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Démarrage du Festival du film francophone en Tunisie : Le cinéma francophone à l’honneur
PORTRAITS / PÊLE - MÊLE 6 / 6 / 2024

Démarrage du Festival du film francophone en Tunisie : Le cinéma francophone à l’honneur

La saison 2024 des Journées de la francophonie en Tunisie se prolonge avec «Le Festival du film francophone», événement qui se tient à Tunis du 3 au 15 juin et à Sousse du 5 au 19 juin. Le rendez-vous des amateurs du 7e art francophone à ne pas manquer puisque la quantité, la qualité et la gratuité des films sont à la portée.


Au total, une vingtaine de films (courts et longs métrages, films d’animation et documentaires) proposés par l’OIF et 15 autres ambassades membres du GAF: l’Argentine, l’Autriche, la Bulgarie, le Cameroun, le Canada, l’Egypte, la France, le Gabon, la Grèce, le Maroc, la Roumanie, la Serbie, la Suisse, Wallonie-Bruxelles et la Tunisie seront projetés.


Ces films, qui permettront d’assouvir sa soif du 7e art, traitent de thèmes universels comme l’amour, l’amitié, l’engagement pour un avenir meilleur, mais abordent également un certain nombre de sujets d’actualités, tels que la situation des femmes ou encore le dérèglement climatique. Un événement qui fera résonner les voix et accents pluriels sur des sujets qui réunissent la communauté francophone dans son ensemble au-delà des frontières.


Rendez-vous incontournable des Journées de la Francophonie en Tunisie, le Festival du film francophone vise à offrir aux publics francophones et francophiles une riche programmation.


L’inauguration du festival a eu lieu dans la soirée du 4 juin 2024 à l’auditorium de l’IFT en présence d’invités cinéphiles curieux de découvrir le film d’ouverture signé Kaouther Ben Henia « L’homme qui a vendu sa peau ». Haoua Acyl, représentante de l’OIF pour l’Afrique du Nord, a souligné l’importance du maintien de cette manifestation en valorisant la diffusion de la francophonie et en soulignant les accomplissements de l’Organisation internationale de la francophonie.


Célébrer la création culturelle francophone, sa diversité et l’ambition de soutenir sa diffusion auprès d’un large public sont autant d’enjeux cruciaux pour l’avenir de la langue française. C’est en ce sens que l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) a choisi la thématique «Créer, innover et entreprendre en français» pour le prochain «Sommet de la Francophonie» qui se tiendra à Villers-Cotterêts en octobre 2024.


Le programme détaillé des Journées de la francophonie de 2024 est accessible sur les réseaux sociaux de l’IFT de Tunis, de Sousse et les journées de la francophonie – Tunisie.

Démarrage du Festival du film francophone en Tunisie : Le cinéma francophone à l’honneur
«La journée des Talents» à l’Institut Supérieur des Langues de Tunis (Islt) : Graines de talents
PORTRAITS / PÊLE - MÊLE 5 / 1 / 2024

«La journée des Talents» à l’Institut Supérieur des Langues de Tunis (Islt) : Graines de talents

La vie estudiantine à l’Islt de la Cité El Khadra de Tunis reste effervescente au fil des générations qui s’y succèdent. Le département de français de l’Institut universitaire décide de mettre en lumière les graines de talents dénichées chez les étudiants en lettres françaises.


Rendez-vous donc à l’amphithéâtre Ibn Mandhour de l’Islt à partir de 10h00 jusqu’à 13h00 pour découvrir les différentes performances et ateliers organisés par le corps d’enseignants universitaires et leurs étudiants passionnés. Programme distribué aux invités sur place, petits cadeaux attribués aux participants et intermèdes musicaux ont rythmé cette matinée grise du 26 avril 2024. La journée est organisée grâce au soutien de l’Institut Français de Tunisie.


L’inauguration commence par les mots de bienvenue de Mme Houda Ben Hamadi, directrice de l’Islt, et Mme Neila Khojet El Khil, universitaire et coordinatrice du projet «Journée des talents». Lors d’un atelier de presse, la présentation détaillée de cet évènement s’est déroulée pour le public présent, majoritairement étudiants, suivie d’un «Cercle de poésie», créé par les étudiants de la 2e année communication, coordonné par Mme Leila Kharrat. L’atelier poésie a vu défiler Hend Aroui et son «Analogie universelle», la performance de Slam en polyphonie titrée «Nos rêves d’avenir pour le monde de demain», mais le moment fort de cette parenthèse poétique reste cette chanson chantée en chœur par les étudiants sur la scène de l’Institut, celle de Kids United : «On écrit sur les murs». Un hymne à l’espoir et aux lendemains prometteurs. Coordonné par Mme Nesrine Boukadi, l’atelier «Action citoyenne» permet au public de découvrir un «court-métrage sur le vivre-ensemble et la femme tunisienne : réalisation et défis». L’atelier-débat initie les étudiants aux débats, et aux discussions autour de sujets épineux comme les conflits intergénérationnels, la différence sous toutes ses formes, la discrimination basée sur la race, le sexe, l’orientation sexuelle, le genre. L’échange d’une quinzaine de minutes s’est déroulé en présence d’étudiantes et de Mme Fathia Ben Yedder. Au fil des intermèdes musicaux annoncés entre chaque atelier, la partie consacrée au théâtre et modérée par Mme Amina Chenik, universitaire, et ses étudiants de 3e année médiation culturelle et communication, commence en grande pompe.

Une partie qui se consacre aux Fables de La Fontaine, présentés en dialecte tunisien/derja et en sabir et accompagnée d’un hommage rendu au savoir de Kaddour Ben Nitram, figure peu connue des chercheurs, humoriste et chansonnier tunisien qui a vécu dans la décennie des années 20-30, et qui est aussi auteur de saynètes, de sketchs, de fables et de contes en sabir, émanant d’un Tunis de l’époque pré-indépendance.Toute une saynète humoristique consacrée à Kaddour Ben Nitram a été mise en scène par les étudiants de l’Institut. La scène de théâtre présentée relate une scène de la vie quotidienne se déroulant au marché central d’un Tunis cosmopolite de l’année 1930. Une clôture haute en humour de cette journée maintenue par les jeunes talents et par Mohamed Said, musicien et étudiant en mastère, qui s’est emparé de la scène de l’amphi pour nous présenter son air musical.

«La journée des Talents» à l’Institut Supérieur des Langues de Tunis (Islt) : Graines de talents
2e édition de «Normal Enti ?» : La célébration de l’humour francophone
PORTRAITS / PÊLE - MÊLE 3 / 14 / 2023

2e édition de «Normal Enti ?» : La célébration de l’humour francophone

L’Alliance française de Tunis, en partenariat avec le Montreux Comedy Festival, lance la deuxième édition du Festival de l’humour francophone «Normal Enti?!!» qui aura lieu à Tunis les 16 et 17 mars courant.

Placé sous l’égide de la francophonie et de l’humour, ce festival a pour ambition de rassembler le public autour de temps forts dédiés au divertissement et d’encourager de jeunes stand-uppers tunisiens. Fort du succès de la première édition, le festival, tout aussi «pimenté», revient avec un concours, deux masterclass et deux soirées, selon le communiqué de presse de l’événement.

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Le jeudi 16 mars, à 19h30, à la salle le Rio, le festival propose une soirée intitulée «Jeunes talents, objectif Montreux», animée par l’humoriste belge Bruno Coppens. Sept talents auront l’occasion de participer au concours «Jeunes talents-objectif Montreux». Le finaliste pourrait se produire sur la scène du prestigieux Montreux Comedy Festival en Suisse.

Le vendredi 17 mars, à 19h30 au Colisée, une soirée stand-up avec Meniways (Imen Lahmar) (Alliance française de Tunis), Alexandre Kominek (ambassade de Suisse en Tunisie) et Gaëtan Delferière (délégation Wallonie Bruxelles en Tunisie). La soirée sera animée par l’humoriste français Kallagan. En plus des spectacles, le festival «Normal Enti?» se distingue par des rencontres d’échange et de réflexion autour de l’humour francophone. Le Festival de l’humour francophone propose ainsi des masterclass sur le rôle de l’humour et du rire, présentées par Bruno Coppens à l’Université de La Manouba et au Théâtre national.

Les dates clés à retenir sont celles du mardi 14 mars avec la Masterclass de Bruno Coppens à la faculté de La Manouba, le mercredi 15 mars : Masterclass de Bruno Coppens au Théâtre national, le jeudi 16 mars : Soirée «Jeunes talents-objectif Montreux» au Rio avec la participation de 7 artistes, et le vendredi 17 mars : Soirée «Normal Enti?» au Colisée, en présence de trois artistes. Les partenaires de «Normal Enti?» sont «Montreux Comedy Festival», l’ambassade de Suisse en Tunisie et la Délégation «Wallonie Bruxelles» en Tunisie.

2e édition de «Normal Enti ?» : La célébration de l’humour francophone
Projet «mille et un films» : Education et cinéma
PORTRAITS / PÊLE - MÊLE 11 / 20 / 2022

Projet «mille et un films» : Education et cinéma

Une expérience éducative pilote se poursuit depuis 2016, celle des « Mille et un films», programme national pour l’introduction de l’instruction cinématographique dans les écoles tunisiennes, avec à sa tête, son fondateur, le réalisateur Moncef Dhouib. Après trois ans d’itinérance fructueuse de 2016 à 2019 et un arrêt causé par la pandémie, l’expérience redémarre de plus belle. 6.000 écoliers ont été initiés au b.a-ba du 7e art.


En 2023, un nouveau chapitre des «Mille et un films» s’apprête à commencer. Soutenu par le ministère de l’Education actuel, le projet continue d’impacter. Sur 24 gouvernorats, 12 écoles par gouvernorat ont été visitées. Durant trois ans, 6.000 écoliers, pour la plupart issus de régions défavorisées, ont pu participer à ce travail.


Ecoliers /collégiens des écoles primaires et collèges situés dans des régions rurales (voire complètement isolées) reçoivent la visite de formateurs, spécialistes en cinéma. Ces derniers s’adressent au corps enseignant d’une école : ils lui présentent le projet, son objectif, et valorisent une passion et un savoir à entretenir avec les élèves. Des enfants qui restent à l’affût de ce savoir pratique, édifiant et très divertissant et qui s’y engagent passionnément. «Depuis le lancement de ce projet, j’ai toujours pensé qu’il faut travailler avec les écoles, en premier lieu. On a donc pensé cibler les moins de 14 ans, qui sont en train de se chercher, et qui n’ont pas conscience des maux de la société et des difficultés de la vie. A un certain âge, on peut perdre à jamais les jeunes, si on ne les rattrape pas avant et tôt», déclare Moncef Dhouib, réalisateur et chef du projet. Deux partenaires fixes soutiennent les «Mille et un films» : le ministère de l’Education et celui des Affaires culturelles (à travers le Cnci, qui aide à la production et à la formation).


L’essentiel du travail, c’est de le transmettre en formant les formateurs : ces instituteurs qui veilleront à leur tour à maintenir ces ateliers d’initiation cinématographique pour garantir la pérennité de la formation dans l’établissement éducatif désigné et de le programmer sur la durée dans le planning des activités culturelles. Ces enseignants-formateurs doivent être passionnés et porteurs du projet. Toutes et tous ont adopté le projet.


Une initiative ancrée dans son époque


« Ce que nous faisons est nécessaire : nous sommes analphabètes quand il s’agit de lire une image. A travers ce projet, nous consolidons notre savoir, afin de mieux décrypter ce tsunami de l’image, sa fabrique, son impact. D’où cette urgence de commencer tôt à initier à la fabrique de l’image. Nous entretenons l’aspect pédagogique du secteur cinématographique. Le langage cinématographique doit être à la portée de tout le monde, en premier lieu, accessible aux enfants de 8 / 14 ans. Le cinéma est indissociable à l’ère numérique, de nos jours. Il est digital, très présent en ligne, et fait de l’ombre à l’écrit car tout est image, virtuel, reportages, et documentaires de nos jours», précise Moncef Dhouib.


Grâce au ministère de l’Education, l’accès aux établissements éducatifs se fait plus facilement. Le Cnci fournit des formateurs, diplômés pour la plupart des écoles supérieures de cinéma : ils doivent être principalement cadreurs, spécialistes en image et monteurs. Une dizaine d’entre eux/elles est retenue via des appels à candidatures. A part leur savoir, ils/elles doivent posséder un permis de conduire. Ces mêmes formateurs sillonnent, en effet, la Tunisie, via des unités mobiles, en duo, équipés du matériel nécessaire à l’application du projet. Un engagement sans faille de la part de «ces ambassadeurs du 7e art», composés de 5 femmes et 5 hommes (parité oblige).


Ce travail de longue haleine se fait sur plusieurs séances et en fonction des écoles disponibles. Il est composé de trois étapes : la première se fait théoriquement en initiant aux bases du cinéma, via un document élaboré et qui explique en détail les règles élémentaires du cinéma. La 2e est l’écriture du scénario et son illustration, individuellement, mais surtout en groupe. La 3e étape permet aux écoliers-participants de faire du terrain, de sortir, et d’appliquer leur savoir sous l’œil vigilant des formateurs-enseignants et avec l’autorisation des parents d’élèves.


Le projet illustre ce mariage entre culture et Intelligence artificielle : la culture, autrefois orale et écrite, est désormais convertible en numérique, accessible sur des plateformes en ligne, et forte de sa connectivité via les tablettes, le web et les réseaux sociaux. Le projet s’inscrit dans son époque et permet une meilleure lecture de l’Image : une jonction qui lie la culture, l’éducation et la technologie.


«Le projet reste coûteux : des dépenses se font, mais il a fonctionné de cette manière structurelle», cite Moncef Dhouib, enthousiaste. Il tient à rempiler pour une nouvelle tournée des écoles, et à effectuer un redémarrage postCovid. Le projet est toujours à la recherche d’un soutien financier privé. «Mille et un films » est précurseur dans la région Mena et son exportation dans d’autres pays reste imminente. Un legs de cette expérience pour les générations futures et son rayonnement à l’intérieur du pays et au-delà des frontières restent impératifs.

Projet «mille et un films» : Education et cinéma
97e réunion de l’Association Internationale des Maires Francophones (AIMF) à Tunis : La grande mobilisation
PORTRAITS / PÊLE - MÊLE 11 / 19 / 2022

97e réunion de l’Association Internationale des Maires Francophones (AIMF) à Tunis : La grande mobilisation

C’est sur trois jours, à la mairie de La Kasbah – Tunis, que la 97e réunion de l’Association internationale des maires francophones (Aimf) s’est tenue du 16 au 18 novembre, en amont du 18e Sommet de la Francophonie. Pas moins de 150 personnes, dont surtout des maires francophones venus de différentes capitales, ont répondu présent.


Kinshasa, Nouakchott, Québec, Cotonou, Paris, Abidjan, Dakar ou Douala… Au moins une dizaine de maires et de représentants de mairies ont répondu à l’invitation de Souad Abderrahim, maire de Tunis et vice-présidente de l’Association. Le but de ces rencontres est de renforcer les coopérations entre différents pays, en incluant et en fusionnant l’engagement des maires et celui de la société civile : Il s’agit d’une mise en valeur du rôle central de ces élus locaux engagés pour « la Francophonie de demain » et de garantir l’impact des initiatives concrètes qu’ils mènent et mèneront en collaboration avec la société civile. Différents échanges autour de la diplomatie des villes, de la parité hommes / femmes, du rôle des diasporas ou dialogues régionaux ont été au cœur des discussions.

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Une conférence de presse s’est tenue dans la matinée du 18 novembre 2022 à l’occasion de ces Assises des élus locaux francophones et de la société civile en présence de Souad Abderrahim et d’Anne Hidalgo, maire de Paris, ainsi que Robert Beugré Mambé (Ministre-gouverneur du district d’Abidjan), Bruno Marchand (Maire du Québec), Willy Demeyer (Maire de Liège) et Sami Kanaan (CA de la ville de Genève). Le point de presse est revenu brièvement sur le déroulement de cette 97e réunion. Anne Hidalgo souligne dans son discours les rôles des pouvoirs locaux, la complémentarité, et le soutien indéfectible de l’Association à des divers projets, qui se tiendront dans différentes villes. « Djerba et Tunis ne sont pas loin. Cette réunion se déroule à Tunis, presque simultanément avec le 18e sommet de la Francophonie. La décentralisation reste importante », déclare-t-elle.


L’ouverture, le 16 novembre s’est déroulée en présence de la présidente du Rflm : le Réseau des femmes leaders du Maghreb, le secrétaire général de l’UMA, et un représentant de l’Union européenne en Tunisie. Ce réseau de femmes Leaders important rassemble des entrepreneures venues des pays du Maghreb arabe. La promotion du genre dans le développement local reste de mise. Un protocole de coopération a été signé entre les maires Souad Abderrahim et Bruno Marchand (Maire de Tunis et du Québec), renforçant ainsi trois secteurs : le développement économique et numérique, le développement durable et la lutte contre les changements climatiques, sans oublier le rayonnement culturel et la préservation des espaces patrimoniaux. Réseautage et rencontres édifiantes entre différentes diasporas ont eu lieu, et notamment entre des élus locaux allemands, italiens, tunisiens et français dynamisant ainsi les coopérations. Un webinaire sur « Les conditions techniques, économiques et sociales d’une transformation du domaine bâti dans les villes décarbonées » s’est tenu. Une réflexion qui a rassemblé universitaires et professionnels autour de « L’urbanisme dans de francophonie ».


Une édition spéciale d’ « Interférence », le festival des lumières qui se tient chaque année à la Médina de Tunis a eu lieu sur trois jours à l’occasion de cette réunion de la Aimf 2022. Sur trois jours, à la médina, des installations de lumière ont été projetées sur les divers édifices historiques. Un hommage vibrant a été rendu à des personnalités féminines tunisiennes comme Ons Jabeur, Aziza Othmana ou Roua Tlili à Beb Bhar (Tunis), toujours en collaboration avec la municipalité de la ville de Tunis.

97e réunion de l’Association Internationale des Maires Francophones (AIMF) à Tunis : La grande mobilisation
1ère édition du Festival de l’humour francophone «Normal Enti ?» par l’Alliance Française de Tunis: L’humour francophone sur scène
PORTRAITS / PÊLE - MÊLE 10 / 8 / 2022

1ère édition du Festival de l’humour francophone «Normal Enti ?» par l’Alliance Française de Tunis: L’humour francophone sur scène

Le nouveau-né des festivals en Tunisie démarrera sur les chapeaux de roues le 13 octobre 2022 et se poursuivra sur 2 jours à la Cité de la culture de Tunis. Intitulé et identité graphique décalés annoncent la couleur de ce Festival de l’humour francophone, qui aura lieu dans sa première édition.


Drôlement titré «Normal Enti ?», au moins quatre humoristes français s’empareront de la scène, face au public. A l’affiche, Mr Nouar, Bruno Coppens, Adel Fugazi et le duo Balla Diop-Willy de Rescap’Art. Maintenue en partenariat avec le «Montreux Comedy Festival», l’Ambassade du Sénégal à Tunis, l’Ambassade de France à Tunis et la Délégation Générale de Wallonie-Bruxelles Tunis, l’édition fête l’humour francophone. L’objectif du festival est de s’ouvrir sur le monde et sur des cultures variées à travers la francophonie et de le faire à travers l’humour sur scène. Un moyen, parmi d’autres, de pousser à la réflexion, d’interroger l’existence de la francophonie, sa pérennité et sa richesse culturelle. Ce rendez-vous de l’Humour francophone programme pour ses conviés une masterclass sur «Le rôle de l’humour et du rire» présentée par Bruno Coppens, et une table ronde autour de «l’humour», organisée en partenariat avec l’Union des Ecrivains Tunisiens.


Dans une conférence de presse, Mohamed Aissaoui, président de l’Alliance française de Tunis, revient sur les rôles majeurs que tient l’AFT dans l’éducation francophone en premier lieu, et ce, à travers ses cours, ses examens et ses certifications agréés, mis à la disposition de tout adhérent pendant l’année et l’accès à la médiathèque. Et en second lieu, l’AFT mise également sur la culture d’où l’organisation de ce festival, entre autres accomplissements à vocation culturelle. Elle a déjà fixé quatre rendez-vous culturels par an : le «Cinémana», organisé récemment à la Cité de la culture, autour du cinéma, un deuxième rendez-vous avec le livre africain, un troisième plus généraliste avec «Les amis du Belvédère» et ce nouveau-né intitulé «Normal Enti ?», consacré à l’humour francophone. «Nous tenons à ce que la langue française s’intègre dans la culture locale et à ce qu’elle se mêle au dialecte tunisien. C’est une manière de la démystifier et de lui permettre de reprendre sa place, sans populisme et sans aucun complexe», cite Mohamed Aissaoui, en commentant l’intitulé du festival «Normal Enti ?», expression purement tunisienne répandue.


Faycel Mezhoudi, directeur de l’AFT, souligne cette volonté de créer la réflexion autour de l’humour à travers ce festival, qui sera désormais annuel. L’AFT est une fusion des cultures francophones valorisées. La masterclass tenue par Bruno Coppens se tiendra à la Faculté des Lettres de La Manouba. Le public aura droit pendant la première soirée, à deux spectacles tenus successivement par Mr Nouar et Bruno Coppens, spécialiste belge de l’humour. La seconde accueillera Adel Fugazi et le duo Balla Diop et Willy. La 2e édition aura lieu en mars 2023, simultanément avec «La Semaine de la Francophonie».

1ère édition du Festival de l’humour francophone «Normal Enti ?» par l’Alliance Française de Tunis: L’humour francophone sur scène
Mosaïste, marqueteur et sculpteur : A la découverte de l’univers de Benedetto
PORTRAITS / PÊLE - MÊLE 2 / 21 / 2022

Mosaïste, marqueteur et sculpteur : A la découverte de l’univers de Benedetto

L’immersion s’est faite chez lui : une adresse à l’abri des regards, de l’extérieur ordinaire, mais qui fait office d’atelier, galerie et lieu de création pour Mehdi Benedetto, artiste spécialiste en mosaïque et sculpteur. C’est ici même qu’il accueille toutes celles et ceux désireux de découvrir son art.


Nous traversons un verger pour accéder dans l’antre de l’artiste, décoré par de nombreux objets conservés, comme des huîtres, des pierres semi-précieuses, des souvenirs divers, dénichés lors de ses sorties en mer ou dans la montagne. Quelques créations sont conçues à la main. Il faut savoir qu’ailleurs de chez lui, l’unique thébaïde de l’artiste reste la nature.

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Les artisans sur place, maniant la pierre, construisent des œuvres et font des reproductions d’œuvres connues. Des vasques imposantes faites avec de la pierre très spéciales sont exposées. Des œuvres conçues grâce à des techniques mélangées rendent le résultat final très fin. Le marbre reste très présent et visible dans toutes les créations de Mehdi Alexandre Benedetto : des œuvres à l’allure imposante, très attractives : tables, vasques, miroirs, poutres, qui trouveront probablement leur place dans des constructions somptueuses. Son salon est couvert d’œuvres exposées, dont une qui vient de voir le jour après 8 mois de travail acharné et de concentration: la pièce contient 16.000 pierres minuscules. Mehdi Benedetto est une valeur sûre à l’étranger : souvent, il a été désigné pour décorer les vitrines d’Hermès et a livré à cette marque mondiale de maroquinerie, de prêt à porter, de parfums, de mode et de joallerie de nombreuses commandes, en travaillant en étroite collaboration avec feu Leila Menchari, décoratrice d’Hermès, et ce, depuis plus d’une dizaine d’années.


La conception de ses créations, suggérant socles et consoles, entre autres, les rend puissantes et uniques. Benedetto profite de ses évasions et de ses moments de communion avec la nature, dans les sites forestiers, montagneux ou sous-marins, pour y puiser la matière nécessaire à son inspiration et à son travail distingué. Il a longtemps baigné dans diverses cultures, issues de ses origines et influencées par ses voyages. Initié à la sculpture depuis son plus jeune âge, il entretiendra sa fascination pour la pierre très tôt. Il a été diplômé de l’Ecole d’art et de décoration de Tunis, et c’est en enchaînant les expériences qu’il nourrira son savoir-faire. Il accumulera, ensuite, les petits projets personnels : sa participation en tant que décorateur sur des plateaux de tournage de cinéma et au théâtre l’enrichira… Début des années 2000, il se fera un nom en faisant partie des trois meilleurs artistes artisans tunisiens. Il écumera les expositions personnelles et collectives en Tunisie et en Europe : la galerie Sema, Viaduc des Arts à Paris, la fondation Luciano Benetton, Hermès le connaîtront… Benedetto a également participé dans l’exposition collective « Turbulence » et dans l’édition d’un prestigieux concours d’art contemporain le « GemlucArt ». Passionnés d’arts ou collectionneurs peuvent se rendre à son atelier situé à Gammarth supérieur pour découvrir son univers.



Mosaïste, marqueteur et sculpteur : A la découverte de l’univers de Benedetto
Face à l’annulation et au report des festivals : La colère gronde
PORTRAITS / PÊLE - MÊLE 11 / 6 / 2021

Face à l’annulation et au report des festivals : La colère gronde

Les grands oubliés de cette crise, ce sont bien les artistes. Tout un secteur est à l’arrêt face au silence assourdissant de l’Etat. Divers festivals, dont principalement ceux de Carthage et de Hammamet, étaient la planche de salut pendant l’été pour de nombreux artistes tunisiens programmés, pourtant ils ont tous rimé avec suspension, report et annulation. Le problème n’est pas la crise sanitaire, il remonte même à bien loin …


Leïla Toubel, comédienne : «Nous vivons un changement global à la racine en Tunisie. Je considère que l’annulation de tous les festivals cette année ne peut pas sortir du contexte général et spécifiquement politique : cette politique qui laisse les artistes pour compte. Il y a une sorte de non-considération de l’artiste. Pourquoi ? Parce que dès le début de la crise sanitaire, le secteur de l’art et de la culture était le premier à subir de plein fouet ce revers et à mettre les clés sous le paillasson. Les premières manifestations ont été annulées depuis mars 2020. Ensuite, il y a eu résistance et maintien de quelques manifestations puis, rebelote… On ne peut pas parler aujourd’hui de l’annonce de l’annulation du festival de Carthage et de Hammamet sans évoquer une politique qui a essayé par tous les moyens de massacrer et de détruire ce secteur artistique depuis déjà longtemps.


Au bout de 10 ans, le covid-19 a été le cadeau tombé du ciel pour anéantir complètement ce secteur, qui reste important, vital aux yeux de toutes celles et ceux qui croient en la culture. Ce qui me dérange aussi et ce que je crie haut et fort, c’est que ces jours-ci, on ose encore poser cette question : que va faire l’artiste aujourd’hui ? La résistance des artistes n’est pas occasionnelle ou contextuelle, nous avons toujours été en première ligne de mire… et nous ne réagissons pas à la demande. Nous sommes loin d‘être simplement réactifs. J’ai envie de dire à beaucoup : le problème, ce n’est pas uniquement l’annulation des festivals. Dire cela, c’est vraiment se voiler la face.


Le secteur est, en effet, paralysé depuis 2011, et il est toujours aussi figé pendant la crise sanitaire. Comment peut-on oublier la prise d’assaut du cinéma Africa en 2012 ? Comment peut-on oublier les artistes persécutés d’El Abdalia ? L’agression des artistes de théâtre sur l’avenue Habib Bourguiba ? Feu Najib Khalfallah qui a subi une grande pression et même une agression physique pour changer l’intitulé de son spectacle ? On ne peut parler d’une simple annulation alors qu’il y a toute une machine à l’arrêt depuis au moins une décennie. Résultat de la politique de Ben Ali. Nous sommes éloignés et écartés. Sur le terrain, je tiens à préciser que la santé des spectateurs passe avant tout.


La première de «Yakouta» était attendue au festival de Carthage. Ce n’était pas rien. C’est très dur. Je suis blessée, écorchée. Aucune politique ni accompagnement n’a eu lieu pendant la crise sanitaire. L’artiste est citoyen. Aucune vision politique ou économique n’a été présentée. On n’est pas là pour divertir comme l’a dit Mechichi. L’art est un métier. Ma colère est incommensurable face à ce silence est ce mépris. On n’a plus le droit de « bricoler » et s’il y a une révolution socioéconomique en marche, elle est forcément culturelle aussi. Les artistes ont toujours été sur le front aujourd’hui et auparavant. Notre résistance ne date pas de maintenant. On prend et on façonne dans l’art … On ne sensibilise pas. Les gens sont déjà conscients. Il y a une nécessité de repenser le contexte.


Les cafés / restos sont ouverts, pas nous… alors que nous faisons toujours attention au protocole. On nous écarte clairement. L’émergence des nouvelles technologies va de soi : c’est une volonté citoyenne et l’art et la citoyenneté sont indissociables. Je remercie le festival de Carthage pour cette initiative du Live Streaming : c’est courageux de leur part de proposer l’alternative du digital, même si cela a été également annulé, parce qu’ils sont connaisseurs de la situation des artistes en ce moment. C’est un geste généreux et humain. Je suis reconnaissante. Le théâtre est ma vie et c’est la vie de plein d’artistes– citoyens. Tenons bon ! »


Ramzi Jbabeli, entrepreneur culturel et fondateur du Sicca Jazz : «Un festival comme le Sicca Jazz est spécial : il a une ampleur et un impact économique et social direct. Les gens sont recrutés, les commerces sont vivifiés, et le tourisme intérieur marche : toute la ville subit les aléas directs de l’annulation de ce festival. Le problème est que je suis soutenu par le ministère de la Culture : cependant, le silence radio des autorités est affligeant. Il y a une crise de communication institutionnelle énorme. On est pourtant partenaires. Je souligne l’absence de politique culturelle et évènementielle : le désert. Le soutien se fait au nom de la décentralisation, c’est tout. Quand j’ai reporté le festival à deux jours près, les autorités m’ont envoyé valser me demandant d’improviser seul. On est sans appui et ça continue au rythme des reports. Et on rebondit encore une fois pour exploiter les sites archéologiques, historiques de la région, et les anciennes mines.


Nous organiserons des concerts live et nous éclairerons les sites les plus connus via la musique et le digital. (Altibhuros, table de Jugurtha …). Nous le ferons pour mettre en valeur ces sites et qui nous servira à créer une plateforme d’archivage afin d’attirer des visiteurs. L’attractivité de la région du Kef et son élaboration restent de mise et notre objectif primaire. On enregistra 8 concerts qui s’appelleront le «Live Factory». Nous voudrions faire de ce festival un festival immobile. Nous y reviendrons !


Mohamed Ben Said–Producteur : «On est perplexes face au report des festivals. Ça a été converti au digital comme c’est le cas du festival de Carthage et de Hammamet. Après, il y a eu annulation complète du digital. Dans le monde entier, ça a été adopté pourtant… Divers artistes ont espéré le maintenir. 80% des festivals sont programmés pendant l’été. En tant qu’artiste ou producteur, 50% du chiffre d’affaires se fait pendant l’été. L’annulation est annoncée et on ne nous dit rien au retour… pas d’indemnisations ni d’alternatives. Rien.


Pour le festival de Dougga, par exemple, on a pris la décision de le faire en digital depuis décembre. Des idées étaient exploitables. La programmation promettait… C’était intéressant. On a misé sur les artistes qui avaient un à deux albums à présenter aussi. Et puis quand on parle de festivals, il n y a pas que Hammamet et Carthage, il y a trop de manifestations et de nombreux festivals nationaux. Que deviennent-ils ? Pour Dougga, un dossier pour une version digitalisée a été déposé depuis 3 mois, aucune réponse… Silence radio. Une aide a été promise, l’année dernière… toujours rien. Ça traine ! Le covid19 a tout dénoncé… Il a montré l’absence de planification et de stratégies et ce vide se sentait davantage pendant la crise. Pour les autorités, un festival n’a qu’une programmation à présenter. Alors que c’est un mécanisme en entier qu’il faut repenser. Pour la production, on survit grâce à des fonds. On a pu avoir de l’argent de l’Afrique du Sud, aucun millime de l’Etat tunisien. On est très réglementé pourtant… Qu’a à dire l’Etat pour la culture et les arts ? Nous voudrions le savoir. S’il y a toujours une politique culturelle caduque, l’avenir restera flou et incertain».


Khawla El Hadef, metteure en scène : «Depuis le début de la pandémie, tout semble désordonné, déstructuré. Face à cette crise, il n’y a pas eu une attitude constructive et rationnelle. L’absence de stratégie claire a provoqué le report et l’annulation des manifestations et des festivals. On a eu une saison culturelle presque vide. Il n’y avait pas de continuité, pas de tournée. Si le ministère ne défend pas le projet culturel et le secteur, face au revers que nous avons subi de plein fouet, qui va le faire ? Il n’y avait pas d’écoute, de réactivité, encore moins auprès des conseils scientifiques pour s’adapter à la crise sanitaire. On s’est approprié le digital, récemment, pour faire valider la session du festival du théâtre tunisien mais foncièrement on était contre. Face à l’absence d’alternatives, on ne pouvait pas faire autrement.


Rien ne vaut ce contact direct avec le public, d’être sur scène, dans une salle ou dans un espace précis. Imaginer les artistes performer dans des espaces vides, c’est frustrant à la longue. Je fais partie du comité des JTC, et on n’a pas encore parlé du format qu’il faut adopter. En cas de crise, que faire ? Je suis personnellement contre le digital…, mais c’est quoi l’alternative!


Ceux qui détiennent les rênes restent indifférents, ce qui signifie qu’il n y a pas de projet. Je commence à croire que le secteur ne va pas changer. Excusez mon pessimisme mais on est à l’arrêt. La gestion est catastrophique. On a fait le plein à Hammamet en 2020 avec des conditions sanitaires efficaces … il ne fallait pas annuler complètement cette année. Tout est ouvert : restaurants, cafés, plages … pourquoi pas nous ? Je suis méfiante vis-à-vis des responsables : il y a eu manifestations, grèves, marches, protestations…, mais rien de concret. Le secteur était déjà très fragilisé, le covid-19 a tout dévoilé. Ce qui se passe est une résultante d’une situation générale déjà très précaire. Tout ne peut changer à la racine aussi rapidement. Il y a eu un cumul que nous subissons depuis des décennies. On est face à une réalité peu reluisante… De très nombreux ministres ont défilé, rien n’a été modifié, ou changé en bien… S’il y a un problème de communication au niveau des institutions, c’est parce qu’il n y a pas de projets et que nous manquons de structure, face à un nivellement vers le bas de plus en plus affligeant, qui ne pousse pas l’artiste à l’échelle individuelle à avancer, à se surpasser, à créer ici et à aller de l’avant».


Lassaâd Ben Abdallah– Dramaturge, comédien, metteur en scène : « Est-ce que nous avons su répondre par des solutions à une crise aussi exceptionnelle ? On aurait pu réfléchir à des solutions alternatives pour une situation exceptionnelle… et à une situation exceptionnelle, il faut des mesures exceptionnelles.


Le digital a montré ses limites. On parle des arts vivants et de la présence, pas des arts de l’absence. Le digital n’a de valeur que de témoignages et d’archivage même quand c’est du live. Les plateformes du cinéma ont activé une certaine dynamique et ça a duré pendant le confinement. C’est différent pour l’art vivant. Est-ce que c’est la solution ? Est ce qu’on s’est posé les bonnes questions, trouver de bonnes alternatives ? Et la crise persiste… ici et ailleurs. Il faut poser les vraies questions et leur donner de réponses. Il faut s’interroger pour arriver à un juste milieu qui est de faire travailler les artistes. Il y a des jauges à étudier aussi, actuellement. A 30% d’appui, c’est peu. Il n y a pas de réflexions de base. Et c’est problématique.


En pleine pandémie, qui surprend tout le monde et qui dure, il faut trouver de nouvelles stratégies. Je fais partie de ce secteur, et je suis actant. La question qu’il faut se poser ça sera autour des renouvellements des politiques culturelles qui ne sont plus nationales mais locales et qui ne se sont pas faites. Les politiques culturelles remontent à l’époque de feu Chedli Klibi. Ensuite, on a plâtré sur des années, sans visions concrètes renouvelées. Même en Occident, il y a eu une secousse … Il a fallu des efforts monstrueux pour subvenir aux besoins des artistes. Mais avec des moyens limités comme les nôtres, que peut-on faire sans se victimiser ? Que pouvonsnous faire des budgets des festivals de l’année dernière et de cette année ? Comment peuton les utiliser face à l’arrêt des festivals ? En travaillant avec un protocole sanitaire strict, les questions se posent aussi, d’un point de vue logistique qu’il faut réussir. Est-ce qu’il fallait arrêter les manifestations ou les festivals en guise de solution ? A-t-on épuisé toutes nos ressources autour de cette réflexion ou avons-nous opté pour la solution de facilité ? Une facilité à prendre avec des pincettes car nous sommes le secteur qui a été le plus endommagé par cette pandémie. Pourquoi nous ? Des initiatives peuvent se créer pourtant … Les jeunes, pendant cette crise, n’étaient pas correctement scolarisés, des clubs artistiques réduits auraient pu voir le jour autour d’activités diverses, mais rien … On aurait pu joindre plusieurs bouts, au lieu de tout fermer».

Face à l’annulation et au report des festivals : La colère gronde
Statut de l’artiste : Entre interrogations et résignation
PORTRAITS / PÊLE - MÊLE 8 / 15 / 2021

Statut de l’artiste : Entre interrogations et résignation

S’interroger sur le statut de l’artiste en pleine période de flottement artistique est justifié. La carte professionnelle définit-elle l’artiste ? Reflète-t-elle son art ? Le valorise-t-elle? Etoffe-t-elle le statut de l’artiste déjà flou, ou au contraire, pourra-t-elle provoquer un changement au niveau des institutions ? Parole libre aux artistes.


Ichraf Sallem, chanteuse d’opéra


« Pour l’opéra, le marché est déjà très restreint. Les concerts ne se font pas beaucoup chaque année… et maintenant, avec le covid-19, il n’y a plus rien. Pour ma part, l’enseignement a été une alternative de survie. Je n’aurais pas pu me contenter des spectacles seulement. Pour la carte pro, j’ai pu avoir la mienne cette année pour la première fois. Les diplômés peuvent l‘avoir d’office et les amateurs doivent passer des auditions. Je trouve que c’est un mode de fonctionnement injuste parce qu’il crée des inégalités : entre quelqu’un qui a fait tout un parcours académique, universitaire et un amateur, qui exerce parce qu’il est mélomane ou simple passionné : on se retrouve, au final, sur un pied d’égalité… et c’est dévalorisant. Cependant, je ne généralise pas : je trouve que de nombreux amateurs méritent amplement la carte pro et sont doués. Auprès de certains recruteurs, posséder la carte est primordiale et définit l’artiste, hélas… Dans mon cas, je n’ai pas fait usage de ma carte encore. On verra… Elle peut nous être utile pour les formalités administratives, pour le visa… Si le système doit changer, je suis pour parce qu’il reste foncièrement discriminatoire. Malheureusement, à l’Institut Supérieur de Musique, les étudiants affluent de moins en moins sur la formation académique, parce qu’ils sont conscients, qu’au final, ils peuvent obtenir cette carte professionnelle, facilement et autrement que d’entamer des études. Ce système nuit déjà à l’enseignement supérieur face à des étudiants de moins en moins présents, des enseignants qui partent et nous assisterons à un délitement progressif du secteur. Il n’y a plus de niveau, en plus, entre professeurs et autres, formés ailleurs ou autodidactes : la différence est fine voire inexistante, puisque tout le monde a sa carte au final… Personnellement, en tant que professionnelle, je préfère faire appel à un amateur passionné que de travailler avec quelqu’un de beaucoup plus formé sur le plan universitaire, ou académique et qui pourrait être réticent, ou exigeant… J’espère voir un jour notre statut de « chanteurs d’opéra » sous de meilleurs auspices et légal. »

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Yasser Jradi , artiste musicien et auteur compositeur


« Ce hic m’a personnellement nui. J’ai fait des études à l’école des Beaux-arts, et parallèlement, j’ai entamé un parcours en musique, qui m’a finalement beaucoup plus attiré. Je suis autodidacte et ayant un souci de lecture, je n’ai pas pu passer le concours d’obtention de la carte professionnelle et je n’ai pas moyen de l’avoir. J’ai subi de nombreux refus de concerts et de participation à des festivals… y en a d’autres qui acceptent avec cette diminution de 17% effectuée parce qu’on n’a pas de carte pro… C’est dévalorisant. Cette carte définit l’artiste, non pas son art. C’est tellement administratif comme système. En l’absence de critiques artistiques qui peuvent modérer, sensibiliser davantage quant à ce dysfonctionnement… les choses ne peuvent pas changer facilement. Dans l’histoire de l‘art, les critiques ont un impact et sont annonciateurs de changements ou sinon, c’est l’embrouille… J’ai du mal à participer facilement aux festivals. Avant, à Hammamet et Carthage, on m’a appelé mais je ne peux pas aller vers eux. Auparavant, pour le festival de la Médina, il y a eu une fois où je m’étais embrouillé avec les organisateurs qui m’avaient contacté en 2011, mais quand moi j’ai voulu y participer plus tard, j’ai essuyé un refus de leur part, sous prétexte que « c’est la loi ». Ce système est ridicule et les autorités restent silencieuses. Pour avoir la paperasse, si on ne l’a pas aussi cette carte, ça peut traîner … quand on m’invite à l’étranger, des refus de visa peuvent se faire encore et toujours. Ça dépend des hôtes. La solution serait que le système devienne plus artistique et moins administratif…»

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Rym Charfi alias Noy Ara, artiste-DJ


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Statut de l’artiste : Entre interrogations et résignation
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