12 morceaux distingués font le 5e album d’Alune Wade disponibles en ligne, sur Soundtrack. L’artiste nous fait partager son voyage sonore en Afrique à travers «Sultan». Des sonorités propres à l’Afrique de l’Ouest et à l’Afrique du Nord fusionnent et se mélangent à divers instruments.
Les rythmes et les sonorités émergeant de «Sultan» mêlent soufi, chant andalou, afrobeat, Maqams orientaux et jazz. Des itinéraires menés à Dakar, Oran, Tunis, Tambouctou se dessinent musicalement. Des morceaux qui racontent et mêlent le passé et le présent de ces contrées : leurs histoires, et leur actualité brûlante sont chantées. Une mise en valeur de ce patrimoine musical fait inconditionnellement la richesse de cet album. Un album qui n’a rien à envier à un voyage initiatique.
Soutenu par l’Institut Français de Tunisie, ce projet musical a été réalisé en collaboration avec des musiciens, comme Adriano Tenorio DD aux percussions, Cédric Ducheman au piano et claviers, Carlos Sarduy à la trompette, Hugues Mayot au saxophone, Daril Esso à la batterie, etc. d’autres instrumentalistes à la batterie, au guembri, à la flûte, au Oud, rappeurs, chanteurs, batteurs ont participé à cette effusion sonore.
Des noms, comme Paco Sery, Cyril Atef, Lenny White, Josh Dutsh, Ismail Lumanovski, Hein Benmiloud, Mustapha Sahbi, Nasriddine Chebli, Harold Lopez Nussa, Christian Sands, Leo Genovese, Bobby Spark, Daniel Blake, Faris Ishaq font retentir les voix de Nora Mint Seymali, Mounir Troudi, PPS the Writah, Aziz Sahmaoui, Mehdi Nassouli et Djam. Les 12 titres de l’album «Saba’s journey», «Donso», «Sultan», «Nasty sand», «Uthiopic», «Portrait de Maure», «Djolof Blues», «Dalaka», «L’ombre de l’âme», «Lullaby for Sultan», «Célébration» et «Café Oran» chantent des territoires divers et une richesse musicale exceptionnelle.
Alune Wade est bassiste, interprète, producteur, auteur et compositeur sénégalais. 4 albums ont déjà été réalisés «Mbolo» (2006), «Ayo Nene» (2011), «Havana Paris Dakar» réalisé avec le pianiste cubain Harold Lopez-Nussa en 2015 et «African Fast Food» en 2018. «Sultan» a été réalisé en partie à la Villa Salammbô dans le cadre d’une résidence artistique en incluant des musiciens participants tunisiens, Salah Barka pour les costumes et l’artiste photographe Hela Ammar pour les photos. «Sultan» s’inscrit dans la continuité du parcours musical de l’artiste. Alude Wade se produira à l’IFT Tunis et à Sfax en juin.
Un groupe MUN (Model United Nations), formé par des élèves tunisiens de 15 à 18 ans, mène un travail laborieux qui les initie à la diplomatie, aux ficelles liées à la maîtrise des relations internationales et aux pourparlers autour de la paix entre les représentants officiels et les institutions internationales, à commencer par les ambassadeurs en Tunisie.
Un noyau d’élèves actif depuis septembre 2021, appartenant au lycée Louis Pasteur, mobilise de nombreux participants dans le cadre de simulations Model United Nations (MUN). Les élèves, à l’origine de ces mêmes simulations, sont invités à incarner différents types de rôles : à être des représentants de différents pays, de présidents / vice-présidents de commissions, des journalistes, des huissiers en charge de l’organisation, ou représentants d’ONG. Autant de rôles variés qui leur permettent d’enrichir leur savoir et d’interagir davantage comme dans un jeu de rôles. 5 ou 6 simulations ont eu lieu réunissant 80 à 100 personnes et maintenues dans l’enceinte de leur établissement.
En pratique
Afin de mieux entretenir ces simulations, les élèves ont puisé, cette fois-ci, dans l’actualité qui traite du conflit russo-ukrainien : ils ont pris contact avec les deux ambassades ukrainiennes et russes, en Tunisie, et sont parvenus à décrocher deux entretiens avec chacun des deux ambassadeurs. Sept élèves ont pu arranger ces deux rencontres : quatre élèves se sont rendus à l’ambassade d’Ukraine afin de rencontrer Son Excellence M. l’ambassadeur d’Ukraine, Volodymyr Khomanets, et 3 autres se sont entretenus avec Son Excellence M. l’ambassadeur de Russie, Aleksandre Zolotov.
Les deux entretiens ont eu lieu en anglais et se sont davantage centrés sur les questions qui reviennent souvent dans l’opinion publique et dans les médias, y compris celles à caractère historique communes à ces deux nations.
Ces deux entretiens spéciaux étaient ponctués d’arguments et ont mis en valeur la pertinence des interventions de ces élèves, leur maîtrise des sujets évoqués dans leur globalité, les recherches effectuées et leur maîtrise d’au moins 4 langues. En tant qu’interviewers et toujours dans le cadre de cet exercice, ces mêmes élèves tunisiens ont déniché l’information à la source chez les ambassadeurs et tiennent à en faire bon usage dans de prochaines simulations.
Aux sources des simulations MUN
Les simulations exercées par ces élèves tunisiens sont plus fréquentes chez les étudiants dans les facultés et moins pratiquées dans les établissements secondaires en Tunisie ou même à l’étranger. Ces jeunes organisateurs ont été initiés au management, à la logistique, à la communication, à la gestion de budget et à de nombreuses compétences édifiantes à travers cet exercice. Le fait de voir le travail de cette jeunesse se concrétiser sur terrain est prometteur et valorise leur engagement.
«Tout bon projet commence à partir d’une idée bien pensée », a déclaré Ayoub Nedhif, élève MUN en secondaire au lycée Louis Pasteur. «Ce qui est passionnant dans ce projet, c’est le manque de théorie ! Le concret, la réalité, être sur terrain, c’est le plus important», poursuit Ayoub Nedhif. Ses camarades du même groupe, Myriam Sallemi et Myriam Kilani, rappellent l’impact positif de cette activité sur leur évolution et leur savoir. Zeineb Abid, une 4e élève participante, est passionnée de littérature russe. Cette culture lui a été d’une grande utilité lors de sa rencontre tenue à l’ambassade russe. Il s’agit aussi pour ce groupe d’un moyen de sortir de ce cadre qu’est le lycée et de prévaloir cette démarche.
Arranger prochainement des rencontres et des entretiens avec d’autres ambassadeurs n’est pas à exclure. Une étape qui s’inscrit dans la continuité du travail déjà entamé. En guise de récompense, un voyage collectif d’élèves à New York et Washington est prévu afin de visiter les sièges des plus grandes institutions, en particulier celle de l’ONU. Il y a différentes organisations à travers le monde qui font des simulations, et l’idéal serait d’envoyer des élèves capables d’intégrer les sphères du pouvoir dans quelques années. D’autres objectifs sont à envisager, idéalement si ces mêmes élèves parviennent à avoir les financements nécessaires afin d’élargir leurs activités.
Pour les étudiants et les jeunes du monde entier, il est utile de rappeler que les simulations des Nations unies ont pour but de former les participants aux négociations internationales. Dans un sens plus large, ces simulations visent à promouvoir les droits humains et les compétences en communication et en relations internationales et à inculquer les fondements de la diplomatie. Dans le cadre des Modélisations des Nations unies, les étudiants participants doivent, entre autres, faire des recherches sur les pays, les débats et les problèmes internationaux pour tenter de trouver des solutions aux problèmes mondiaux.
Une parenthèse musicale nommée « Sinouj » a conquis son public, grâce à sa justesse sonore, sa fusion instrumentale éclectique et une mise en scène visuellement attractive. Benjemy a assuré cette soirée de clôture du festival « Soufiyet », organisée par le Centre des musiques arabes et méditerranéennes (Ennejma Ezzahra) avec une pléiade d’artistes.
En plus de son effusion sonore recherchée, « Sinouj » se caractérise par la richesse de ses artistes-participants et leurs instruments : Houyem Ghattas au violon, les voix de Haythem Hadhiri et Abdesslem Ben Souiden, sans oublier, le duo Montasser Jebali-Elyes qui a ajouté des sonorités rythmiques et traditionnelles retentissantes, en maniant la « darbouka », le « mézwed » et la « zokra ». La lumière, les bougies, les habits, les bijoux (signés Kahena Collection) sont les atouts forts du spectacle. Un moment musical de plus d’1h20 qui se vit. Les invités se sont laissés imprégner par ce moment musical et en partie spirituel.
Initialement, « Sinouj » est un projet solo, mais qui n’a pas tardé à s’agrandir. Il a été conçu dans le cadre du « Sicca Jazz » dans des formats solo et se caractérisait principalement, au départ, par ses sonorités électroniques. L’idée de créer une troupe autour du projet a été concrétisée par la suite : le public a pu voir le résultat sur la scène d’Ennejma Ezzahra. Il s’agissait d’un premier jet, un premier essai en groupe maintenu à l’occasion de la clôture de « Soufiyet » 2022, le festival organisé à l’occasion du mois de ramadan.
Le spectacle oscille entre musique « populaire » et « soufi ». L’électronique habille tout le répertoire du spectacle. Initialement, « Sinouj » est instrumental et est élaboré autour d’une recherche approfondie sur le rythme. Le dosage entre les genres musicaux était juste, autre atout fort du spectacle. « Mon rêve, c’est d’enrichir ‘‘Sinouj’’ de 30 à 40 talents sur scène », confie Benjemy. Le rendre adaptable à des soirées nocturnes et à d’autres lieux fait partie des objectifs de l’artiste.
«Harga 2» s’inscrit en partie dans la continuité de ce qui a été montré l’année dernière, mais cette suite rime surtout avec «changements » et «bouleversements». Dans cet entretien, Lassâad Oueslati met en lumière les dessous de ce deuxième succès consécutif sur le petit écran.
La 2e saison de «Harga» est-elle une continuité ou un changement ?
C’est à 100% un changement. Je pense que c’est un challenge avant tout, celui de faire oublier la 1ère saison et d’entamer de nouvelles histoires, de nouveaux cycles.
«L’autre rive», l’intitulé de cette 2e partie fait donc référence à un changement qui va de pair avec l’émergence de nouveaux axes et le développement d’autres. Pouvez-vous nous les rappeler ?
«Harga 2» a été pensé depuis le début ou depuis l’achèvement de la première partie. «L’autre rive» devait être raconté afin de mettre en lumière l’après-«Harga», l’après-traversée de la mer et l’arrivée en Italie. L’avenir des survivants, et des échappés du «Centro». Leur vécu et leur réalité en tant que voyageurs clandestins, et les suites de divers parcours.
Quelles étaient les conditions du tournage ? Y a-t-il eu d’autres challenges et d’autres difficultés à contourner pendant la 2e saison ?
Pendant la 1re saison, il y a eu interruption de tournage à un moment, et sa reprise était bénéfique finalement. On a eu l’autorisation d’entamer le tournage de la 2e saison à 4 mois de Ramadan. La difficulté était donc d’ampleur. Le projet de la 2e partie était beaucoup plus difficile à concrétiser : rien qu’en déplaçant toute une équipe à Palerme, les problèmes de paperasses en particulier avec l’Italie, la logistique qui va avec, la gestion de l’argent, les coûts élevés… D’autant plus que j’ai insisté pour qu’on filme en Italie parce que quelques décors n’allaient pas en Tunisie. Et pour donner de l’impact à la série et de la véracité, il fallait tourner en Italie. L’écriture était autre aussi, totalement différente de la première saison.
Les prisons, le tribunal, la décharge, les rues… Autant de décors qui existent dans les deux rives de la Méditerranée, en Italie et en Tunisie. Comment s’est fait le choix de ces lieux particuliers ?
Les décors dans l’autre rive, en Italie étaient clairs et pensés d’emblée. L’extérieur et les espaces sont étroitement liés aux vécus des personnages. Ceux de la première saison ont eu leurs espaces respectifs. Pareil pour la 2e saison, qui raconte des personnages présents dans des espaces ouverts. En Tunisie, le personnage de «Naama» est central. J’ai été inspiré par le sujet des «Barbécha» et il fallait l’intégrer dans l’histoire en situant «Naama» dans la décharge de «Borj Chekir». L’urgence de raconter la vie dans le «Msabb», cet endroit si particulier, si dur, s’est directement posée. Il fallait également raconter la prison, qui accueillait de nombreux migrants et voyageurs clandestins retenus dans des conditions atroces. Dans quelques fermes en Italie, des horreurs s’y passent. Il fallait aussi reconstituer la vie dans une ferme, lieu où sont détenues de jeunes femmes clandestines et pas que des femmes : des enfants, des jeunes migrants et des gens de tout bord …
Comment s’est passé le tournage dans cette immense décharge, celle de «Borj Chekir» ?
C’est important de remercier le ministère de l’Environnement, qui nous a donné son accord afin d’effectuer le tournage sur place. Un lieu fermé et gardé, y compris par ses «Barbécha», ses employés. Des gens discrets, qui travaillent dans cette décharge, mais qui restent méfiants. L’odeur était asphyxiante à notre arrivée. On aurait pu le reconstituer ailleurs, pour le bien de l’équipe. Tout ce qu’on a pu voir était vrai et je tenais à filmer ces conditions sans artifices. On s’y est adapté pendant presque une semaine malgré les conditions très dures. Des conditions qui ont fini par nous atteindre : on ne pouvait filmer et faire le nécessaire, sans filmer toutes ces personnes, instruites, d’un certain niveau, qui fouillent tout au long de la journée dans ce «Msabb». Des personnes discrètes, souriantes, de bonne humeur souvent, mais pudiques. Elles vivent en collectivité et en symbiose ensemble. C’est un exemple du vivre-ensemble et de solidarité.
Le tournage en Italie a-t-il été à la portée ?
Un tournage préparé d’avance. Avec des repérages déjà faits, et le soutien de Hedi Krysène. Ce que je retiens c’est la solidarité des Italiens et des Tunisiens résidents là-bas et qui connaissaient déjà la série. Je salue aussi la solidarité et le soutien de l’ambassadeur de Tunisie en Italie, Moez Sinaoui. L’obtention du visa était impossible sans le soutien de la télévision tunisienne et l’intervention de l’ambassade et de Faouzi Mrabet. Malek Ben Saâd, le personnage principal des événements écrits à Palerme a eu beaucoup de mal à avoir le visa. S’il ne partait pas, c’était problématique. On a retardé d’une semaine le départ, et au final, il l’a eu à la dernière minute. C’était serré. Pendant le tournage et grâce à l’équipe soudée, on a pu filmer dans des endroits exceptionnels, comme en prison ou dans des lieux en plein air avec le drone. On nous a sous-estimés au départ, et on a dû montrer aux Italiens un sens du professionnalisme exemplaire et un niveau de travail respectable. C’est le plus important.
Il y a une phrase qui a été dite pendant la série « Les Tunisiens ont mauvaise réputation en Italie ». Est-ce que c’est vrai?
Pas que les Tunisiens et pas tout le monde. C’est un regard forcément rabaissant lancé à l’encontre des voyageurs clandestins. Leur nombre a beaucoup augmenté ces dernières années. Leur présence est devenue encombrante pour les autorités italiennes. «Harga» valorise l’image du voyageur tunisien et africain. L’intrigue autour du parcours de «Fares», incarné par Malek Ben Saâd est révélatrice : lui avoir tendu un piège et l’avoir taxé de terroriste est une manière, parmi d’autres, d’enlaidir la situation des migrants. Beaucoup profitent des voyageurs clandestins : ces derniers subissent énormément d’injustices. Les sans-papiers souffrent, encaissent et subissent faute d’alternatives.
Pouvez-vous nous en dire plus sur l’écriture nouvelle qui caractérise cette 2e saison ?
Il fallait modifier l’écriture dans un élan de changement : avec Imed Eddine Hakim, on inventait des intrigues, qu’on montrait directement au départ, et qu’on racontait après, à l’envers, plus longuement sur de nombreux épisodes. Une manière d’expliquer aux spectateurs comment tel ou tel personnage a pu se retrouver dans une situation délicate et complexe comme celle que vit «Naama» dans l’interrogatoire. Une manière de retenir l’attention du spectateur. Le parallèle caractérise aussi l’écriture de la 2e saison : Il y a le parcours de «Kayla» en Tunisie et celui de «Fares» en Italie. Les deux évoluent en même temps, les deux subissent rejets et difficultés insurmontables dans les deux pays et dans les deux cas, il y a beaucoup de similitudes. On a raconté les parcours de «Lamine» et «Naama», dans les deux rives. Toute la série repose sur des croisements inattendus entre personnages venus de toutes parts, et plus on avance dans le temps plus les croisements se font.
La 2e saison a connu un changement important au niveau des personnages, et elle a connu de nouvelles recrues…
Quand on a ouvert de nouveaux axes, les décors de «Naama», ont par exemple changé et on a fait appel à des personnages nouveaux, comme celui de «Zina», interprété par Mouna Nourredine. «Lamine», pour Ahmed Hafiane, «Chadia» pour Nadia Boussetta, «Saber» pour Hedi Krysène. Sans oublier Fathi Akkari, Oumayma Maherzi, Amina Bdiri… Une pléiade de personnages qui ont été écrits afin d’évoquer de nouvelles problématiques liées à la migration clandestine, comme les travailleurs du sexe, le mariage de la Tunisienne avec un étranger. Il ne faut pas oublier que beaucoup de migrants traversent la mer, galèrent pour gagner leur vie, et ces mêmes migrants font nourrir leurs familles en Tunisie. Ils parviennent à le faire à distance en envoyant de l’argent au bled : ces derniers ne construisent rien pour eux-mêmes et vivent uniquement pour nourrir leurs familles à distance. C’est comme s’ils se sacrifiaient.
Tes personnages sont diversifiés et très inclusifs…
Comme les personnages à déficience mentale, souffrant de bégaiement ou de maladies auto-immunes. Il faut couper avec la 1ère saison et toutes ces vies filmées se croisent dans un seul aspect : celui de la souffrance liée à cette volonté de partir. Tout est subtilement traité dans le but de mettre en lumière ces existences et ces profils et de les voir autrement, avec un regard autre, si on les croise dans la vraie vie. Koussai Allegui, a été repéré par Rahma Jalel, la responsable du casting. Je l’ai apprécié et choisi bien avant de le voir. J’ai cru en lui. Lui et Malek Ben Saâd sont des jeunes très prometteurs, disciplinés, doués. Les avoir dirigés était exceptionnel. Le handicap du bégaiement chez Koussai a été puisé en s’inspirant de son frère dans la vraie vie. Un très bon avenir attend ces jeunes talents. Malek Ben Saâd a des réflexes et un savoir-faire que de grands acteurs n’ont pas. Une carrière florissante à l’étranger l’attend à mes côtés. (rire)
Des comédiens et grands artistes de théâtre, comme Fathi Akkari, Riadh Hamdi, Mhadheb Rmili participent-ils à l’élaboration du scénario ?
Non. La puissance des dialogues, on la doit à Imed Eddine Hakim, le scénariste. Mais avec des noms aussi connus, il y a des discussions, des échanges autour du texte, de certaines techniques. Pour Riadh Hamdi, le travail s’est fait davantage au niveau de l’accent. Je donne une marge à la modification des dialogues à temps et j’évite l’improvisation. Il y a une touche de Mhadheb Remili dans son monologue au tribunal aussi. Akkari a ajouté du sien. Il y a une toute légère intervention de la part des acteurs dans les dialogues, mais qui reste subtile et minime.
Les Arjoun, Nour et Selim tiennent les ficelles de la musique de cette 2e partie. Pourquoi ce choix ?
Selim, je le suivais depuis longtemps. Le changement devait se faire au niveau de la musique aussi. Pour cette 2e saison, j’ai pensé à lui. C’était évident. Quand j’ai écouté son répertoire, il correspondait à la saison. Il est dynamique, très productif. Il avait déjà «Trab», la chanson du générique, sortie bien avant «Harga 2». Sa musique a donné une portée autre à la saison. C’était une découverte. Je suis reconnaissant. Le Soundtrack de «Harga 2» est disponible sur I-Tunes.
Par quoi se caractérise «votre travail en équipe» ?
Notre équipe a entamé un travail sur de bonnes bases en manipulant un «Mood Board», par exemple, qui est un montage de différents éléments graphiques qui compile toutes les sources d’inspiration d’une personne, qui peaufine les idées créatrices et les éclairent : palette de couleurs et inspirations liées aux personnages, aux lieux, aux costumes… tout passe au crible par moi-même, en équipe et dans le détail près. Tout se fait à l’avance. Je salue au passage Rabii Masseoudi, Randa Khedher, Ahmed Ben Kridis, Nahla Smati, etc : nous nous connaissons assez, fort heureusement, pour savoir comment travailler en collectivité et ce que nous voulons transmettre et réaliser. Je suis reconnaissant au producteur Ridha Slama pour son implication, et sans qui, ce tournage n’aurait pu se passer dans de telles conditions.
Avez-vous des anecdotes drôles à nous raconter ?
On nous a retenus en Italie. On ne pouvait pas rentrer avant les transferts de sommes d’argent. Et on a dû improviser sur des lieux publics pour filmer, toujours à Palerme. On se présentait comme étant des étudiants désireux de réaliser un film de fin d’études et on nous croyait. Dans la décharge, le défi c’était de ne pas filmer les gens qui travaillaient là-bas et qui étaient très nombreux.
«Harga 2» en chiffres ?
140 comédiens, plus de 25 personnages principaux, 78 jours de tournage, 70 lieux : décors et sous-décors. Deux pays. Sans compter le désert, la mer, le Sud, la capitale, les régions côtières. Plus de 80 personnes dans l’équipe technique. On a dû s’adapter à une coupure de tournage liée à une infection à la Covid et à une fatigue extrême.
Vos projets à venir ?
J’entame un tournage conséquent à l’étranger sur une très bonne période. Les années prochaines, je compte travailler davantage sous d’autres cieux. Une occasion de prendre de la distance par rapport à la production ramadanesque de feuilletons en Tunisie.
Que pensez-vous de l’émergence des plateformes de visionnage en ligne ?
A encourager. Evidemment. Le piratage doit être banni. Et on aimerait voir des plateformes qui produisent leurs créations et qui ne fonctionneront pas uniquement comme étant une vitrine ou un support. Les plateformes sont une alternative à un changement dans le paysage audiovisuel et qui doit se faire à la racine.
Ramadan 2022 a rimé avec spoilers bien avant l’heure ! En plus des feuilletons qui font parler avant leur lancement, comme à l’accoutumée, au moins, deux plateformes numériques ont pris d’assaut le web tunisien. Pensées et conçues dans le but de réglementer le paysage audiovisuel tunisien, leur émergence marque la naissance d’un nouveau mode de consommation de productions ramadanesques pour les Tunisiens… malgré les aléas.
Deux plateformes numériques tunisiennes ont été lancées permettant la diffusion en ligne de quatre productions télévisuelles : le controversé «Baraa» de Sami Fehri et «Foundou 2» de Saoussen Jemni, disponibles sur la plateforme payante samifehri.tn. Les 2es saisons de «Ken Ya Makenech» d’Abdelhamid Bouchneq et de «Harga» de Lassâad Oueslati génèrent un nombre de visites considérables gratuitement sur «Watchnow.tv» qui a éclipsé «Artify.tn» Cette plateforme—rappelons-le—a permis, avec succès, la diffusion semi-payante de la première saison de « Harga » en 2021.
Un mode de diffusion nouveau qui a attisé la réaction globalement positive du public. Ce dernier s’est livré à une nouvelle méthode de consommation, en phase avec ce changement numérique et technologique mondial en vigueur dans d’autres pays depuis déjà belle lurette. La Tunisie est parmi les derniers pays à avoir enfin opté pour ce mode de transmission, contournant la diffusion gratuite sur «Youtube». Jusqu’à il y a deux années, presque la totalité de la production audiovisuelle tunisienne se retrouvait gratuitement sur «Youtube.com», générant des clics conséquents sans revenus. L’invention de ces plateformes inédites entre dans une volonté profonde et commune de réguler le paysage.
Sami Fehri a lancé sa plateforme du même nom «Samifehri.tn», qui, à l’heure actuelle, donne accès uniquement à la rediffusion quotidienne de «Foundou 2» de Saoussen Jemni et de «Baraa» de Sami Fehri. L’abonnement est à 8dt le mois. La diffusion est en HD, sans publicités. Les fans de ces productions s’y sont empressés, générant un bug technique, depuis peu réglé. Un bémol causé par une pression due à un nombre accru de visites. Lancée à coups de communication, de publicités et de déclarations pompeuses dans quelques médias, la plateforme restera fonctionnelle après le mois de Ramadan. L’avoir conçue payante n’a pas dissuadé une frange importante du public de s’inscrire, contournant ainsi les diffusions saccadées de publicités à la télévision.
Le service public de la «Watania 1» a opté pour «Watchnow.tv», une plateforme gratuite, totalement accessible sur le web afin de permettre aux deux saisons de «Ken Ya Makenech» de Bouchnak et de «Harga» de Lassâad Oueslati de parvenir au public à coups de clics. Les épisodes deviennent accessibles quotidiennement juste après leur diffusion à la télévision. La plateforme est achalandée de quelques classiques du cinéma tunisien et va être alimentée au fur et à mesure. «El Balas» de Zied Litayem est accessible sur «Youtube» à l’ancienne. La série policière d’Amine Chiboub «13, rue Garibaldi» ne bénéficie pas de rediffusions par choix. Une manière d’inciter le public à répondre présent devant le petit écran chaque soir et de regarder le programme à «l’ancienne».
Challenge fou mais relevé
Ce changement opère à l’heure où la production télévisuelle tunisienne atteint son paroxysme, uniquement pendant le mois saint. Un rythme de diffusion régulier, figé dans le temps, et une production sclérosée par le diktat des annonceurs et de la publicité font main basse sur le petit écran depuis des décennies. Ne voulant pas procéder à un changement permettant le lancement de productions audiovisuelles en dehors du mois saint, l’émergence de ces plateformes de streaming bousculera peut -être tout un système qui ne demande qu’à changer : le public tunisien est féru de productions tout au long de l’année : l’audience sera au rendez-vous. Les plateformes, comme alternative à cette unique production télévisuelle ramadanesque, s’annoncent a priori prometteuses. Reste à garantir sur la durée aux internautes un service performant de « télé en ligne à la demande»…
Un Marvel pas comme les autres a pris d’assaut les salles de cinéma tunisiennes lors d’une sortie mondiale qui a eu lieu la veille du Ramadan. « Morbius » de Daniel Espinosa est le premier Marvel consacré à cet anti-héros vampirique interprété par un Jared Leto, plus sanguinaire que jamais.
Distribué par Pathé BC Afrique, le blockbuster compte par les plus attendus de l’année. D’une durée d’1h45 (seulement), il s’agit du premier film consacré à ce super-héros complexe et inclassable : oscillant entre le Bien et le Mal, ne sachant pas où se situer, tiraillé entre son amour pour la vie, la science, le progrès de la médecine ou remédier à sa maladie rare et incurable du sang, le docteur et chercheur « Michael Morbius », de son vrai nom, s’essaie à des expériences dans un laboratoire et… qui s’avéreront désastreuses.
Cet Homme de science va fusionner les gènes d’un ADN humain à du sang de chauve-souris, ce qui le transformera en une créature assoiffée de sang, mi-humaine, mi-bête sanguinaire. Le film est construit essentiellement sur une histoire d’amitié entre deux enfants, tous les deux atteints de cette forme de leucémie rare et élevés par un mentor. Deux enfants livrés à eux-mêmes, inséparables, et qui grandiront ensemble, luttant des années durant contre ce spectre de la mort… Ensemble jusqu’à ce qu’une folie furieuse et un excès de manipulation génétique les séparent.
« Morbius » est sans doute l’un des anti-héros les plus sombres, les plus féroces, et les plus violents que Marvel et Sony Pictures ont pu concevoir en B.D. On s’attache difficilement à cette créature : on comprend moyennement ses choix de vie, ses réactions, son adaptation difficile aux états d’âme humains et bestiaux. Un héros qui traîne un côté énigmatique, souvent insaisissable. Son parcours reflète surtout son tiraillement entre pulsions inhumaines et sentiments nobles : les émotions d’un amoureux éperdu, d’un ami fidèle qui deviendra ennemi redoutable, d’un médecin dévoué pour ses patients. Matt Smith interprète l’ami/ennemi en question.
Le film rappelle les deux longs-métrages consacrés à « Venom », un autre héros Marvel, sujet à des expériences scientifiques qui tourneront mal : « Morbius » attise les discussions entre les fans de DC Comics, Marvel, Disney et Sony Pictures. Les Crossovers, clins d’œil et autres indices se référant à d’autres super-héros comme Spider-man ou Dr Strange, pullulent, nourrissant ainsi cette immense industrie du cinéma hyperprisée de nos jours. Un cinéma divertissant, attractif, qui nourrit l’imaginaire des enfants, des jeunes, mais également de jeunes adultes depuis déjà des années durant. Le démarrage au Box mondial de « Morbius » a bien eu lieu. L’occasion de fréquenter les salles de cinéma en Tunisie en compagnie de ses enfants, le soir ou pendant une journée ramadanesque.
Aperçu enfant, dans des courts-métrages de Lotfi Achour et de Moufida Fedhila, élève studieux et passionné du ballon rond, Ahmed Berhouma, 16 ans, voue une passion inégalée pour le théâtre et pour le cinéma. A l’affiche actuellement de « Ghodwa », le premier film réalisé par Dhafer el Abidine, le jeune acteur fait ses preuves dans un rôle tout aussi important que celui du père tourmenté et fragile, incarné aussi par Dhafer. Rencontre avec un jeune talent.
Le grand public vous a connu depuis un mois dans le premier long-métrage « Ghodwa » de Dhafer El Abidine, lui-même acteur. Vous incarnez son fils à l’écran. Vous êtes tous les deux en tête d’affiche et vous formez un tandem solide père / fils, résistant face aux épreuves. Mais qui est Ahmed Berhouma ?
J’ai 16 ans, élève dans un lycée, en 2e année, grand passionné de Théâtre depuis tout petit et amoureux du 7e art. A 8 ans, j’ai fait mes premiers pas dans le film court « Père » de Lotfi Achour, ensuite dans « Aya » de Moufida Fedhila, à 10 ans. J’ai entamé une formation en théâtre avec Mme Fatma Felhi à El Teatro, depuis l’âge de 12 ans. La passion a commencé à s’entretenir concrètement depuis. J’ai fait quelques publicités aussi et je suis chanceux d’avoir été retenu pour jouer dans « Ghodwa » avec et aux côtés de Dhafer El Abidine. Les retours sont excellents. Le film passe actuellement un peu partout : Il a été présenté au Cairo International film Festival, au Red Sea, en France, et en Tunisie. Les encouragements me stimulent et me font plaisir ! « Ghodwa » cartonne, mon personnage a plu et c’est l’essentiel.
Comment avez-vous été repéré ?
Le directeur du casting, Houssem Slouli, m’avait connu sur le tournage de « Aya » auparavant et m’a appelé pour le casting de « Ghodwa » sans me dire que le réalisateur était Dhafer El Abidine. Je l’avais découvert sur place pendant le casting. On s’est vu à plusieurs reprises : il y a eu de la concurrence pendant le casting. L’esprit de compétition régnait. Maintenant, ce qui m’importe, c’est d’avoir bien joué le rôle. Le tournage a eu lieu pendant un mois à Lafayette-Tunis, sans compter la période des répétitions. C’est là aussi où j’ai connu ma camarade de classe à l’écran, avec qui j’ai répété et tourné.
Cela vous a-t-il intimidé ou fait peur de jouer aux côtés de Dhafer El Abidine ?
Beaucoup ! Évidemment. Le challenge était énorme, de taille. C’est ma première fois dans un long : tout ce que j’avais fait auparavant, c’était des courts. J’ai su aussi au fur et à mesure que Dhafer allait jouer (rire). L’engagement s’était amplifié.
En quoi votre expérience dans « Ghodwa » était–t-elle différente de ce que vous avez déjà accompli ?
Tout ! Rôle principal, relation père/fils tumultueuse, premier long… Dans ce film, c’est l’enfant qui prend soin de son père. La relation est loin d’être clémente, ou calme : ce sont des hauts et des bas avec des scènes plus intenses que d’autres, et dans lesquelles l’émotionnel primait. Le jeu sincère et juste est essentiel. Ne surtout pas être dans la sophistication. Un savoir qui n’est pas aisé et facile à maîtriser. Pour rappel, le film passe actuellement dans les salles et le public pourra le voir pendant le Ramadan.
Avec les médias et face au public, n’avez-vous pas eu peur, en tant qu’acteur jeune en tête d’affiche, de vous faire éclipser par la présence de Dhafer El Abidine ?
Quand on me retient pour jouer à côté d’une star mondiale comme Dhafer El Abidine, je ne peux pas m’attendre à être beaucoup plus visible que je ne l’ai été depuis la sortie du film : je viens de débuter dans le domaine. On ne me connaît pas assez. L’important, pour moi, était qu’on apprécie mon rôle, mon personnage, mon jeu. Le public a tout juste commencé à me reconnaître. Son accueil était extraordinaire, surtout en Egypte et en Arabie saoudite. En Tunisie, les avis étaient plus critiques et l’accueil était plaisant dans les régions. On m’a beaucoup soutenu pendant le tournage : bien encadré. J’ai été bien chaperonné en particulier par Najla Ben Abdallah que je remercie beaucoup, sans oublier Bahri Rahali, les autres acteurs, ainsi que toute l’équipe.
Pour vous, entre faire du cinéma et du théâtre, y a-t-il une différence ?
Dans le théâtre, on est entièrement face au public. Il y a une maîtrise de soi plus importante à acquérir et il faut être davantage présent. Dans le cinéma, on est vu sur grand écran, après des journées de répétitions, d’essais ratés ou réussis… C’est plus à la portée. Je tiens à remercier Mme Fatma Felhi pour tout ce qu’elle fait pour nous dans ses cours de théâtre. Je ne reste pas fermé à la télévision. C’est même très tentant. J’ai eu une proposition de film en Egypte. Ce domaine est prenant, mais la priorité est aux études.
Quelles sont vos références parmi les acteurs mondiaux et tunisiens ?
Dans le cinéma mondial, Leonardo Dicaprio et Brad Pitt. En Tunisie, c’est Fethi Haddaoui et Kamel Touati.
C’était comme si nous nous étions égarés dans un fief de monstres ! Des petites aux grandes bêtes en passant par celles qui s’apprêtent à éclore, toutes entraînent le visiteur à Central Tunis, désormais l’antre d’Amir Chelly jusqu’au 31 mars 2022. A travers son art, le créateur nous fait aimer ses propres « monstres ».
Cette déambulation artistique s’est faite au 42, rue Ben-Ghedhahem. Passants et visiteurs sont comme happés à l’intérieur, attirés par le son redondant d’une berceuse. Un son qui accompagne les plus curieux, une fois sur place, tout au long de la visite. « I’m a Monster » (Je suis un monstre) est bel et bien le titre révélateur de l’exposition-monstre d’Amir Chelly, jeune artiste tunisien, inscrit en thèse de doctorat à l’unité de recherche Esthétiques et Pratiques des arts de l’Institut supérieur des beaux-arts de Sousse. Chelly a participé furtivement à une exposition auparavant, bien avant d’arriver à mener à bout « I’m a Monster », sa première exposition officielle, tenue à Tunis.
Le travail dans sa globalité fusionne « peintures et sculptures », visible sur les murs de l’espace et au sol : une création élaborée dans une esthétique attrayante, riche en couleurs, en formes diverses et qui dessine le milieu où vivent ces monstres en apparence, pour la plupart, « presque » inoffensifs : des bestioles tantôt attachantes, tantôt repoussantes. L’exposition plastique échappe à l’espace – temps, prend place dans notre réalité ordinaire, en lui ajoutant un zeste de fantaisie, de fantastique, le temps d’une découverte. Toutes les formes conçues et exhibées sur place par l’artiste déforment totalement notre imaginaire déjà développé autour de la figure des monstres, d’où cette volonté de la déconstruire. Un imaginaire collectif qui a puisé dans la littérature, la culture sérielle, les films, les dessins animés et qui est désormais enrichi par la touche de Chelly.
Des physiques hybrides, des yeux globuleux, des corps tantôt humains, tantôt animaliers, des visages déformés, des ailes d’anges ou des oiseaux sur des corps d’enfants, cette monstruosité exprimée titille notre conception classique des monstres et offre une vision inédite, faite de plusieurs disciplines : une technique que l’artiste tient à appliquer. Trêve de frontières entre les disciplines. L’influence mythologico-grecque se fait d’ailleurs sentir dans son expo-monstre que l’artiste voudrait « transgressive », échappant aux normes. Il dissocie l’aspect maléfique souvent attribué à la figure des monstres, ayant une présence « repoussante » et « effrayante », et souligne cette dualité oxymorique qui caractérise son travail truffé de notions contradictoires : le beau et le laid, la tristesse et la joie, la douceur et la crainte, la féérie et la monstruosité, le diabolique et l’angélique, le céleste et le terrestre. Une vision globale qui ne laisse pas le récepteur indifférent. L’exposition monstrueuse d’Amir Chelly se poursuit jusqu’au 31 mars 2022, au 42, rue Ben-Ghedhahem, Central Tunis.
Le noir et blanc sur grand écran continue de conquérir le box-office. « Belfast » de Kenneth Branagh sort dans toutes les salles du monde : l’accueil commercial et critique est au rendez-vous, puisqu’il rafle, déjà, pas moins de 7 nominations aux Oscars. Le long métrage s’arrête sur une période houleuse du XXe siècle, marquée par des affrontements entre civils à caractère religieux.
« Belfast » raconte la chasse des catholiques, vue à travers les yeux de Buddy, un enfant de 9 ans, qui grandit au sein d’une famille d’ouvriers respectée, au nord de la cité de « Belfast ». Ils résident dans un quartier paisible de cette grande ville ouvrière dans lequel protestants et catholiques y vivaient ensemble en parfaite symbiose, jusqu’au jour où des émeutes violentes éclatent : c’était en plein été 1969. Le déchirement commence alors et pour Buddy et pour ses deux parents, incarnés par Jamie Dornan et Caitriona Balfe, qui font face à une vague de violence sans précédent : leur sécurité devient leur principal souci. Les parents, les grands-parents et les enfants, au sein de cette famille, tiennent toutes et tous par tous les moyens à leur terre, refusant de partir. A travers les yeux de cet enfant cadet, tout un paysage chaotique s’est créé, fait de sectarisme, de séparatisme entre bons et méchants, pieux catho ou protestants, banditisme, délinquance, conflits et frontières entre communautés.
Une guerre civile était définitivement lancée. Le réalisateur du film s’est librement inspiré de son enfance et de son propre vécu pour reconstituer cette époque tragique de l’histoire de l’Irlande du Nord.
L’enfant acteur Jude Hill, principal personnage du film, interprète remarquablement bien le rôle de Buddy : sens de la répartie, énergie, humour débordant, légèreté, réflexions d’adultes et sensibilité soulèvent l’histoire et sa trame, face à des parents à la présence physique électrique et au jeu d’acteur sobre et élégant : un duo solidaire pour sauver leur famille et aspirer toujours ensemble à une existence meilleure, dans l’ici ou l’ailleurs. Il est difficile d’évoquer cette guerre civile sans dessiner ce dialogue générationnel entre enfants (Buddy et son frère), leurs parents, et la génération des grands-parents, interprétée par Judi Dench et Ciaran Hinds. Deux personnages âgés à la présence apaisante, touchante et même drôle, mais dont l’existence est peinte volontairement dans le film d’une manière creuse et superficielle.
« Belfast » a le mérite d’être authentique et sincère dans son propos : le réalisateur était soucieux de ne pas peindre autrement l’histoire, mais plutôt de la raconter différemment.
Quelques références à un cinéma d’antan sont glissées, notamment un clin d’œil à l’ancienne version de « Thor » que Branagh finira par réaliser en 2011. L’esthétique du film est incontestablement son point fort : «le noir et blanc» utilisé accentue les sentiments, les ressentis et l’aspect émotionnel chez les personnages n’est pas forcément synonyme de drames ou de malheurs : il met même en exergue les décors, les costumes, la mimique des protagonistes.
Riche aussi d’une mise en scène maîtrisée, « Belfast » rappelle incontestablement d’autres scénarios ayant eu beaucoup de succès ces derniers temps citant « Jojo Rabbit » de Taika Waititi, qui raconte la chute de l’Allemagne nazie à travers les yeux d’un enfant, ou le Mexique de l’enfance d’Alfonso Cueron, reconstitué dans « Roma », également filmé en noir et blanc. Branagh prouve une fois de plus que les Marvel ne sont pas son seul dada. Distribué par Pathé BC Afrique, le film est programmé actuellement dans les salles tunisiennes.