endroit. De cette scène qui vit au rythme des arts et de ses guerriers de l’ombre, citons techniciens, régisseurs, metteurs en scène, organisateurs, responsables coulisses, administrations… ces faiseurs de spectacles qu’on ne voit pas et sur qui repose le visible, l’artistique. Un film court, qui se laisse écouter et voir. Un film d’ambiance, sensoriel, qui prône le travail de fourmi élaboré «hors caméra» et qui tisse une atmosphère vraie, celle de «derrière la scène».
«Mon double» de Karama Sayadi, «Intergénérationnel»
Une plongée autrement dans les coulisses des performances artistiques. A travers «Mon double » signé Karam Sayadi, le spectateur fait la connaissance de Ferid, danseur – chorégraphe, imprégné par le savoir et la carrière florissante de sa grand-mère. Deux savoirs différents, deux époques à l’apogée, deux vécus sans doute contraires, mais les mêmes ressentis, sensations, réflexes minimes, dans cette même loge, avec son lot de préparatifs. L’existence d’une grande artiste qui fait écho chez son petit-fils. Une parenthèse filmée, celle de l’avant-spectacle, et la rencontre avant le public. Dans les rôles principaux de «Mon double», «Achraf ben Hadj M’barek» et «Nawel Skandrani».
«Le SI, magique d’être» d’Imène Ghazouani, «Quête de soi»
Il s’agit d’une quête nocturne de soi et d’un personnage… effectuée d’une manière effrénée. Dissimulé (e) et se faisant discrèt (e), tel un cambrioleur, elle/il escalade les murs, traverse buissons et arbres, évite de se faire repérer, esquive toutes les attentions et les discussions, jusqu’à atteindre l’amphithéâtre en plein air. Son identité, une fois dévoilée, commence alors un monologue autour du théâtre, plus particulièrement en évoquant le mythe de Médée. Hommage filmé face caméraportable, à des personnages incontournables et des interprétations marquantes qui ont dû enrichir auparavant l’histoire du festival international de Hammamet, des décennies durant.
«Les écrans de Hammamet» dans sa première édition se poursuit jusqu’au 11 août. Toute la résidence artistique s’est faite sous la supervision du réalisateur Brahim Letaief. Khedija Lemkacher et Hamza Ouni, deux scénaristes et réalisateurs, ont mené à bout la phase «écriture des scénarios» avec les 8 participants. Les projections des courts métrages en compétition se font dans l’enceinte du théâtre plein air de la ville. Le public peut noter les films après chaque projection pour contribuer à élire le gagnant. Les séances de nuit commencent par la projection des courts inédits, suivis d’un ancien court et d’un ancien long métrage tunisiens. Un débat clôture les soirées cinéma des «écrans» qui rappellent une ancienne tradition estivale à Hammamet, celle de visionner des films à la belle étoile. Les festivaliers ont pu assister à des conférences et débats variés chaque matin à partir de 11h00 en présence de différents réalisateurs et invités pour parler d’arts vidéo, de comment réaliser des films à petit budget, ou de rencontre autour du parcours de Salma Baccar ou de Moncef Dhouib. Les moments visuels forts restent sans doute les jeux de lumière, les jeux de réalité virtuelle la Ciné Box, avec un visionnage et des activités pour les enfants. «Frame», l’installation d’art visuelle collective à la maison Sebastian reste accessible au grand public chaque après-midi. Nous y reviendrons !
Le plus souvent, les expositions fleurissent au printemps, et, au gré des promenades, souvent, on peut tomber sur des découvertes. Véronique Engels, artiste peintre, a transformé la galerie Alain-Nadaud, le temps d’une exposition de ses œuvres, dans un jardin poétique et imaginé. Par ailleurs, l’exposition itinérante, à caractère urbain, autour de la ville d’Hammam-Lif, poursuit son chemin jusqu’à octobre 2024.
«Hammam-Lif, mémoire vivante d’une ville aux mille visages»
Qui serait plus efficace qu’une exposition photographique, en images d’archives et en légendes, afin de raconter autrement une ville historiquement riche ? C’est dans le hall de l’Institut français de Tunisie que l’exposition didactique autour de la ville d’Hammam-Lif s’est tenue en premier, avant de se déplacer… sur le Grand-Tunis, se rendant ainsi accessible aux étudiants et aux habitants de la ville concernée, joyau historique de la banlieue sud de la capitale.
Une ville, qui, dans le temps, fut la destination préférée du Bey. Mi-montagneuse – mi-côtière, elle a longtemps été ornée d’habitats, et de lieux qui racontent l’histoire de la Tunisie sous le colon, et bien avant. Des édifices et coins emblématiques, pour la plupart désertés, détériorés, pas conservés. Elle allie différents styles architecturaux. Le travail a été accompli sous la houlette des deux commissaires, Leila Ammar et Mme Nawel Laroui. Avec leur équipe, elles se sont basées sur les travaux de recherches de chercheurs, enseignants, architectes, paysagistes, urbanistes, experts.
Le rendu final est édifiant : il raconte le passé d’une cité et éclaire aussi sur son avenir menacé. M. Jelal Abdelkafi, Mme Nabila Bakli, Mme Hanène Ben Slama, Mme Cyrine Bouagila, Mme Saloua Ferjani, Mme Baya Labidi ont prêté main-forte afin de réaliser ce travail, mené à bout grâce à leur implication. Patrimoine architectural, paysages naturels, urbanisation et enjeux liés à la menace climatique sont racontés à travers ce travail, visible encore au public, du 23 mai au 28 juin à l’Ecole nationale d’architecture et d’urbanisme (Enau) de Tunis. Du 30 juin au 15 octobre à la municipalité d’Hammam-Lif, et à partir du 15 octobre dans les écoles, collèges et lycées de la ville.
«Regarde !» de Véronique Engels
Fusionner influences poétiques et sa propre peinture dans une galerie aussi connue que celle d’Alain Nadaud, Véronique Engels l’a fait ! «Regarde !», sa dernière exposition en date, organisée à Tunis, a attiré plus de 400 visiteurs (hors vernissage !) sur une douzaine de jours. Nous approchons d’un finissage réservé aux retardataires et n’avons pu résister afin de nous laisser emporter par le vert, qui prime dans tout l’espace et sur deux étages. Tel un jardin, l’espace abrite différentes peintures hautes en couleur. Un travail pictural, habité par des chats (en référence à Colette, figure littéraire incontournable) et de citations, y compris celles de Mahmoud Darwish.
L’artiste fait référence aussi aux miroirs, qui provoquent émerveillement. Elle mentionne les fauteuils intégrés, les plantes, et autant d’éléments qui constituent une forêt. Une ambiance autre ! «Le parallèle avec Darwish était évident pour moi : un clin d’œil à l’Orient qui fait partie de mon existence, de mes voyages. C’est le poète de la nature du quotidien : il détourne les maux du monde avec des mots d’amour et de poésie. Colette manie la langue d’une manière simple et singulière». Cite Engels lors d’une visite de la galerie. Zeineb Henchiri, alias Zou Vitamine, a prêté sa voix aux passages audio de Colette et de Darwish. Fayçal Karray a signé la scénographie. Véronique Engels espère rendre son travail itinérant afin de le faire parvenir un plus grand nombre de personnes, surtout en dehors de la capitale.