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Exposition «La Thébaïde», De sol y tu, (De soleil et toi) de Nao Maltèse : Autour de la solitude
REVIEWS & CRITIQUES2 / 12 / 2022

Exposition «La Thébaïde», De sol y tu, (De soleil et toi) de Nao Maltèse : Autour de la solitude

C’est lors d’une expo-vente organisée au Kram sur 4 jours que « La Thébaïde », De sol y tu, un recueil de poèmes de Naomi Nantois Meadows, illustré par Mari Eyries, a été présenté au public. Le recueil a été autoédité et imprimé en risographie.


Les deux conceptrices du recueil et de l’exposition, connues aussi sous le nom de « Nao Maltèse » et « Mewsgraphics » étaient présentes pour ce lancement, inauguré dans un lieu privé. En premier lieu, elles invitent les visiteurs à voir, pendant quelques minutes, dans une chambre, un film court qui immisce les visiteurs dans un univers de poésie illustrée et lue à haute voix, avant de leur faire découvrir, ensuite, le contenu de la petite exposition de « La Thébaïde – De sol y tu ». Tableaux, cartes postales, recueil en deux versions, sont disponibles en édition limitée.


La majorité des textes poétiques de Nao Maltèse ont été rédigés il y a trois ans dans le lieu où a été organisé l’événement. La thématique générale qui traverse l’ouvrage est bien « La solitude ». Le titre « La Thébaïde », se réfère à un endroit isolé, lointain, dans lequel une personne peut se recueillir en solitaire, se retrouver, être en paix avec elle-même. Naomi et Mari sont amies d’enfance. Mari, qui est graphiste, faisait partie des rares personnes qui connaissaient les poèmes de Nao. Elles ont, au final, fusionné leur travail. Mari a donné libre cours à son inspiration pour pouvoir illustrer cette poésie, en technique risographique, et autres. Une technique distinguée qui donne une texture unique aux impressions.


Ce travail a été retardé maintes fois à cause de la pandémie du covid-19. Le recueil a été édité à Paris. D’autres événements, au-delà de ces trois jours, se tiendront sur Tunis. Tout a été autofinancé pour ce premier rendez-vous avec le public. Un chapitre qui s’appelle « Quiproquo » paraîtra prochainement.

Exposition «La Thébaïde», De sol y tu, (De soleil et toi) de Nao Maltèse : Autour de la solitude
«Nos âmes d’enfants » de Mike Mills : Humble mais lassant
REVIEWS & CRITIQUES2 / 9 / 2022

«Nos âmes d’enfants » de Mike Mills : Humble mais lassant

Le réalisateur montant, Mike Mills, continue à tisser ses derniers longs métrages autour des relations familiales. En noir et blanc, «Nos âmes d’enfants», actuellement dans les salles, traite du thème de la parentalité, avec, à l’affiche, un Joaquin Phoenix bouleversant d’humanité, une esthétique prenante… Dans le but d’éclipser un récit creux ?


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Mike Mills a déjà exploré la figure paternelle dans «Beginners», et celle de la mère dans «20th Century Women». Dans «Nos âmes d’enfants», c’est sur «l’Enfant» qu’il se focalise, en tant que réalisateur et scénariste. Le film s’ouvre sur la vie trépidante et le quotidien très prenant d’un journaliste qui donne libre parole à des jeunes afin qu’ils puissent s’exprimer sur leur avenir sur les ondes de son émission radio. Parallèlement, Johnny entretiendra un lien très fort avec son neveu, qu’il doit garder quelque temps. Sa sœur Amanda le lui livre afin de pouvoir régler une urgence. Un parallélisme s’installera : deux axes seront développés, celui de l’intérêt du journaliste pour «l’avenir des jeunes», sujet entretenu dans le cadre de son travail et sa relation qui le lie à son neveu qui deviendra de plus en plus étroite malgré ses prises de tête et ses égarements.


L’enfant, tel qu’il est interprété dans le long métrage, est fort de sa parole, porteur de réflexions et de messages existentiels (un peu trop lucides pour son âge), ce qui nuit à la crédibilité du personnage. Ce journaliste transpose son sens de l’humanisme dans ces interviews accordées aux enfants et aux jeunes, vivant à travers les Etats-Unis : il est à leur écoute, les situe dans leur environnement, tente de sonder leurs craintes, leurs peurs, leurs déceptions, mais également leurs aspirations et leurs rêves. Des atouts qui transparaissent également dans son lien édifié avec cet enfant curieux, turbulent, et bavard par moments. L’esthétique en noir et blanc était un choix assumé, révélateur d’un univers recherché qui servirait à souligner «l’humain» dans ce récit. Dès le début de la rencontre entre l’adulte et l’enfant, leurs deux existences s’entrechoqueront avant de se synchroniser peu à peu. Un éloge de cet écart générationnel est dressé dans le film.


Le neveu qui questionne le monde sans cesse, à travers sa relation entretenue avec l’oncle, reflète ce récit de la vie racontée avec toute sa maladresse et sa linéarité. «C’Mon C’Mon», dans son titre original, est riche visuellement, esthétiquement, musicalement et parvient à sublimer un Joaquin Phoenix, qui change impeccablement bien de registre, mais il reste à la surface et peine à conquérir.

«Nos âmes d’enfants » de Mike Mills : Humble mais lassant
« Are you Lonesome Tonight ? », de Shipei Wen : Thriller chinois
REVIEWS & CRITIQUES1 / 23 / 2022

« Are you Lonesome Tonight ? », de Shipei Wen : Thriller chinois

Signé Shipei Wen, « Are you Lonesome Tonight ? » est un thriller, attendu prochainement dans les salles européennes et tunisiennes. Présenté en séance spéciale à Cannes en 2021, le film happe son public de bout en bout durant 1h35. Le public tunisien a eu l’opportunité de le découvrir presque en exclusivité lors des dernières Journées cinématographiques de Carthage.


A l’affiche du film, les deux acteurs Eddie Peng et Sylvia Chang saisissants de justesse. « Are You Lonesome Tonight ? », l’intitulé du film, fait échos à la célèbre chanson d’Elvis Presley, du même nom. Titre anglais, poétique, sensible… qui ne reflète clairement pas l’histoire du film. L’intrigue s’ouvre sur un jeune homme confronté à la difficulté de se remettre d’un accident de la route commis sans préméditation. Un accident grave qui finit par le hanter au point de le rendre intrusif et assoiffé d’en savoir toujours plus sur sa victime. En effet, le personnage principal heurte un homme et le tue, mais les évènements qui se sont succédé après ne se sont pas déroulés sans conséquences graves.


Ce jeune homme, persuadé d’avoir provoqué une mort accidentelle, finit par développer une relation ambiguë, avec la veuve de la personne décédée. Parallèlement, le policier, chargé de l’affaire, tente difficilement de la résoudre et endurera des répercussions considérables.


Le drame s’ouvre sur une relation dérangeante, qui commence à se tisser entre le criminel et la veuve éplorée du défunt. Les évènements, peu à peu, prendront une tournure inattendue, visant à mettre en lumière les dessous de cette mort douteuse. Le polar, qu’on aurait bien vu en noir et blanc, reste esthétiquement riche en couleurs, sur fond de rythme lent mais captivant jusqu’au bout. La structure du film totalement maîtrisée est le point fort de ce long métrage axé sur le deuil, la perte de repères, le doute, les relations humaines en dents de scie et la recherche effrénée d’un réconfort, d’une paix intérieure et sociale, et de la possibilité de se racheter.


Scènes longues assumées, rebondissements inattendus et moments forts, qui s’abîment dans la durée, font la force de l’intrigue, qui se délie finalement tout en restant ouverte. L’histoire lève le voile sur une Chine fragilisée par un contexte sociopolitique pesant et donne le ton à des personnages souvent intrigants, errants, voire violents. Une atmosphère déroutante qui ne manquera pas de désarçonner à son tour son public.

« Are you Lonesome Tonight ? », de Shipei Wen : Thriller chinois
« Portraits de femmes » de Fatima Maaouia : Une poésie féminine
REVIEWS & CRITIQUES1 / 18 / 2022

« Portraits de femmes » de Fatima Maaouia : Une poésie féminine

« Portraits de femmes » de Fatima Maaouia, publié aux éditions Nirvana, est un éventail de textes poétiques, illustrés par Faouzi Maaouia, autour de nombreuses femmes issues de la rive sud de la Méditerranée aux profils diversifiés. Les textes les racontent et reflètent leurs récits de vie.


Des femmes lambda, méconnues, qui subsistent à leurs besoins, qui sont battantes, résistantes aux aléas de la vie et présentes pour leurs proches. Femmes paysannes ou citadines, analphabètes ou instruites, artisanes, femmes au foyer, aux sensibilités diverses et à la personnalité flamboyante, marquante, parfois, discrète. Au gré des pages, et à travers une poésie attrayante, le recueil se lit d’une seule traite et berce le lecteur.


Souvent poétiques, les textes ont l’allure de balades, de nouvelles, d’hymnes, fourrés d’humour, et chantant l’appartenance à la patrie et aux origines tunisiennes. Les textes défilent comme des images, racontant la résistance féminine, dans une culture millénaire certes patriarcale, mais qui reste diverse, riche de ses multiples cultures et de son histoire. Dessins et lettres poétiques se chevauchent, donnant au final un récit poétique complet, dédié à la Tunisienne, à ses combats, ses déboires, sa détresse, ses petites victoires. Leurs apparences distinguées et diversifiées reflètent, à travers les dessins de Faouzi Maaouia, leur jovialité, leur soif de vie, leur ténacité, leur résilience, des combats et des sacrifices. Des textes porteurs de sensibilités et générateurs d’humour et d’émotions.


« Portraits de femmes » est préfacé par Monique Akkari, et composé de 16 pièces poétiques titrées par des prénoms féminins : Katia, Amélie, Nedjma, Alissa, Hinda, Hidhba, Zaâra, Néjia, Ommi Sissi, Ruba, Ommi Sissi Sissiya, Fatma, Kehna, Chahla, Jara et Rahma. « Portraits de femmes » est un livre grand format qui met en valeur l’art du dessin et de l’illustration, et les textes poétiques. Fatima Maaouia a publié en 2001, chez « L’Etoile du nord », « L’alouette bleue », « Les frères siamois », en 2002 et a participé dans des ouvrages collectifs, portant le combat et la voix des femmes. « Portraits de Femmes » est actuellement en vente.

« Portraits de femmes » de Fatima Maaouia : Une poésie féminine
«Streams » de Mehdi Hmili : Drame dense
REVIEWS & CRITIQUES1 / 17 / 2022

«Streams » de Mehdi Hmili : Drame dense

Le public pourra découvrir dans toutes les salles tunisiennes le 2e long métrage de Mehdi Hmili. Annoncé comme un drame, le film a été projeté au festival de Locarno et au Caire, avant d’être présenté en Tunisie. A l’affiche, Afef Ben Mahmoud, Zaza, Sarah Hannachi et une poignée de jeunes acteurs.


Le long métrage relate la déchéance d’une mère, Amel, et de son fils Moumen, jeune adolescent, des suites d’une malencontreuse arrestation de cette dernière, pour «atteinte aux bonnes mœurs sur la voie publique, d’adultère et de prostitution». L’incident a eu de graves répercussions sur sa vie personnelle, professionnelle et sociale. Elle, qui travaille comme ouvrière dans une usine, cherchait à pistonner son fils Moumen, footballeur talentueux afin de le propulser. Elle s’adresse donc à Imed, homme d’affaires puissant, qui accepte de l’aider, mais tente de la violer en retour. Après s’être faite épingler par la police, le fils se retrouve livré à lui-même et s’abîme dans une violente déchéance : drogue, milieu de la nuit, prostitution masculine, alcoolisme et mauvaises fréquentations dans les abysses d’une capitale glauque et dangereuse… Des mois, plus tard, sa mère sort de prison et entame une recherche effrénée pour le retrouver.


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Le film est une succession d’événements dramatiques, centrés sur une femme et son fils, issus d’un milieu d’ouvriers modeste, et vivant avec un mari, totalement absent. Tout s’est enchaîné de la pire des manières pour les deux personnages, sur presque 2h00 de visionnage. Le film est dense en événements et exprime frontalement une brutalité urbaine, sociale, et policière. Le rapport mère-fils est dissolu pendant tout le film dans de la violence condensée. «Streams» prend les allures d’un thriller tunisien, dans lequel meurtres, magouilles, banditisme s’entassent : vie nocturne, communauté LGBTQI++, hommes farouches, police violente, misogynie, homophobie, toxicomanie… Tout y est ! L’interprétation de Zaza dans son premier rôle sur grand écran est remarquable, ainsi que celle des jeunes comédiens.


Le film a été projeté au festival de Stuttgart en Allemagne, et est sélectionné dans d’autres festivals, comme le Zurich Film Festival, Film francophone de Namur, la Mostra de Valencia, et au Festival méditerranéen de Montpellier. L’actrice principale du film, Afef Ben Mahmoud, a remporté le prix de l’interprétation féminine au Festival International du Caire, là où s’est déroulé la première arabe de «Streams». Mehdi Hmili s’est fait connaître avec son premier long métrage «Thala mon amour » en 2016.



«Streams » de Mehdi Hmili : Drame dense
« The Wasteland » d’Ahmad Bahrami : Une expérience sensorielle
REVIEWS & CRITIQUES1 / 16 / 2022

« The Wasteland » d’Ahmad Bahrami : Une expérience sensorielle

Immersif à souhait, le long métrage iranien d’Ahmad Bahrami «The Wasteland» déroute surtout par sa maîtrise exceptionnelle de la caméra et par la construction de son scénario. Un ovni iranien que les cinéphiles espèrent voir prochainement sur grand écran.


En version originale, «Dashte Khamosh» est une expérience cinématographique forte d’un langage éloquent nouveau : il parvient à transmettre d’une manière implicite les états d’âme des personnages, les ressentis divers émanant de leurs errances et de leurs échanges, et d’accorder au spectateur une libre interprétation.


Résumer le film, c’est le réduire : l’histoire est construite autour du personnage de Lotfollah, qui est un superviseur d’usine de briques, servant d’intermédiaire entre les ouvriers et le patron. C’est dans cette usine et ses environs que le public est entraîné et fera la connaissance aussi d’un patron, qui, à un moment précis, annonce à ses ouvriers, composés de plusieurs ethnies, la fermeture de l’usine. Une succession d’événements, narrée presque au ralenti, se déroulera. Et pour Lotfollah, garder Sarvar, la femme qu’il aime, indemne, reste primordial.


En noir et blanc, le réalisateur raconte une fiction dystopique d’un réalisme saisissant, tournée dans des décors bruts. Dans un élan de ralenti, l’étau se resserre autour des travailleurs de l’usine et du personnage Lotfollah. La scène centrale du discours du patron s’adressant à différentes foules est récurrente : une manœuvre qui rappelle l’impact de l’événement sur le devenir du récit. La narration est schématisée jusqu’à impliquer Sarvar, la bien-aimée de Lotfollah. Une répétition qui met en relief un aspect socio-philosophique riche, puisqu’en s’adressant à différentes ethnies, ce patron parle à de nombreuses personnes, évoquant ainsi différentes problématiques liées à la superstition, les croyances, les relations extraconjugales, le racisme, les mœurs… Autant de thématiques sociales évoquées simultanément avec la chute de l’usine, et un patron soucieux omniprésent, essayant de trouver des alternatives à cet échec. Mais le personnage de «Lotfallah» reste tragique par excellence : digne et résistant, il garde le cap en pleine spirale. Un homme caractérisé par son sens de la loyauté et du sérieux à côté de Sarvar, un personnage féminin discret, mais intriguant. Le cinéma de Bahrami est fort d’une esthétique nouvelle sur grand écran qui interpelle. Ce film a été présenté à la Mostra de Venise de 2020 et n’est pas encore sorti dans plusieurs pays. Il a été néanmoins projeté pendant les JCC 2021 à Tunis, en présence de son réalisateur. A l’affiche, les deux acteurs Mahdieh Nassaj et Ali Bagheri.

« The Wasteland » d’Ahmad Bahrami : Une expérience sensorielle
« Touristes hors-saison » de Maher Hasnaoui : Récit d’une détresse
REVIEWS & CRITIQUES1 / 15 / 2022

« Touristes hors-saison » de Maher Hasnaoui : Récit d’une détresse

«Touristes hors-saison » est le 2e film court de Maher Hasnaoui. Découvert pendant les Journées cinématographiques de Carthage 2021, il a marqué par la portée de son propos. Le jeune réalisateur met en lumière la situation précaire des migrants subsahariens en Tunisie, sujet peu traité par les médias tunisiens et dans le cinéma.


Après « Khalaâ », son premier film, Maher Hasnaoui a suivi le parcours de Hervé, personne migrante vivant en Tunisie. Ce dernier cherche à subvenir à ses besoins en décrochant un travail décent mais se retrouve face à des difficultés d’intégration de taille en Tunisie. Illégalité, travail dans le noir, racisme ordinaire, réticence, hésitation, méfiance… Son parcours, filmé sur des mois, a été relaté dans un film de 30 min. « Touristes hors-saison », crie certes la détresse d’Hervé mais reflète surtout l’existence fragilisée de toute cette communauté marginalisée.


Maher Hasnaoui raconte le quotidien houleux d’Hervé, migrant subsaharien, qui cherchait à décrocher un travail 7 ans plus tôt. Le réalisateur travaillait dans un restaurant en 2015, lieu dans lequel il a rencontré Hervé. Les problèmes d’intégration d’Hervé ont aussitôt surgi et ressentis par Hasnaoui. A l’aide d’une caméra, Maher commence à filmer cette détresse d’abord personnelle, puis collective.


Le réalisateur a voué un intérêt spécifique à la situation irrégulière que vivent les migrants. Cette difficulté à trouver un travail, à s’intégrer normalement dans la société tunisienne, à vivre dans la peur des autorités, à esquiver les pénalités, souvent lourdes et cette incapacité à régulariser aisément leur situation alarmante. Dans le cas d’Hervé, son incapacité à pouvoir payer ses dettes accumulées le pousse à rester dans l’irrégularité, de peur de se faire épingler par les autorités et rapatrier dans son pays d’origine, raison pour laquelle il est dans le noir depuis 10 ans.


Le réalisateur met en relief, dans son film, cette situation sans « victimiser » Hervé. Il tenait à filmer un combat, les aspects et les valeurs de son personnage principal, mais surtout son évolution, et son affranchissement de cette situation alarmante. Le récit singulier, raconté en 30 min, devait davantage raconter l’existence d’une communauté « invisibilisée. ». « Touristes hors-saison » revient d’ailleurs sur une manifestation d’ampleur qui a eu lieu à Tunis le 23 décembre 2018, suite au meurtre de Falikou Coulibaly, président de l‘Association des Ivoiriens en Tunisie. Fait divers mémorable. Le court-métrage a été retenu en compétition officielle lors des JCC 2021.

« Touristes hors-saison » de Maher Hasnaoui : Récit d’une détresse
Julie (En 12 Chapitres) par Joachim Trier : Un cinéma gracieux
REVIEWS & CRITIQUES1 / 13 / 2022

Julie (En 12 Chapitres) par Joachim Trier : Un cinéma gracieux

Le long-métrage norvégien de Joachim Trier a été retenu dans la section « Cinéma du monde » lors des JCC 2021 et a raflé le prix de la meilleure interprétation féminine au Festival de Cannes en 2021. Intimiste, bouleversant et construit, tel un roman, en 12 chapitres, ce film fait le portrait de son personnage principal sur 2h08, divinement incarné par Renate Reinsve, grande découverte.


Ce récit, élaboré autour d’une femme trentenaire, suit les déboires et les doutes de son héroïne et trace les tournants les plus décisifs de sa vie professionnelle, personnelle, voire intime. Julie a 30 ans et n’arrive pas à se fixer dans la vie. Alors qu’elle pense avoir trouvé une certaine stabilité auprès d’Aksel, 45 ans, auteur à succès, elle rencontre le jeune et séduisant Eivind, qui fait basculer sa vie.


Ce film ne manque pas de profondeur, puisqu’il interroge l’existence même d’une femme aux prises avec des difficultés diverses : du désir d’être maman (ou pas), au fait de se conformer aux normes sociales, ou d’abandonner une carrière toute tracée d’emblée. Au fil des chapitres, « Julie » prend des risques, se prend en main, s’abîme et se relève. La jeune femme s’endurcit, apprend, gagne en maturité et évolue. Tout spectateur peut s’identifier à sa jeune existence.


Après « Oslo 31 août », « 3 ans après Thelma », le réalisateur Joachim Trier nous revient avec un nouveau personnage féminin éponyme. Dans un long-métrage, qui s’annonce comme une histoire mélodramatique ordinaire, les événements accouchent finalement d’une œuvre tendre, fourrée de sentiments, qui parvient à émouvoir. La narration du film ne manque pas de lyrisme et de délicatesse en faisant le portrait d’une jeune femme moderne à l’ère #metoo. La musique d’Ola Flottum met aussi en valeur deux portraits masculins, tout aussi attachants.


« Julie » est un film maîtrisé de bout en bout, fort de ses propos, de son écriture et de sa mise en scène. Son actrice principale a pu insuffler diverses émotions : de la peine à la colère, en passant par la résignation et l’insouciance. Des états d’âme qui rendent le film gracieux. Un film, divisé en 12 chapitres inégaux, qui permet de montrer l’actrice à son avantage : tantôt forte, tantôt fragile dans le rôle tourmenté de « Julie ». Renate Reinsve, l’actrice principale, porte, en effet, le film. La sortie de « Julie, en 12 chapitres » a été annoncée pour bientôt dans les salles tunisiennes, mais sans mentionner encore de date précise.

Julie (En 12 Chapitres) par Joachim Trier : Un cinéma gracieux
Julie (En 12 Chapitres) par Joachim Trier : Un cinéma gracieux
REVIEWS & CRITIQUES1 / 13 / 2022

Julie (En 12 Chapitres) par Joachim Trier : Un cinéma gracieux

Le long-métrage norvégien de Joachim Trier a été retenu dans la section « Cinéma du monde » lors des JCC 2021 et a raflé le prix de la meilleure interprétation féminine au Festival de Cannes en 2021. Intimiste, bouleversant et construit, tel un roman, en 12 chapitres, ce film fait le portrait de son personnage principal sur 2h08, divinement incarné par Renate Reinsve, grande découverte.


Ce récit, élaboré autour d’une femme trentenaire, suit les déboires et les doutes de son héroïne et trace les tournants les plus décisifs de sa vie professionnelle, personnelle, voire intime. Julie a 30 ans et n’arrive pas à se fixer dans la vie. Alors qu’elle pense avoir trouvé une certaine stabilité auprès d’Aksel, 45 ans, auteur à succès, elle rencontre le jeune et séduisant Eivind, qui fait basculer sa vie.


Ce film ne manque pas de profondeur, puisqu’il interroge l’existence même d’une femme aux prises avec des difficultés diverses : du désir d’être maman (ou pas), au fait de se conformer aux normes sociales, ou d’abandonner une carrière toute tracée d’emblée. Au fil des chapitres, « Julie » prend des risques, se prend en main, s’abîme et se relève. La jeune femme s’endurcit, apprend, gagne en maturité et évolue. Tout spectateur peut s’identifier à sa jeune existence.


Après « Oslo 31 août », « 3 ans après Thelma », le réalisateur Joachim Trier nous revient avec un nouveau personnage féminin éponyme. Dans un long-métrage, qui s’annonce comme une histoire mélodramatique ordinaire, les événements accouchent finalement d’une œuvre tendre, fourrée de sentiments, qui parvient à émouvoir. La narration du film ne manque pas de lyrisme et de délicatesse en faisant le portrait d’une jeune femme moderne à l’ère #metoo. La musique d’Ola Flottum met aussi en valeur deux portraits masculins, tout aussi attachants.


« Julie » est un film maîtrisé de bout en bout, fort de ses propos, de son écriture et de sa mise en scène. Son actrice principale a pu insuffler diverses émotions : de la peine à la colère, en passant par la résignation et l’insouciance. Des états d’âme qui rendent le film gracieux. Un film, divisé en 12 chapitres inégaux, qui permet de montrer l’actrice à son avantage : tantôt forte, tantôt fragile dans le rôle tourmenté de « Julie ». Renate Reinsve, l’actrice principale, porte, en effet, le film. La sortie de « Julie, en 12 chapitres » a été annoncée pour bientôt dans les salles tunisiennes, mais sans mentionner encore de date précise.

Julie (En 12 Chapitres) par Joachim Trier : Un cinéma gracieux
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