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« Le corps et ses fantômes » de Dalanda Manai : L’esthétique du négatif
REVIEWS & CRITIQUES12 / 8 / 2025

« Le corps et ses fantômes » de Dalanda Manai : L’esthétique du négatif

Curieux et visiteurs se sont laissé happer par une esthétique photographique nouvelle, signée par l’artiste Dalanda Manai. A travers ses prises, elle a habité le lieu pendant plus d’une quinzaine de jours, permettant ainsi à un large public de découvrir son travail distingué autour de négatifs photographiques à l’espace HAC de Hammamet.


C’est par l’effet attractif des négatifs colorés que les passants se laissent séduire par les tableaux photographiques. Plus d’une vingtaine d’œuvres ont orné les murs de cette nouvelle galerie «FineArt». «Le corps et ses fantômes», tel est l’intitulé de l’exposition de Dalanda Manai, fait écho à son contenu.


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Une présence féminine lambda, qui ne laisse pas indifférent, habite les différents tableaux, aux divers formats. Son corps est au centre de tous les lieux visibles. L’artiste met en valeur ce corps féminin, décomplexé, criant de liberté, avec sa nudité, transformée par l’effet coloré des négatifs. Son personnage central, une jeune femme, au centre de toutes les prises, apparaît et disparaît dans d’innombrables endroits. L’inconnue est en osmose avec elle-même, la végétation, la chambre ou le bestiaire, visibles au fil des prises.


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Elle erre d’un lieu à un autre, comme une lumière qui se faufile, en alternant apparitions et disparitions. La matière chimique, celle du négatif, fusionne avec la biologie du corps féminin et donne lieu à une écriture esthétique inédite. Le travail photographique effectué est puisé dans une mémoire, un passé, qui allie mise en valeur corporelle et lumière. Une lumière qui illumine cette présence féminine centrale,qui émane de ce même corps. Elle brille dans un lieu clôt, comme dans une chambre à coucher, et épouse la nature, en plein air. La jeune femme court, s’étend, contemple et se laisse capturer.


L’exposition fait du corps photographié une source inépuisable de lumière : un corps qui irradie tout dans ses moindres mouvements, l’effet «apparition / disparition» qui raconte le temps furtif et fige, mouvements et moments, sans oublier, «L’être immobile», qui traverse les lieux fermés et la nature, l’intérieur et l’extérieur, tout en s’imprégnant de nombreuses couleurs, reflet de l’effet négatif. L’exposition prend fin le 7 décembre 2025 à l’espace HAC «Hammamet Art & Culture», un nouveau temple des arts de la région, ouvert au public, et qui programme expositions, ateliers artistiques, théâtre, conférences et projections de films.


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« Le corps et ses fantômes » de Dalanda Manai : L’esthétique du négatif
Zied Bakir, auteur de « La naturalisation » (Les éditions Grasset) : « L’écriture et la vie peuvent se confondre »
ENTRETIENS11 / 5 / 2025

Zied Bakir, auteur de « La naturalisation » (Les éditions Grasset) : « L’écriture et la vie peuvent se confondre »

Zied Bakir fait paraître un roman au titre évocateur « La Naturalisation » aux éditions Grasset, en vente en France et en Tunisie. L’auteur était en tournée de promotion aux instituts français de Tunisie. Il raconte, à travers son roman, une quête d’appartenance et trace le parcours d’un exilé, qui oscille entre rêves et illusions, tout en questionnant ses origines. «La Naturalisation» raconte le vécu de nombreux exilés sur un ton grave et humoristique. Ce mélange des tons fait la force de son récit. Dans cet entretien, Zied Bakir nous dévoile les dessous de cette parution.


« Votre roman «La Naturalisation» (paru aux Editions Grasset en 2025) raconte l’errance, les galères, la quête d’appartenance d’un jeune Tunisien venu en France. Qu’est-ce qui a déclenché l’écriture de « La Naturalisation » ? Y-a-t-il eu un événement personnel, un moment précis, qui vous a donné envie d’écrire ce roman et de le faire paraître ?

Mon aventure libyenne qui m’avait inspiré «L’amour des choses invisibles» (Grasset, 2021). Chez moi, la pratique de l’écriture va de pair avec la vie. L’une nourrit l’autre et inversement. C’est alors que j’ai songé à me faire naturaliser français, pour des raisons pratiques donc. En même temps, j’essayais d’écrire un nouveau livre mais je ne savais pas quelle direction prendre. L’idée de la naturalisation m’a donné une piste à explorer. Ce titre s’est imposé à moi et cela m’amusait par avance de publier un roman qui s’intitule « La naturalisation » et d’obtenir ma naturalisation. L’écriture et la vie peuvent alors totalement se confondre !


Le personnage principal possède – t- il des aspects de vous-même ou est-ce un personnage totalement fictif ?

Oui, c’est un alter ego, un double littéraire. Un reflet dans un miroir déformant. Je fais de l’autobiographie romancée, donc forcément il y a un peu de moi dans mes personnages, et pas seulement celui du narrateur que j’ai nommé par goût de la provocation et de la philosophie ; si on le décortique il dit beaucoup de choses. La question que je pose c’est quelle place pour l’individu (libre et marginal) dans la société ?


Le récit commence en Tunisie en 1987, avec un acte rituel (la circoncision) qui fait écho à la prise de pouvoir de Zine El Abidine Ben Ali. Pourquoi partir de ce contexte historique ?

Il s’agit de deux souffrances historiquement concomitantes: la circoncision douloureuse du narrateur, enfant, et la destitution de Bourguiba. Deux dates charnière dans la vie de deux citoyens tunisiens qui, a priori, n’ont rien à voir l’un avec l’autre mais qui sont fortement liés. Bourguiba est le fondateur de la Tunisie moderne, pourtant l’enfant Elyas, une fois grand, va quitter son pays. Le rituel de la circoncision est censé ancrer l’homme dans une identité, une culture. Or, rien n’est figé, ni le pouvoir ni la tradition. Tout peut être remis en cause un jour ou l’autre.


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Le titre « La Naturalisation» (qui évoque la nationalité, l’intégration) est à forte résonance : comment l’avez-vous choisi ? Qu’est-ce qu’il évoque chez vous ?

C’est là une question qui peut se poser à tout immigré lors de son parcours : se faire naturaliser ou pas ? Devenir citoyen de son nouveau pays, cela peut être l’aboutissement d’un parcours d’intégration, sans doute combler un besoin d’appartenance, ou bien comme je l’ai dit pour des raisons purement pragmatiques, etc. On peut aussi s’amuser de l’affaire : contrairement aux animaux qui se font naturaliser à leur mort, les immigrés se font naturaliser de leur vivant, c’est même le début d’une nouvelle vie pour eux. Naturalisés, les animaux gardent l’apparence du vivant, tandis que les «nouveaux citoyens» gardent l’apparence de quelque chose qui a peut-être disparu ? Mais arrêtons de comparer les immigrés aux animaux, cela n’est valable que pour moi. (Rire)


Quelle relation avez-vous souhaité explorer entre identité, statut, nationalité ?

Ce sont des fictions créées par la société, parfois imposées, parfois difficiles à porter, parfois source de fierté, voire de sentiment de supériorité, et ça peut devenir dangereux. J’essaie justement de prendre du recul face à ces croyances. Pourquoi ne pas les dépasser? J’invite mon lecteur, implicitement, à s’élever vers un monde plus harmonieux et plus égalitaire sans pour autant renoncer aux particularités de chacun.


Pourquoi mêler le comique, l’absurde et le drame ?

Parler de choses graves avec légèreté (et son contraire) est un style d’écriture qui m’intéresse et que j’explore. L’ironie est un bon remède face à l’absurdité de la vie, et l’humour noir, c’est ma lanterne pour ne pas me perdre ni devenir fou. Comme dit le proverbe tunisien «Kothr el hamm y dhahak». Mais si j’avais un slogan de romancier, ce serait plutôt cette citation, en anglais : «Take a sadsong and makeitbetter» d’une célèbre chanson des Beatles. Je crois et j’espère qu’elle résume ma manière d’écrire.


A qui s’adresse ce livre ? A un lectorat tunisien ? Francophone ? « Migrants » ? Ou tout simplement à « ceux qui se sentent métis d’appartenance»?

Tous les livres s’adressent à ceux qui les lisent. Ce sont des bouteilles à la mer, sans adresse. Certes, beaucoup de migrants prennent la mer…


Y-a-t-il un “avenir” pour Elyas, votre personnage principal ?

Curieusement, et sans l’avoir prémédité, je me suis rendu compte que mon précédent roman «L’amour des choses invisibles», pourtant paru avant, pouvait être une suite pour «La naturalisation», d’autant plus que le narrateur de ce roman (L’amour des choses invisibles) n’a pas de nom : c’est peut-être lui qui, cette fois, avance incognito ?


Zied Bakir, auteur de « La naturalisation » (Les éditions Grasset) : « L’écriture et la vie peuvent se confondre »
Faten Fellah, fondatrice du magazine « Sens » : « L’accompagnement des artistes est primordial »
ENTRETIENS10 / 31 / 2025

Faten Fellah, fondatrice du magazine « Sens » : « L’accompagnement des artistes est primordial »

Faire paraitre un magazine en format papier en 2025 est un pari risqué, amplement mené par sa fondatrice Faten Fellah. « Sens », tel est son titre, est une revue bilingue, en arabe et en anglais consacrée à la scène artistique et visuelle, en Tunisie, en Afrique du Nord et dans le monde arabe. Une scène sans cesse en ébullition. Biannuelle, épaisse, et conçue en papier « écoresponsable », ce premier numéro a vu surgir des plumes nouvelles, des critiques et des journalistes connus. La volonté de fer de sa fondatrice et de ses contributeurs a donné naissance à ce support, qui a tous les atouts pour devenir une référence durable. Faten Fellah, sa jeune fondatrice, nous dévoile les dessous d’une aventure.


Vous avez un parcours éclectique, qui n’a pas forcément de lien direct avec les arts et encore moins avec le journalisme culturel, pourtant vous avez réussi à faire paraitre «Sens», consacré à l’art contemporain et à diverses disciplines. Quel est le point déclencheur qui vous a permis de mener à bout ce projet rédactionnel prometteur ?


Le projet a été pensé en 2021. En 2022, je commençais concrètement à tâtonner, et à donner vie à ce magazine. Tout a commencé quand je me suis retrouvée spontanément entourée d’artistes issus de différentes disciplines, spécialement ces artistes de graffitis, adeptes des fresques murales extraordinaires, esquissées dans les rues. J’observais, discutais, échangeais avec elles et eux, je prenais des notes et en ligne je publiais les informations les concernant, en ajoutant des photos attractives. J’aimais beaucoup faire cela, et au fur à mesure, grâce à la magie du digital, indirectement, je m’étais retrouvée à les valoriser, à les mettre en lumière, sur les réseaux sociaux principalement. Ce que je faisais leur procurait du bonheur, de la satisfaction. Des images, en passant par le texte, et en faisant appel au design, le travail a finalement pris vie et m’assurait une reconnaissance infinie. Je me suis rendue compte qu’on n’avait finalement pas de support, ni de magazine qui traite du monde artistique dans le Sud, tellement vaste et riche. Un manquement à la rédaction qui m’a finalement poussée à m’y mettre durablement et sérieusement.


L’idée s’est donc imposée via un concours de circonstances. Comment la concrétisation a-t-elle sérieusement commencé ?


Je m’étais directement lancée à la recherche de programmes d’incubation, d’appels à candidature dans des formations, lancés par des fondations qui œuvrent pour la pérennité des projets naissants, impactants, tous domaines confondus. Mon projet était le seul à vocation artistique. Difficilement, j’ai dû batailler pour l’expliquer, le présenter, insister sur la nécessité d’accompagner les artistes. Je m’étais focalisée sur la faisabilité des études de marché, le financement et grâce à des structures qui m’ont formée, «Verd’art / Sens» a vu le jour, en dépit des réticences de quelques incubateurs et spécialistes, qui ne se disaient pas spécialistes dans des projets à vocation artistique, et incapables de garantir la réussite du projet. Je l’ai défendu, en commençant par le rendre visible en ligne, avant la version papier qui a vu le jour bien après. L’accompagnement accompli auprès des artistes a commencé bénévolement en faisant des portfolios, de la curation, du management, à trouver des espaces où travailler… etc. Je tenais à les accompagner, avant toute chose. Je faisais au début de l’intermédiaire, ce qui a abouti à la parution de «Sens». Des artistes en herbe ont même réussi à vendre leur premier tableau dans le cadre d’une exposition. Je les prends sous mon aile, et je les soutiens et ça a rapporté ses fruits.


Quand vous avez approché les artistes, au départ, vous faisiez tout sauf du journalisme. Pourtant, 4 années après, un magazine est né, et actuellement, il est en vente dans tous les kiosques. Vous auriez pu suivre une autre voie.


L’effet du digital. On était très visibles. Il y a eu beaucoup d’interactions, de l’intérêt exprimé, une communauté commençait à prendre forme, un audimat, ou lectorat, était très présent, visible : la base était là, palpable en ligne, pour permettre à un magazine en papier de voir le jour. Des professionnels offraient leur collaboration spontanément. Celle de la photographe et documentariste algérienne, Wafaa Soltane, était mémorable, utile. Ensemble, nous avons travaillé sur un sujet pertinent autour du «football dans les terrains vagues ». Une mission qui a duré 2 semaines ! Elle faisait des prises et nous écrivions. A ce stade-là, on avait réussi à faire publier un livre photo avec une exposition. Mon premier test dans le monde de l’Editing a été effectué avec succès suite à cette rencontre. Je fais appel à des collaborateurs momentanés, un traducteur, et à une dizaine de rédacteurs. «Sens» est distribué dans les galeries, librairies, fondations en Tunisie, et je l’exporte en Europe et dans le monde arabe. Sa parution a suscité de l’intérêt à l’étranger. La revue fait clairement écho.


Pourquoi ce choix de le faire paraître en arabe et en anglais ?


Pour mieux cibler l’univers des arts dans le monde arabe. Assumer ce choix, c’est reconnaître notre langue arabe. L’anglais est très important de nos jours, primordial même. A travers ces deux langues, un contenu de qualité a vu le jour. Il annonce l’actualité des acteurs culturels, des structures, avec leur contribution, nous sommes à l’affût de l’information. En 2 ans, faire paraître un magazine garni, c’est important. Nous prenons le temps nécessaire pour créer un contenu de qualité.

Faten Fellah, fondatrice du magazine « Sens » : « L’accompagnement des artistes est primordial »
Première édition de Kotouf à Djerba : Cap sur les littératures du Sud
REPORTAGES10 / 20 / 2025

Première édition de Kotouf à Djerba : Cap sur les littératures du Sud

Houmet Souk vibre autrement en ce mois d’octobre, avec le lancement de la première manifestation littéraire francophone, consacrée aux littératures du Sud. Sobrement appelée Kotouf, ces rencontres incitent à la cueillette d’un savoir et à des échanges édifiants, en présence d’une quinzaine d’écrivains francophones, internationaux et tunisiens.


Il s’agit d’une édition pilote qui a pris plus de 2 ans à voir le jour. Dirigée par un comité exclusivement féminin, porté par la volonté des Djerbiens, d’acteurs locaux, de journalistes, et en présence d’écrivains de renommée internationale, Kotouf promet une nouvelle dynamique culturelle dans la région, inclusive, et qui a, comme objectif, de mettre en relief la richesse incommensurable du Sud global. Le Sud et ses diverses langues, dialectes, richesses.


Point de départ et d’ancrage


Il était important pour les fondatrices du festival de décentraliser la pensée, loin des grandes villes, des capitales et du nord. Djerba est une destination insulaire, à la culture millénaire, traversée par de nombreuses cultures toutes aussi riches les unes que les autres. Dans l’imaginaire commun, elle est balnéaire, touristique, célèbre pour son tourisme de masse. La richesse de cette destination, nouvellement inscrite dans le patrimoine de l’Unesco, n’est pas assez mise en valeur.


Cette plongée Kotouf a pour objectif de valoriser la culture sur l’île, la gastronomie ou encore l‘aspect historique. Marielle Anselmo, enseignante, chercheuse, poétesse, Sourour Barouni, professeure d’anglais, doctorante, Mounira Dhaou, agrégée en langue et littérature arabe, chercheuse et Fatma Dellegi Bouvet-de la Maisonneuve, écrivaine, médecin- psychiatre, ont travaillé dur afin de concrétiser leur initiative.


En arpentant le centre de la ville, ses souks, jusqu’à l’arrivée au Centre culturel méditerranéen de la ville, jeunes bénévoles, festivaliers et invités se mélangent et tracent leur programme. Littérature rime avec savoir et connexion avec les élèves des établissements scolaires de la région. Un arrêt à l’école «Nouvelles générations», fondée en 2018, devait impérativement se faire. Corps enseignants et élèves échangent autour de la question de l’écrit et de l’oralité, à travers l’usage de la langue française.


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Les élèves-adolescents discutent de quelques débouchés professionnels et spécialités qui suscitent la curiosité : Qu’est-ce qu’être journaliste spécialiste en presse écrite ? Quel pouvoir possèdent la caricature, l’illustration, l’image, le dessin ? Qu’est-ce que faire de la radio en langue française dans un pays comme la Tunisie ? Autant d’interrogations qui permettent à la discussion de foisonner, notamment avec les professeurs présents sur place.


Houda ben Yahia est Dre en psychologie clinique de l’enfant, psychologue clinicienne, souligne, à travers sa prise de parole, l’omniprésence de l’écriture et de l’oralité, à travers l’existence humaine. Le besoin de communiquer a toujours perduré et existé à travers différents canaux. La communication est le fondement même du savoir civilisationnel, et elle ne cesse de muter.


«C’est une continuité de l’histoire. Laisser des traces à travers l’écriture, la littérature, les symboles, le dessin, c’est écrire l’histoire ! Et plus récemment à travers Kotouf, les organisatrices font un focus sur le Sud Global et sa littérature. Une édition, qui, de plus, est organisée par des femmes qui écrivent». Rappelle la docteure en se référant aux femmes écrivaines longtemps pourchassées, invisibilisées, pendant des siècles, juste parce qu’elles écrivaient ou qu’elles osaient s’exprimer, souvent sous des noms masculins d’emprunt.


L’école sensibilise les élèves à l’appartenance, à l’identité et à leurs cultures. Souvent, ils appartiennent à une double culture. L’enseignement y est destiné pour les forger, en supprimant les notions eurocentrées. Un objectif qui rejoint la ligne du festival naissant en cours.


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Focus ibadite et artistique


Une visite à la mosquée Louta s’est déroulée dans le but de valoriser le patrimoine historique de l’île. La mosquée Louta (ou «Jemaa Louta ») est un des monuments historiques les plus attractifs de l’île. Elle est aussi appelée la «Mosquée souterraine» et se trouve entre Ajim et Houmet Souk.


Cet édifice religieux historique date probablement des XIIe ou XIIIe siècles. Partiellement enterré, il se distingue par son architecture discrète, sobre, construite avec deux coupoles émergeant du sol, avec un accès via un escalier raide. Appartenant à la tradition ibadite, la mosquée aurait servi de lieu de culte secret ou de refuge en temps de conflits. Bien, que désaffectée aujourd’hui, elle a été restaurée en 1990 puis en 2019, et fait désormais partie du patrimoine mondial de l’Unesco.


Le vernissage événement à Djerba a eu lieu dans la soirée du 16 octobre à l’Alliance Française de Djerba. «Berbérités, des origines aux influences » de Pierre Gassin est une exposition de 40 photographies qui tracent les cultures berbères du sud tunisien, leurs traditions, leur spiritualité et la manière dont ces héritages se sont transformés et mélangés, au fil du temps. Le photographe français, vivant à Kerkennah met en lumière, à travers ses prises, tout un patrimoine fait de symboles, de gestes du quotidien, de pratiques communautaires. L’exposition dure jusqu’au 16 novembre 2025.


Photos de : Wided Zoghlami


Pierre Gassin


Groupe Scolaire Nouvelles Générations

Première édition de Kotouf à Djerba : Cap sur les littératures du Sud
Première édition de Kotouf à Djerba : À Kotouf, les dialogues fusent
REPORTAGES10 / 20 / 2025

Première édition de Kotouf à Djerba : À Kotouf, les dialogues fusent

Les festivaliers sont accueillis par un rassemblement de jeunes élèves au Centre culturel méditerranéen de Djerba. En guise d’inauguration, musique et rencontres ont fleuri le temps d’une matinée, avant de céder les lieux à des cercles de réflexion, des discussions et des tables rondes autour de thématiques d’actualité. Ecrivains tunisiens et étrangers partent à la rencontre d’un public diversifié.


Un défi pour le comité organisateur du Kotouf, dont le but est de toucher un maximum de visiteurs. Pari gagné ! La salle centrale du lieu est pleine. Discussions successives, vente de livres, rencontres au sommet rythment cette première journée. Le festival des littératures du Sud commence au gré des activités.


Un foisonnement de récits


«Nord / Sud : quelles écritures ? », tel était le thème principal de la première table ronde modérée par l’universitaire Sonia Zlitni Fitouri, entourée de l’écrivaine et journaliste libanaise Georgia Makhlouf, Faouzia Zouari, écrivaine, et Mohamed Mahjoub, professeur émérite spécialiste en philosophie. Les deux écrivaines se retrouvent à la jonction de deux cultures et des deux langues, puisqu’elles vivent entre deux rives, ou entre deux pays : Liban / France ou France / Tunisie. Comment arrivent-elles à se retrouver dans cette dynamique à travers l’écriture ?


Le rapport à la mémoire, à l’histoire et au temps a été décortiqué. L’exil était également au centre de l’échange. « Quand je rentre en Tunisie, il m’arrive de me sentir exilée, face aux changements qui peuvent avoir lieu dans mon propre pays », indique l’écrivaine. « Après le 7 octobre, ce sentiment d’’’étrangeté’’, quand j’écoute le discours des médias, surgit en France. Pareil après les chamboulements post 7 octobre. Le sentiment d’exil prend forme aussi ».


Dr Mohamed Mahjoub est revenu sur le rapport entre littérature et philosophie en soulignant son rapport à la langue arabe et française, l’interférence des deux langues, tout en ajoutant le dialecte tunisien. Georgia Makhlouf poursuit : «Je n’écris plus de la même manière depuis le 7 octobre 2023. Ai-je la légitimité nécessaire pour le faire ?». Les mêmes thèmes reviennent quand il s’agit d’écriture du Sud : la femme, l’exil, la guerre. Des motifs récurrents : doit-on les éviter, les traiter autrement ou renouveler leur écriture ?


Ecrire l’amour

La table ronde suivante, modérée par la journaliste Emna Louzyr, était enrichie par les interventions d’écrivains femmes et hommes de lettres comme Lotfi Chebbi, Emna Belhaj Yahia, Hafidha Karabiben ou Nemrod. Si l’amour est un sujet qui a été mille fois abordé par les auteurs, il n’en demeure pas moins vrai que la réflexion autour de ce thème ouvre de nouvelles fenêtres et permet de questionner ce « déjà-lu, déjà-vu».


Chaque auteur présent à cette table ronde a été invité par la modératrice pour proposer sa définition de l’amour. «Les écrivains s’approprient les mots, les inventent, comme Rabelais, Céline, Hugo et les réinventent», ajoute Emna Louzyr. Ainsi, les invités sont partis à la découverte du concept amoureux, si différent d’un auteur à l’autre, et au fil des influences et de leurs écrits.


L’insularité et la littérature des îles ont été au centre d’un échange dans la matinée du 18 octobre 2025, 2e jour de la manifestation littéraire. Animée par Zouhour Bessrour, la rencontre a permis aux écrivains Lise Gauvin, Jean Luc Raharimanana et Fethi Ben Maâmer de prendre amplement la parole.


« Hikayet » ont permis au public de prendre part à des échanges, plus étroits, avec les écrivains présents autour de thématiques nombreuses et d’actualité. « Le parlement des écrivaines francophones » a clôturé la première journée par une lecture musicale en présence de 8 écrivaines francophones. Le virtuose Tarek Torjet les a accompagnées en musique pendant une quarantaine de minutes, ajoutant ainsi de la musicalité à de nombreux extraits tirés de leurs propres écrits.

Première édition de Kotouf à Djerba : À Kotouf, les dialogues fusent
Fatma Dellagi-Bouvet de la Maisonneuve, écrivaine et psychiatre : « Décentraliser la pensée est une nécessité ! »
ENTRETIENS10 / 15 / 2025

Fatma Dellagi-Bouvet de la Maisonneuve, écrivaine et psychiatre : « Décentraliser la pensée est une nécessité ! »

C’est du 16 au 19 octobre 2025 qu’auront lieu les rencontres et festivités autour du « Kotouf du sud, festival de littérature du sud » à Djerba. Une flopée d’invités et écrivains de renom sont déjà sur place, prêts à participer au démarrage de cette initiative, lancée par 4 femmes de lettres engagées et déterminées à entretenir le dialogue autour des écritures du monde, plus précisément celles du « Nord / Sud ». La littérature francophone est célébrée dans sa première édition, en plein centre de l’île. Ce même lieu qui, 3 ans plus tôt, a accueilli le « Sommet mondial de la Francophonie ». Le comité directeur est féminin et composé de Mounira Dhaou, Marielle Anselmo, Sourour Barouni, et Fatma Dellagi–Bouvet de la Maisonneuve. Cette dernière nous dévoile en deux temps les coulisses de cette manifestation internationale prometteuse.


Quelle a été l’étincelle qui a permis au festival « Kotouf du sud » de voir le jour ?


Je me suis toujours intéressée à la décentralisation de la pensée. Décentraliser la pensée est une nécessité ! Je trouve que nos références intellectuelles, littéraires, philosophiques sont trop souvent occidentalo-centrées. Du fait que je suis originaire d’Afrique et que je vis en France m’a permis de réaliser qu’en Europe, aucune référence arabe ou africaine n’existe : quand on parle de l’Europe, on évoque l’Occident, et on ne parle pas de références du sud, des féministes, militants asiatiques, latinos, africains, arabes. J’ai toujours été sensible à cela, à cet écart. Je me suis donc mise à écrire mes essais, mes romans, autour de cette question.


Pourquoi avoir choisi Djerba pour le faire ?


Au fil du temps, j’ai pensé faire de la Tunisie un point d’ancrage où on pourrait échanger autour de ce sujet. Notre pays est adapté et on y véhicule de très nombreuses cultures. En Tunisie, on ne met pas assez en avant nos cultures, richesses, architectures, archéologies, musées, et savoir. Nous vivons dans un carrefour qui mérite d’être beaucoup plus connu et ce festival de littérature nous a paru, avec l’équipe organisatrice, essentiel à maintenir dans cette île aux traditions ancestrales. Nous ne vendons pas assez ce que nous possédons comme richesse matérielle et immatérielle. Une initiative pareille le permet. Avec Sourour Barouni, Marielle Anselmo et Mounira nous y travaillons depuis 3 ans et le temps est venu d’accueillir cet événement, déjà attendu. Notre union féminine a vu le jour spontanément.


Pourquoi « Kotouf » et quel impact espérez – vous ?


Les « Kotouf du sud », c’est les cueillettes (en langue arabe) de la pensée, de ce qui est précieux et rare. Ensemble, nous allons procéder à cette cueillette fructueuse. Nous aimerions créer un impact, mettre la littérature au centre de notre vie, de notre existence avec les invités mondialement connus, à travers nos rencontres et présentations, d’exercer notre intelligence, de dialoguer entre générations et de s’adresser aux jeunes de l’île. Des lycéens, étudiants, élèves répondront présent. Les histoires « Hikayet » alimenteront les activités de la manifestation que vous pouvez découvrir en détail sur nos réseaux sociaux. Nos tables rondes sont solennelles, et se passeront dans un amphithéâtre. Dans un festival, il n’y a pas de temps mort : Dans Kotouf, il y aura des intermèdes musicaux, des musiciens, cuisine djerbienne, composition de musique malgache, des lectures performées et musicales. Une lecture théâtrale aura lieu avec des élèves. Des invités comme Faouzia Zouari, Hassanine ben Ammou, Nadia Khiari, James Noël, Georgia Makhlouf, Jean – Luc Raharimanana, Emna Belhaj Yahia, Ananda Devi, Tanella Boni, Lotfi Chebbi, Nimrod Bena, Walid Hajar Rachdi, Lise Gauvin, Hafidha Karabiben, Mohamed Mahjoub et plein d’autres. Seize écrivains internationaux et nationaux seront présents : bédéistes, poètes, romanciers, tout en prenant en considération la parité des langues.

Fatma Dellagi-Bouvet de la Maisonneuve, écrivaine et psychiatre : « Décentraliser la pensée est une nécessité ! »
«Mon espoir… Ma douleur» de Naoufel Azara : Cultiver l’espoir sur scène
REVIEWS & CRITIQUES10 / 2 / 2025

«Mon espoir… Ma douleur» de Naoufel Azara : Cultiver l’espoir sur scène

«Mon espoir… Ma douleur», dernière création en date signée Naoufel Azara, entame un nouveau cycle de représentations à l’occasion de la rentrée culturelle et artistique de 2025. La scène d’ «El Teatro» arbore les couleurs de la Palestine et dénonce atrocités et sévices commises par l’Etat israélien colonisateur. Avec 120 acteurs en devenir sur scène, le metteur en scène cultive un devoir de mémoire.


Un génocide, c’est l’effacement d’un peuple, son histoire, sa culture. Le théâtre a pour vocation première d’entretenir l’aspect historique, la mémoire collective, sensibiliser, inciter à la réflexion, interroger l’époque, ou plus simplement relater des faits anciens et d’actualité. Le 4e art est, par essence, «engagé».


Le metteur en scène, en collaboration avec Amel Laouini, Yousra Ammouri, et sous l’égide artistique de Taoufik Jebali, partage une vision, une interprétation de l’actualité palestinienne et de son passé, avec l’engagement de 120 participants – acteurs. De nombreux actes scéniques défilent mais ne se ressemblent pas. Ils ont comme fil conducteur la Palestine, d’hier / d’aujourd’hui et son patrimoine culturel. La création est traversée par des œuvres littéraires, des textes, de la chanson et de la littérature arabes, ponctuée de poésie et d’effets visuels.


L’hommage aux artistes et auteur(es) palestiniens prend forme sur la scène d’El Teatro sur 1h15 de temps. Au fil des groupes d’acteurs, des scènes de bataille, de vie, de luttes et de faits reconstitués prennent vie. Dans cette foulée scénique, des chansons retentissent, des lettres défilent, de la poésie ancienne ravive la mémoire, et des visuels nourrissent les yeux.


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Les faits évoqués se confondent forcément aux noms mythiques qui transcendent les générations : Fadwa Touqan, Mahmoud Darwish, Ghassan Kannafi, Jabra Ibrahim Jabra, Samih Al Kassem, Tamim Al Barghouti, sans oublier la chanson contemporaine et ses porteurs d’espoir tels que Faraj Suleiman, Camelia Jubran, Rim Banna, Nay Barghouti ou encore Lina Makhul.


Le titre de la création prône l’espoir collectif, puisé dans la douleur et le chaos. Les mots et les arts se confondent aux maux profonds d’une patrie résistante. 120 participants sur scène se sont engagés à porter de nombreuses voix palestiniennes, ont mis en pratique leur savoir autour de cette cause humaine. Les dialogues retentissent en langue arabe, entrecoupés par des intermèdes musicaux. De nombreuses apparitions traversent la scène, parfois éloquentes, souvent confuses.


Des interprétations courtes, mais qui interpellent, s’enchaînent. La création, produite par «El Teatro», est un hommage d’actualité rendu à une patrie, qui oscille entre la vie et la mort. Mention spéciale à la centaine d’acteurs participants à ce projet qu’on ne pourrait énumérer toutes et tous.



«Mon espoir… Ma douleur» de Naoufel Azara : Cultiver l’espoir sur scène
« Instants suspendus » de Sadok ben Salem à Hammamet : Au gré d’une passion
REVIEWS & CRITIQUES9 / 13 / 2025

« Instants suspendus » de Sadok ben Salem à Hammamet : Au gré d’une passion

Les passants semblaient happés par les photographies exposées à l’espace Sidi Ben Aïssa à Hammamet. Soigneusement prises par Sadok Ben Salem, elles témoignent de sa passion pour la ville en écumant ses coins les plus connus, en figeant son golfe avec son mythique coucher de soleil et son activité de pêche quotidienne.


Présentées sous différents formats, les photographies de Sadok Ben Salem attirent des visiteurs curieux. Les scruter sur les murs de l’édifice historique Sidi Ben Aïssa du centre-ville… c’est redécouvrir la ville autrement. Sadok Ben Salem a fait une carrière dans l’enseignement avant de se consacrer à la photographie. Une passion qui est née par hasard, en maniant téléphones, logiciels et réseaux sociaux. « Instants suspendus » est sa 2e exposition solo maintenue sous le patronage de l’ASM, Association de sauvegarde de la Médina.


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A travers ses prises, le chasseur d’images magnifie autrement la ville, en captant son heure dorée mythique, ses arbres, la quiétude de ses moments hivernaux, les remparts de son fort et ce qui reste de l’architecture typique propre à la ville, celle qui caractérise encore quelques constructions anciennes. S’adonner à cette activité, c’est exprimer son amour pour sa ville natale perpétuellement.


Dans un coin de l’espace ASM, un lieu pris aussi par le photographe qui n’existe pas à Hammamet. Il s’agit d’un site romain « Damous Lahlelfa », situé aux environs d’El Jem. Lors d’un passage dans la zone, il s’y arrête et découvre tout un site historique, bien visible, doté d’un sous-terrain immense.

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C’est au gré de ses évasions que Sadok Ben Salem fige d’autres lieux, en dehors de la ville, toujours en domptant la lumière. Des prises du mythique site berbère de Zriba Olya sont aussi exposées. D’autres régions comme Takrouna, Hergla ou le Cap Bon verront sans doute le passage de Sadok Ben Salem, qui prend soin de suspendre des instants de vie, des parcours… et de les épingler dans le temps.


«Je n ’oublie pas le soutien de l’ASM, d’amis et de copains qui m’ont encouragé à m’adonner à cette passion. J’aspire à exposer ailleurs prochainement à Tunis ou Nabeul», indique le photographe. En usant de la technologie et du Net, il met en relief quelques éléments visibles sur ses prises.



« Instants suspendus » de Sadok ben Salem à Hammamet : Au gré d’une passion
« Mystic Lamps » de Hassene Jeljeli à la Paris Design Week : Participation distinguée
PORTRAITS / PÊLE - MÊLE 9 / 4 / 2025

« Mystic Lamps » de Hassene Jeljeli à la Paris Design Week : Participation distinguée

Arrêt sur l’unique participation tunisienne en 2025 à la Paris Design Week de l’architecte et designer lumière Hassene Jeljeli. Il exposera à Paris sa collection inédite « Mystic Lamps ».


Son travail inédit risque de sublimer une capitale des lumières automnale. Paris s’apprête à accueillir son événement annuel consacré aux créateurs et aux designers français et internationaux. Après avoir représenté la Tunisie à la «Milan Design Week» et au «Salone Satellite», le jeune créateur continue de porter haut les couleurs de la scène design émergente tunisienne avec sa nouvelle collection «Mystic Lamps». «Mystic Lamps» est une collection née de la rencontre entre le marbre tunisien et l’acier perforé. Un travail où la lumière dialogue avec la matière brute, révélant une poésie minérale inédite. Elle explore la rencontre entre géométrie sacrée, matériaux bruts et transparence, dans un geste à la fois architectural et sensible.


Installé à Tunis, Jeljeli revendique une approche intuitive et engagée, ancrée dans son territoire mais résolument tournée vers l’international. Cette participation à la Paris Design Week confirme la volonté du designer lumière de placer la création tunisienne au cœur des grandes plateformes internationales du design contemporain.


Hassene Jeljeli est né à Tunis en 1991. Il est architecte de formation et designer autodidacte. Après des études à l’École nationale d’architecture et d’Urbanisme de Tunis (Enau), il fonde JK Lighting en 2018, une aventure lumineuse née de l’héritage paternel, qu’il transforme en laboratoire de recherche formelle et matérielle. Entre marbre récupéré, acier perforé et assemblages poétiques, ses créations révèlent un langage sculptural où la lumière devient matière.

Finaliste du IMA Design Prize à Paris en 2024 et double exposant au Salone Satellite de la Milan Design Week (2024 & 2025), il développe une esthétique minimaliste nourrie de récits personnels et de savoir-faire locaux. Il a été récompensé à plusieurs reprises par le Tunisia Design Week (Emergent Talent, Designer of the Year) ainsi que par les «International Lighting Design Competitions» de «Designmilk» (2022, 2023). Son travail a déjà été présenté à la Milan Design Week et à la galerie Musk and Amber à Tunis lors d’une exposition solo événement. L’exposition de «Mystic Lamps» a lieu à la galerie Joseph, rue de Turenne à Paris du 4 au 8 septembre 2025.

« Mystic Lamps » de Hassene Jeljeli à la Paris Design Week : Participation distinguée
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