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« Los Van Van » au FIH : Une touche musicale cubaine
REVIEWS & CRITIQUES7 / 30 / 2022

« Los Van Van » au FIH : Une touche musicale cubaine

Une musique outre-Atlantique, venue de Cuba, a fait chanter et danser les Tunisiens pendant presque deux heures. Les membres de «Los Van Van» ont mis le feu à la scène du théâtre plein air de Hammamet dans le cadre de la 56e édition du FIH.


Les amoureux du tango, de la salsa et du flamenco étaient présents. D’autres, plus curieux, voulant juste partir à la découverte, ont savouré le concert. Quelques-uns ont dû quitter, trouvant le rythme assez redondant ou pas assez à leur goût. La soirée «Los Van Van» a opéré, tel un souffle musical nouveau, recherché, exotique. L’Amérique latine et spécialement la musique cubaine font voyager. Dès les premiers instants du concert, entre puissantes voix, mouvements, danse et une floraison de belles paroles adressée au public, une connexion forte entre artistes et spectateurs s’est aussitôt entretenue sur presque deux heures de musique.


Il y a à retenir ce langage des corps, des voix, des rythmes sonores, qui donnent lieu à une ambiance cubaine : cette atmosphère se vit sans forcément comprendre et les compliments des artistes et les chansons chantonnées en espagnol, et qui reste soutenue par le chœur des musiciens instrumentalistes présents également sur scène. «Los Van Van» existe depuis 1969 et n’a cessé de muter depuis, devenant une valeur sûre de la chanson latine à l’échelle locale, mais aussi à l’international. Sa musique est un mélange de timba et de salsa cubaines. Ce répertoire aux multiples dérivés musicaux est transmis grâce à la présence scénique unique des membres de ce groupe.


Les «Los Van Van» ont vu le jour grâce au bassiste-compositeur du groupe, le dénommé feu Juan Formell, de José Louis Quintana, connu sous le surnom «Chinguito» et de César «Pupy» Pedroso. Leur conflit phare a fait écho en 2018, depuis le décès de leur leader, Juan Formell, quelques années auparavant. L’album qui s’appelle «Legado» est une création discographique au succès considérable.

« Los Van Van » au FIH : Une touche musicale cubaine
« Son Lux » au FIH : Un lâcher-prise auditif
REVIEWS & CRITIQUES7 / 25 / 2022

« Son Lux » au FIH : Un lâcher-prise auditif

Le groupe américain «Son Lux» a posé ses valises le temps d’un concert à Hammamet, au théâtre plein-air de la ville. Un lieu qui leur a permis de mener à bout leur live, selon les dires de Ryan Lott, leader du groupe. En effet, «Son Lux» s’imprègne des lieux dans lesquels il joue pour créer.


Rythmes lents et doux, notes musicales qui effleurent l’esprit et éveillent les sens. Les membres du groupe «Son Lux» ont assuré leur performance sur 1h30 de temps. Une prouesse qui se vit pour un public amoureux de ce registre distingué. Ryan Lott au piano et au chant, Rafiq Bhatia à la guitare et Ian Chang à la batterie fusionnent habilement leur savoir-faire. Une complicité à l’origine de la création de ce trio. «Son Lux» est initialement un projet solo conçu par Ryan Lott, et qui est devenu célèbre grâce au morceau «Easy», bande originale du film «Mon Roi» de Maiwenn. Leur répertoire est expérimental, aux sonorités pop, psychédéliques, électro.


Le concert démarre sans sa présentation habituelle : consigne du groupe afin qu’il puisse garantir aux mélomanes présents une immersion rapide dans leur univers sonore. Le groupe a déjà de nombreuses créations sonores depuis son lancement : une dizaine d’albums et de LPI et des collaborations. Le cinéma s’inspire davantage de ses compositions (Ou c’est peut être le groupe qui se tourne de plus en plus vers le cinéma). La B.O. d’un film, sorti récemment, contient un morceau titré «Everything Everywhere All at Once» et tournera en ligne et sur les plateformes de streaming. Un track qui a d’ailleurs été joué en exclusivité pendant le concert afin de bien clôturer l’évènement.


«Nous sommes heureux d’avoir si bien été reçus en Tunisie. Nous espérons que notre savoir-faire a donné un résultat à la hauteur des attentes du public tunisien», a déclaré Ryan Lott, leader du groupe lors d’un point de presse. La musique de «Son Lux» prône la diversité et se veut intimiste, émotionnelle. Rafiq Bhatia, guitariste du groupe, est revenu sur l’importance de posséder une richesse musicale et ethnique. Un savoir-faire précieux qui sera systématiquement mis en œuvre pour créer musicalement. «Son Lux» s’est frayé un chemin propre à lui et sa prouesse en dit long sur son travail scénique poussé. Akacia production, booker de « Son Lux » et société de production prévoit de faire appel à d’autres artistes internationaux de renom : cet été, Faia Younen est programmée au festival de Tabarka et à Kasserine, Faraj Suleiman se produira sur la scène de Carthage le 27 juillet 2022. Dalal Abu Amnah, Marcel et Bachar Mar-Khalifé, Kurt Rosenwinkel assureront quelques soirées à venir du festival de Hammamet. Gultrah Sound System, Yuma, Ghalia ben Ali et LABESS sont également prévus. Le Festival de Hammamet enchaîne les artistes internationaux : la prochaine soirée est consacrée à Faouzia, idole montante d’une jeune génération de jeunes fans. Son concert est «Sold Out» depuis une dizaine de jours.

« Son Lux » au FIH : Un lâcher-prise auditif
Bab L’Bluz au FIH : Musique du monde
REVIEWS & CRITIQUES7 / 23 / 2022

Bab L’Bluz au FIH : Musique du monde

Ces musiciens rempilent en Tunisie pour un 2e concert en une année. Bab L’Bluz s’est emparé de la scène du théâtre de plein-air de Hammamet le temps d’une soirée haute en sonorités.


La première rencontre avec le public tunisien a eu lieu en mars 2022 au Kef, dans le cadre du Sicca Jazz. En été, ces mêmes artistes n’ont pas manqué de répondre à l’appel des programmateurs de la 56e édition du FIH. Une popularité grandissante du quatuor en Tunisie est en train de se créer, tout comme en France, ou au Maroc.


Maniant habilement une musique «Blues», «Gnawa», «Rock», «Jazz», «Hassaini» ou «Psychédélique», «Bab L’Bluz» a conquis le public présent. Yousra Mansour, leader du groupe, n’a cessé d’exprimer son enthousiasme et son bonheur d’être sur place à travers son art et sa présence magnétique sur scène.


Guitariste, et fondatrice du groupe, elle avait à ses côtés Brice Bottin, producteur et guitariste, Jérome Bartolomet et Hafidh Zouaoui. Le quatuor uni et harmonieux met en valeur le guembri, instrument riche d’une histoire africaine unique.


Entre rythmes plus lents, et d’autres plus soutenus, le groupe a fait vibrer la foule et devient générateur d’un répertoire propre à lui : ouvert sur le monde, universel et prônant des valeurs humaines. Des morceaux transcendés par une poésie féminine unique, forts de leur écriture ficelée. Des morceaux de l’album «Nayda» ont été chantés pendant tout le concert.


Oscillant entre patrimoine musical africain, entre traditions et modernisme, leur musique traverse et les cultures et le temps. D’autres instruments comme l’«aouicha» et la flûte se sont fait entendre. Bab L’Bluz s’inscrit dans une musique alternative foisonnante émanant des deux rives de la Méditerranée et qui puise son identité du continent africain et de sa richesse musicale.

Bab L’Bluz au FIH : Musique du monde
Adonis Band & Hayder Hamdi au FIC : L’alternatif à l‘honneur
REVIEWS & CRITIQUES7 / 21 / 2022

Adonis Band & Hayder Hamdi au FIC : L’alternatif à l‘honneur

Le FIC convie, en une seule soirée, une poignée d’artistes-musiciens, tisseurs de musique alternative tunisienne et libanaise. A l’honneur sur scène, le groupe libanais « Adonis », précédé par Hayder Hamdi et ses acolytes, artiste local montant de sa génération.


Entre romance, mots d’amour libanais, déclarations d’amour à la patrie, le groupe Adonis a conquis les fans majoritairement jeunes, présents dans l’enceinte de l’amphithéâtre de Carthage lors de la soirée du 19 juillet 2022, consacrée aux jeunes talents émergents tunisiens et libanais. Spectacle musical attractif par sa scénographie, puisée dans une maîtrise de la lumière et par l’aura et la présence de ce jeune quatuor, « Adonis » a interagi avec son public pendant une heure de temps sur scène en deuxième partie de soirée… laissant les fans les plus assidus sur leur faim.


Entre ballades amoureuses et rythmes chantant les aléas de la jeunesse libanaise, souvent sujettes à des tourments sociaux, politiques et économiques, leur « indie-pop » finit par toucher, un audtoire arabe, tunisien, voire occidental. Entre ancien registre, émanant de leur début et nouveaux morceaux musicaux écrits et parus plus récemment, le groupe a satisfait les attentes d’un public connaisseur peu nombreux. « Le bel Haki », « Bass bi Hal », « Al Khafif » et une reprise de l’iconique Fayrouz ont retenti pendant la soirée. Le groupe a commencé sa percée dans le monde musical depuis 2011, en prônant son appartenance à la patrie libanaise et en mettant en avant son identité. Les membres d’« Adonis » font de la musique alternative recherchée et disent suivre de près l’effervescence de la scène musicale tunisienne. Ils ne sont pas contre l’idée de collaborer avec des artistes tunisiens. « La musique adoucit notre quotidien, elle fait partie de nous-mêmes. Nous vivons de musique !», déclare Anthony, l’un des membres fondateurs du groupe lors d’un point de presse. Paroles adoucissantes d’un quatuor de virtuoses passionnés, composé par Anthony Khoury, Joey Abu Jawdeh, Gio Fikany et Nicola Hakim.


Le Liban est sans cesse secoué par des crises dont l’explosion de Beyrouth en 2021, pourtant le groupe ne cesse de chanter un registre souvent criant de vie et pétillant : une façon pour ses membres de lutter pour une existence plus apaisante et inspirée. Le groupe collabore sur des plateformes de streaming et d’écoute mondialement connues. Belle découverte programmée lors de la 56e édition du festival de Carthage.

Adonis Band & Hayder Hamdi au FIC : L’alternatif à l‘honneur
«Original Fusion» de Zouheir Gouja : Une immersion sonore nouvelle
REVIEWS & CRITIQUES7 / 18 / 2022

«Original Fusion» de Zouheir Gouja : Une immersion sonore nouvelle

Chorégraphies, chants, rythmes occidentaux et traditionnels ont fusionné dans «Original Fusion», dernière création de Zouheïr Gouja, réalisée pour le Festival international de Hammamet. Une 2e soirée découverte consacrée aux mélomanes.


«Mazij» ou «Original Fusion» se caractérise par la participation collective de musiciens, d’instrumentistes et de chanteurs. 100 min d’un spectacle, fort d’une scénographie, adapté à l’espace plein-air mythique de la ville d’Hammamet. La maîtrise de la sono et de la lumière prend d’assaut le public, emporté et réceptif. Un répertoire musical unique émane de Cette création menée par Zouheïr Gouja sur scène et son équipe.


«Original Fusion» est l’aboutissement d’un travail d’équipe qui a vu le jour dans le cadre d’une résidence d’artistes d’une durée de 9 mois, et qui a eu lieu au Centre culturel international d’Hammamet : Dar Sebastian. Le patrimoine musical ancien de la Tunisie a été ré-exploité à travers des sonorités modernes et électro, et enrichi par d’autres disciplines scéniques comme la danse.


«Mazij», titre en langue arabe, puise sa pertinence de cette recherche approfondie dans la genèse du patrimoine musical riche, existant aux quatre coins de la Tunisie. Un patrimoine musical ancien, aussi riche que le tunisien, doit être en premier lieu découvert par les Tunisiens avant d’être exporté dans le monde. Des Tunisiens qui restent peu connaisseurs de leur richesse musicale. La danse enrichit la transe scénique dans le spectacle «Mazij». Le spectacle est universel et se détache d’un contexte temporel précis. Il concilie l’histoire de la musique tunisienne avec son devenir et son présent. «Mazij» ou «Fusion» s’adresse à différentes générations. Son ouverture demeure son point fort.


Le Festival international de Hammamet a consacré la soirée suivante du 16 juillet 2022 à Sabry Mosbah, un des artistes les plus prolifiques de sa génération. Le musicien a toujours chanté son appartenance à sa patrie et son identité tunisienne à travers ses chansons et ses albums. Il a fusionné musique tunisienne rythmique, dialecte tunisien et sonorités occidentales.



«Original Fusion» de Zouheir Gouja : Une immersion sonore nouvelle
 L’exposition «Abd el-Kader» au MUCEM de Marseille : L’Émir aux multiples dimensions
REPORTAGES6 / 29 / 2022

L’exposition «Abd el-Kader» au MUCEM de Marseille : L’Émir aux multiples dimensions

Jusqu’au 22 août 2022, une exposition autour de la vie et des accomplissements de l’émir Abd el-Kader, personnalité algérienne historique, se déroule au Mucem de Marseille. L’évènement brille par sa dimension intellectuelle et historique.


Visiter l’exposition Abdelkader au musée le Mucem à Marseille, c’est prendre la pleine mesure de l’immense parcours du premier fondateur de l’Etat algérien. Des pièces issues de collections privées, encore jamais vues, mettent davantage de lumières sur l’héritage de l’émir Abdelkader. Portraits, correspondances, effets personnels, repères temporels et extraits sonores, la visite est immersive et interactive dans l’univers Abdelkader.


L’exposition réunit près de 250 œuvres et documents, issus de collections publiques et privées françaises et méditerranéennes qui proviennent des archives nationales d’outre-mer, la Bibliothèque nationale de France, les Archives nationales, le château de Versailles, le musée de l’Armée, le musée d’Orsay, le musée du Louvre, la chambre de commerce et d’industrie Aix-Marseille, La Piscine de Roubaix…


Dans la journée du 8 juin 2022, ils sont une vingtaine de visiteurs à déambuler d’une pièce à une autre dans la salle du Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée qui abrite l’exposition. Certains font la visite en solo, d’autres sont accompagnés, on ne remarque pas d’enfants mais des visites scolaires ont été programmées.


Vigilant, les yeux grands écarquillés, les visiteurs s’attardent devant chaque objet et prennent le temps de lire les descriptions qui les accompagnent. Certains notent des informations sur leurs carnets, d’autres prennent des photos. Trois vigiles patrouillent et rappellent aux visiteurs les règles, dont celle de désactiver le flash des appareils photo pour ne pas abîmer les œuvres. Un intérêt collectif se fait sentir. Lumière tamisée, ambiance silencieuse, on entend parfois des commentaires qui échappent aux plus admiratifs « impressionnant », « étonnant », « incroyable ». L’exposition captive.


Amel, une Algérienne de 35 ans, était en vacances à Marseille au mois de mai. L’exposition de l’émir Abdelkader était au programme de ses vacances. « J’ai découvert l’exposition sur les réseaux sociaux. Elle a été largement relayée sur twitter et Facebook. J’avoue ne pas très bien connaître le parcours de l’émir Abdelkader. On nous l’a enseigné au collège, et le peu que j’ai retenu est qu’il est le fondateur de l’État algérien. Pour moi c’était un homme politique mais aujourd’hui je découvre un homme de savoir, un humaniste. J’en sors enrichie et je vais m’y intéresser davantage », confie Amel.


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Omar, un Algérien à la retraite, s’est contenté de découvrir l’exposition sur l’émir Abdelkader à travers le site du Mucem. « Abdelkader déchaîne les passions entre l’Algérie et la France. C’est un homme à qui nous avons collé énormément d’étiquettes. Je pense que les plus virulents à son égard devraient visiter cette exposition car beaucoup de choses nous échappent sur le parcours de l’émir», commente-t-il.


Les ouvrages consacrés à l’émir Abdelkader et les projets de recherche ont traversé le temps et l’histoire. La première biographie de l’émir Abdelkader « La vie d’Abd El-Kader» de Charles-Henry Churchill a été éditée en 1867. En 1869, âgé seulement de quatorze ans, le lycéen Arthur Rimbaud participe à un concours académique. Le génie rimbaldien va en faire un poème de quatre-vingt-trois vers, rédigé en latin en l’honneur de l’Émir Abdelkader.


Malgré les travaux de recherches existants, certains estiment que son œuvre reste méconnue. Mohamed, un Algérien qui s’intéresse au parcours de Abdelkader depuis des années, estime que l’émir reste méconnu même dans son propre pays: « un Abdelkader poète, penseur, écrivain. Un Abdelkader philosophe, vivant pleinement sa passion intellectuelle même aux pires moments de la résistance. Cet Abdelkader devrait être connu de tous » ,déplore-t-il.


Les pièces exposées au public sont comme une invitation à l’imaginaire. Un caftan de l’émir Abdelkader offert au musée historique de l’armée en 1897 par l’un des fils d’Abdelkader, l’émir El Hachemi, nous laisse imaginer la taille et la carrure d’Abdelkader.


Un gilet, offert par l’émir à un plombier du château avant son départ, nous renseigne sur les rapports qu’il entretenait avec les gens qui l’entouraient. Des chéchias en fibres de textile démontrent son goût pour les belles choses. Des correspondances témoignent également de rapports entretenus avec des personnes durant sa captivité.


Pour une immersion interactive, le Mucem a mis en place un dispositif multimédia qui permet au public de se transporter dans la toile de « la Prise de la smalah d’Abeldelkader », peinte par Horace Vernet en 1845. Un tableau aux dimensions considérables de 21 mètres sur 5,5 m, conservé au musée de l’histoire de France de Versailles et immense pour pouvoir être transporté, selon les organisateurs.


Les inédits de l’exposition Abdelkader


Ce qui fait la particularité de l’exposition Abdelkader ce sont les pièces inédites. De nombreux objets appartenant à l’émir Abdelkader n’ont jamais été exposés.


Camillle Faucourt, conservatrice du patrimoine et responsable du pôle de collection Mobilités et Métissages au Mucem, explique que les pièces inédites viennent de la collection privée du Cheikh Bentounes de la confrérie soufie Alawiyya. «Cheikh Bentounes nous a prêté un certain nombre d’objets de l’émir acquis récemment et qui n’ont jamais été exposés. À l’entrée de l’exposition, il y a une sacoche de selle qui a appartenu à l’émir, des couffes « chéchia », les silsilas, des chapelets. Ces objets, parmi d’autres de la collection Bentounes, n’ont jamais été montrés dans un musée national en France», souligne-t-elle.


Les descendants du capitaine Estève-Laurent Boissonnet ont conservé des bijoux que la mère de l’émir Abdelkader a donnés au capitaine en remerciement de son aide pendant la captivité. Ces bijoux sont également des pièces inédites exposées au Mucem.


Pour Camillle Faucourt, l’exposition s’intéresse également à la période de la captivité de l’émir Abdelkader en France : un épisode resté marginalement exploré par les historiens.


« Les travaux de recherche récente qui ont été publiés par l’un de nos conseillers scientifiques, Ahmed Bouyerdene, nous ont permis d’approcher au plus après les conditions difficiles de la captivité. Ahmed Bouyerdene a travaillé sur la période de la captivité de l’émir Abdelkader en France et il a notamment exploré de nombreux dépôts d’archives départementaux et régionaux mais aussi les archives nationales d’outre-mer à Aix-en-Provence. Dans ces archives, il y a des rapports, des échanges de lettres, des rapports militaires qui ont permis d’approcher au plus près les conditions difficiles de la captivité » souligne-t-elle.


Sur les 48 premiers jours, l’exposition Abdelkader du Mucem a accueilli 40.000 visiteurs, ce qui correspond à une moyenne de 820 visiteurs par jour. L’exposition se poursuit jusqu’au 22 août 2022.


*Ce reportage a été réalisé dans le cadre d’une formation en journalisme organisée par « Médias & Démocratie ».


Haithem HAOUEL et Latifa Abada (journaliste algérienne)


L’exposition «Abd el-Kader» au MUCEM de Marseille : L’Émir aux multiples dimensions
Hubert Tardy-Joubert, directeur de l’Institut Français de Tunisie : « La langue française est une langue Monde »
ENTRETIENS6 / 27 / 2022

Hubert Tardy-Joubert, directeur de l’Institut Français de Tunisie : « La langue française est une langue Monde »

Les initiatives prises par l’Institut Français de Tunisie entretiennent la francophonie et consolident l’enseignement de la langue française sur tout le territoire tunisien mais également à l’étranger. Le directeur de l’IFT, Hubert Tardy-Joubert, revient sur les accomplissements, partage une vision globale future en soulignant les enjeux majeurs cruciaux pour l’institution. Entretien.


L’Institut Français de Tunisie vit au rythme de nombreux événements. Votre participation remarquée au festival «Etonnants voyageurs» à Saint-Malo compte parmi les derniers en date…


C’est un festival international de littérature qui part du principe que la langue française est une « langue Monde», qui ne concerne pas uniquement des auteurs français mais également de nombreux autres venus des quatre coins du monde. «Etonnants voyageurs» existe depuis longtemps. On a noué des liens avec l’équipe du festival à l’occasion du «Congrès mondial des écrivains français » qui s’est tenu en septembre dernier à Tunis. Dans le cadre de ce congrès, on avait pensé à une participation des écrivains tunisiens à Saint-Malo, avec des éditeurs, écrivains, cinéastes qui a finalement vu le jour. Là-bas, les écrivains tunisiens ont rencontré le public, participé aux activités du festival, discuté avec d’autres écrivains venus d’autres horizons, présenté leurs projets et leurs visions de la Tunisie pendant quelques jours. Ces mêmes participants-écrivains appartiennent à plusieurs générations : ils défendent différentes problématiques, ont différents points communs, mais ensemble, ils traitent de la Tunisie contemporaine. Tout le monde peut ainsi voir à quel point la littérature francophone peut raconter la société tunisienne. Il y avait quelques maisons d’éditions tunisiennes qui ont pu présenter leurs ouvrages et obtenir de potentiels partenariats entre maisons d’éditions tunisiennes et francophones. La diffusion des auteurs tunisiens au-delà de la Tunisie reste essentielle.

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«Le français : langue Monde» : les évènements littéraires font partie intégrante de votre programmation et sont de plus en plus visibles en ligne ou en présentiel. Est-ce une manière d’entretenir la francophonie ?


La Langue française se joue dans les classes. C’est, certes, une langue d’enseignement en Tunisie, mais l’entretenir en dehors des salles des classes est tout aussi important : les conversations quotidiennes, le fait de lire, d’entretenir ce rapport à la culture francophone dans sa diversité est crucial. Nous accueillons des écrivains francophones, français et venus d’autres horizons ici à l’Institut Français de Tunisie pour qu’ils puissent parler de leurs livres, rencontrer leur public et pour qu’ils organisent des tournées ailleurs qu’à Tunis, dans les régions, en bénéficiant de cette diversité du public et des lieux pour présenter leurs ouvrages. «Le prix Goncourt : choix de la Tunisie» s’est tenu il y a quelques mois avec 400 lycéens de différents lycées tunisiens. C’était extraordinaire de voir ces lycéens défendre leurs livres préférés devant un jury. Il y a aussi «Le concours de l’éloquence», organisé en collaboration avec l’Atpf (Association tunisienne des Professeurs de français). On propose un sujet à des lycéens et collégiens tunisiens à traiter et à présenter ensuite, face à un jury. On désigne au final un lauréat. Le concours des médiathèques est en cours aussi. A Kairouan, une action autour de la lecture a été menée avec succès et qui consiste à inciter la jeunesse de Kairouan à la lecture et à l’emprunt et aux échanges de livres. L’action s’appelle «Mon été en livre à Kairouan». C’est une manière de dynamiser la pratique de la langue française.


«La nuit des Idées » est désormais un événement annuel prisé. Quelle importance revêt son maintien ?


L’IFT travaille toujours en partenariat et « La nuit des idées » permet d’agir en réseau à l’échelle du territoire tunisien : à Sousse, Sfax, Bizerte, Kairouan, Gafsa, Djerba. Des programmes autour du thème « Reconstruire ensemble » ont été proposés et à Tunis, on a travaillé en réseau avec différents partenaires. On a commencé à la Médina en valorisant le patrimoine, l’histoire, en passant ensuite dans des lieux d’art à Tunis, en évoquant l’architecture et diverses thématiques… On essaie de susciter un dynamisme culturel et de travailler surtout de manière collective.


Depuis votre prise de poste, votre vision future de l’Institut Français de Tunisie s’inscrit-elle dans une continuité ?


Il y a des initiatives qui restent forcément dans l’ordre de la continuité. La coopération s’inscrit sur la durée. Il y a celles portées précédemment et récemment et qui méritent d’être poursuivies. Notre vision première est de travailler avec et pour la jeunesse tunisienne. C’est notre public cible et notre priorité. De travailler avec cette jeunesse dans tout le territoire et non pas seulement à Tunis. On est dans pas moins de 16 endroits du pays. Nous tenons à toucher la jeunesse des régions et de l’intérieur en inscrivant cette culture francophone et en la consolidant à travers l’élaboration de plusieurs initiatives mais aussi à travers des tournées. En 2023, la décentralisation prendra davantage effet sous un format innovant.


L’institut Français de Tunisie est présent à Sousse et à Sfax également. Est-ce qu’il s’agit d’une dynamique de travail autre ?


Elle s’inscrit dans un cadre général : celui de la coopération culturelle. En fonction de la singularité du public sur place, ils peuvent monter des actions régulières. Des projets sont en cours de concrétisation : l’année prochaine aura lieu l’inauguration du nouvel Institut Français à Sousse. Beaucoup plus spacieux avec un centre de langue, une salle de cinéma, un espace Campus France, une grande médiathèque… Un espace qui permettra de réagir d’une manière beaucoup plus impactante à l’échelle locale.


Quel rôle joue l’Institut Français de Tunisie dans la consolidation de l’enseignement de la langue française dans le pays ?


Il y a plusieurs modes d’action : il y a les activités du centre de langues de l’Institut Français qui donnent des cours de langues avec des certifications adressées à un public scolaire, de jeunes adultes et à des professionnels des entreprises, désireux de renforcer les compétences en langue française des salariés. Les réseaux des écoles à programme français en Tunisie : le réseau «Tunisie pilote» compte plus de 17.000 élèves tunisiens scolarisés dans ces écoles réparties dans tout le territoire tunisien. Une coopération / dialogue diplomatique avec le ministère tunisien de l’Education est en cours de développement : il aura pour objectif de consolider l’enseignement de la langue française.


Le 18e sommet de la Francophonie à Djerba est attendu pour les 19 et 20 novembre 2022. Pouvez-vous nous en dire davantage sur votre apport à cet événement ?


C’est un sommet organisé par les autorités tunisiennes. On est susceptible de répondre à certaines demandes des autorités, de contribuer à renforcer notre participation au pavillon français à Djerba et de faire des propositions dans le cadre de la programmation. On y travaille de notre côté, et c’est en cours de finalisation. Dès septembre, on s’inscrira dans une dynamique de communication autour du «sommet». La thématique du sommet a trait au numérique et à son lien à l’éducation, il y aura une programmation tournée sur ce volet. Les outils numériques et digitaux qui visent à renforcer l’enseignement de la langue française seront mis en avant. Nous mettrons aussi en valeur la poésie francophone sans oublier l’élaboration d’une programmation musicale et la participation d’auteurs et écrivains.


Qu’avez-vous de prévu pour la rentrée de 2022 ?


L’un des événements majeurs qui verra le jour dans le cadre de la programmation de la rentrée c’est l’organisation d’une biennale internationale de photographie «Jaou Photo», organisée avec la fondation Kamel Lazaar, et qui aura pour thème «Le corps dans tous ses états». C’est un événement qu’on construit de manière partenariale avec de grands noms internationaux de la photographie et de l’art contemporain. Il y aura des commissaires de renom. Des expositions dans l’espace public seront organisées afin d’atteindre le grand public. L’enjeu c’est de pouvoir mettre en relation les photographes tunisiens avec la scène internationale en faisant ainsi en sorte que les professionnels tunisiens rencontrent leurs confrères à l’étranger : symposiums, débats, expositions, vernissages sont attendus. Nous essaierons de faire de Tunis une «capitale de l’Image».


Le 29 juin 2022 est une date consacrée à un autre axe tout aussi majeur pour l’Institut Français, autour du renforcement de la société civile…


Il s’agit de l’événement «Initiatives : partenariats et programmes européens avec la société civile», qui se tient à l’occasion de la clôture de la Présidence française du Conseil de l’Union Européenne, organisé à l’IFT de 15h00 à 22h00. On rassemblera des partenaires européens et des organisations de la société tunisienne, toujours afin d’appuyer le tissu associatif et l’engagement de la société civile. L’événement est ouvert au public.

Hubert Tardy-Joubert, directeur de l’Institut Français de Tunisie : « La langue française est une langue Monde »
Brocanteurs et antiquaires exposent à la Marsa : Une invitation à la découverte
PORTRAITS / PÊLE - MÊLE 6 / 26 / 2022

Brocanteurs et antiquaires exposent à la Marsa : Une invitation à la découverte

Un évènement dédié aux brocanteurs s’est organisé sous les gradins de la salle de sport Raja-Haider à La Marsa : lieu insolite qui fait office, depuis quelques semaines, d’un salon de brocanteurs, venus exposer et vendre toutes sortes de pièces rares, uniques, souvent anciennes, mais aussi modernes.


Dès 8h00, les exposants se ruent sous des gradins, prêts à accueillir une clientèle souvent curieuse, amatrice d’objets rares, collectionneurs, ou de passage dans cette zone de la Ville de La Marsa. Un quartier très fréquenté par les habitants et les visiteurs, puisqu’il donne sur l’autoroute principale. Un endroit stratégique, bien indiqué, qui ne laisse pas indifférent, même sous un soleil de plomb. Dans la journée, les visites restent peu fréquentes, mais en fin d’après-midi, le lieu est plus vivant, frais et animé et reste ouvert jusqu’à 22h00. La municipalité a autorisé le maintien de cet évènement pendant les weekends et durant l’année.


Des objets de décoration, théières, assiettes, bols, services, tasses de thé, de café, de l’argenterie, des miroirs, des chinoiseries, d’anciennes portes, cadres en tout genre, tables, bibelots, mugs, chaises, fauteuils, tapis, poignées de portes longent la longue allée sous les gradins du complexe sportif, à l’ombre. Une aile du lieu qui reste facilement accessible grâce à une indication visible sur la route. Cette enfilade d’arcades, occupées par des brocanteurs, désireux de vendre, paraît comme un marché de brocante, pas différent de ceux qu’on trouve à Paris ou dans des villes européennes. Ce marché/salon réunit des brocanteurs-participants, venus de plusieurs régions, qui vendent des antiquités, certes, mais aussi des nouveaux objets.


Ce salon d’antiquité se tiendra encore à l’année sous la houlette de ces 23 brocanteurs-organisateurs qui ont relevé le défi. «Le salon a été pensé comme un marché aux puces d’antiquités, maintenu dans une ambiance accueillante et festive. Les brocanteurs ont ramené le meilleur à exposer de chez eux à l’occasion. «Au lieu de le faire chez eux, ou dans leurs lieux de vente, autant le faire ici», déclare Mme Lilas Abbès-Turki, brocanteuse. Les visiteurs auront l’embarras du choix entre découvrir, regarder, acheter, avoir plusieurs avis, connaître des anecdotes ou être conseillés. C’est aussi l’occasion de se créer des liens entre passionnés, spécialistes en brocanteries et antiquaires.

Brocanteurs et antiquaires exposent à la Marsa : Une invitation à la découverte
L’In’art Hammamet fête la journée internationale de la Musique : Place au Stambali
PORTRAITS / PÊLE - MÊLE 6 / 22 / 2022

L’In’art Hammamet fête la journée internationale de la Musique : Place au Stambali

Un clin d’œil au patrimoine musical est prôné par l’équipe à la tête de l’espace In’art à Hammamet. À l’occasion de la Journée mondiale de la musique 2022, un spectacle Stambali s’est déroulé sur un toit à la vue panoramique donnant sur le golfe de la ville.


Habitants des environs et adhérents se sont donné rendez-vous dans le local de l’In’art, ancien marabout, situé en pleine médina arabe de Hammamet et qui fait office de base pour cette association culturelle du même nom, active depuis des années dans la région. La troupe Stambali désignée n’est autre que celle de Sidi Ali Lasmar.


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Autrefois, la ville a connu des festivités plus imposantes, maintenues dans le but de célébrer comme il se doit la journée mondiale de la musique : l’In’art continue de le faire. Le 21 juin 2022 (hier), à partir de 21h00, une musique Stambali a rythmé le lieu et ses environs. Il s’agit d’une fête mondiale célébrée à l’échelle locale. L’In’art associe ce spectacle gratuit à un rituel et à un rappel aux fondements musicaux. Une exposition photographique d’Augustin le Gall intitulée « La dernière danse : Voyage intime au cœur du rituel Stambali » (Présentée en 2016 et soutenue par l’Institut Français de Tunisie) relate l’histoire et l’essence même de la musique Stambali en Tunisie à travers une série de photographies. Le photographe y a évoqué à travers ses oeuvres l’origine du Stambali/ « Bousaadia » en commençant par la Tunisie. Un projet d’aller aux sources du rituel au Maghreb jusqu’au Niger verra le jour.


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C’est aussi, en se référant à cette exposition photographique, que l’initiative musicale a été organisée. Comment penser un patrimoine musical, tel que le Stambali en exploitant l’essence même de cette musique et sa genèse ? L’interrogation tombe dans les oreilles des mélomanes. La troupe Sidi Ali Lasmar est composée de femmes et d’hommes qui ont joué des instruments « « Gnawa ». Leur répertoire possède des influences musicales riches d’ici et d’ailleurs.



L’In’art Hammamet fête la journée internationale de la Musique : Place au Stambali
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