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«Nos âmes d’enfants » de Mike Mills : Humble mais lassant
REVIEWS & CRITIQUES2 / 9 / 2022

«Nos âmes d’enfants » de Mike Mills : Humble mais lassant

Le réalisateur montant, Mike Mills, continue à tisser ses derniers longs métrages autour des relations familiales. En noir et blanc, «Nos âmes d’enfants», actuellement dans les salles, traite du thème de la parentalité, avec, à l’affiche, un Joaquin Phoenix bouleversant d’humanité, une esthétique prenante… Dans le but d’éclipser un récit creux ?


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Mike Mills a déjà exploré la figure paternelle dans «Beginners», et celle de la mère dans «20th Century Women». Dans «Nos âmes d’enfants», c’est sur «l’Enfant» qu’il se focalise, en tant que réalisateur et scénariste. Le film s’ouvre sur la vie trépidante et le quotidien très prenant d’un journaliste qui donne libre parole à des jeunes afin qu’ils puissent s’exprimer sur leur avenir sur les ondes de son émission radio. Parallèlement, Johnny entretiendra un lien très fort avec son neveu, qu’il doit garder quelque temps. Sa sœur Amanda le lui livre afin de pouvoir régler une urgence. Un parallélisme s’installera : deux axes seront développés, celui de l’intérêt du journaliste pour «l’avenir des jeunes», sujet entretenu dans le cadre de son travail et sa relation qui le lie à son neveu qui deviendra de plus en plus étroite malgré ses prises de tête et ses égarements.


L’enfant, tel qu’il est interprété dans le long métrage, est fort de sa parole, porteur de réflexions et de messages existentiels (un peu trop lucides pour son âge), ce qui nuit à la crédibilité du personnage. Ce journaliste transpose son sens de l’humanisme dans ces interviews accordées aux enfants et aux jeunes, vivant à travers les Etats-Unis : il est à leur écoute, les situe dans leur environnement, tente de sonder leurs craintes, leurs peurs, leurs déceptions, mais également leurs aspirations et leurs rêves. Des atouts qui transparaissent également dans son lien édifié avec cet enfant curieux, turbulent, et bavard par moments. L’esthétique en noir et blanc était un choix assumé, révélateur d’un univers recherché qui servirait à souligner «l’humain» dans ce récit. Dès le début de la rencontre entre l’adulte et l’enfant, leurs deux existences s’entrechoqueront avant de se synchroniser peu à peu. Un éloge de cet écart générationnel est dressé dans le film.


Le neveu qui questionne le monde sans cesse, à travers sa relation entretenue avec l’oncle, reflète ce récit de la vie racontée avec toute sa maladresse et sa linéarité. «C’Mon C’Mon», dans son titre original, est riche visuellement, esthétiquement, musicalement et parvient à sublimer un Joaquin Phoenix, qui change impeccablement bien de registre, mais il reste à la surface et peine à conquérir.

«Nos âmes d’enfants » de Mike Mills : Humble mais lassant
Culture et arts de rue : Un acquis au temps des crises
REPORTAGES2 / 6 / 2022

Culture et arts de rue : Un acquis au temps des crises

Dans une Tunisie post-révolutionnaire encore en effervescence, 11 ans après la révolution de 2011, le principal acquis farouchement sauvegardé jusqu’à présent reste la liberté d’expression. L’appropriation de l’espace public à des fins d’expression citoyenne reste de mise : l’art exercé dans la rue en fait partie.


Avant la crise du covid-19, de ses restrictions et momentanément entre deux baisses de pics, Tunis et quelques régions vivent au rythme de manifestations culturelles et artistiques diverses. A la différence près d’il y a quelques années, ce qui interpelle davantage c’est l’’organisation d’une partie conséquente de ces manifestations dans la rue. Une manière de rendre les arts plus visibles, d’atteindre le public, ou est-ce tout simplement l’exercice de la liberté d’expression.


En plein mois d’octobre/novembre de chaque année, au fil des Journées cinématographiques de Carthage devenues annuelles, la capitale vit pour les films et le cinéma. Les salles sont combles et une dynamique est installée pendant 7 jours entiers dans toutes les rues et avenues. Les festivaliers peuvent, les après-midi, profiter d’une projection gratuite en plein air, dans un espace couvert, et protégé des intempéries. Les chaises sont installées face à un écran géant qui passe des films tunisiens cultes des années 80/90, des chefs-d’œuvre du 7e art mondial, ou d’anciens Tanit d’Or. L’aspect rétrospectif du festival est offert au grand public à travers ces projections de rue, pour le plus grand bonheur des curieux, souvent des passants lambda qui n’ont jamais mis les pieds dans une salle de cinéma.


Le théâtre qui s’empare de la rue ? Désormais, c’est possible pendant les Journées théâtrales de Carthage. Des sketchs, des représentations souvent clownesques et des spectacles d’une durée courte s’organisent dans la rue, ponctués par des concerts musicaux, qui se tiennent également : rappeurs, bands de rock, amateurs, ou professionnels se donnent rendez-vous et se réservent des dates pour des performances.


Depuis des années, « Tunis, capitale de la danse » a longtemps permis à ces troupes nationales et internationales de se produire dans la rue. Des chorégraphes et danseurs professionnels mettent en œuvre leur talent le temps d’une manifestation afin d’approcher le public et d’user des mots du corps pour exprimer tout haut les maux d’une nation. Toujours sous la houlette de Syhem Belkhodja, la manifestation « Kalimat » a vu, auparavant, différentes activités autour du livre se tenir dans les moyens de transport, dans des jardins publics ou dans l’artère principale de la capitale. Des lectures à haute voix se faisaient entendre, attirant ainsi fana de lecture, et simples spectateurs curieux.


L’un des évènements les plus imposants et les plus marquants de ces 14 dernières années est bien évidemment la Biennale de « Dream City », organisée dans les rues de la médina de Tunis. Ce festival des arts y compris visuels et contemporains, organisé par l’association l’Art Rue, traduit l’appropriation de l‘espace public via l’art et la culture. « Dream City » invite des artistes tunisiens et internationaux à inventer et créer contextuellement en s’engageant avec la cité et ses habitants. C’est aussi un festival engagé sur la durée qui accompagne les artistes invités et leur offre un temps long de création (allant de 1 à 4 ans) pour pleinement appréhender les spécificités et les réalités sociales et politiques. C’est surtout un festival à part qui investit les espaces informels de la médina de Tunis (café, rue, maison abandonnée, place…), lit-on sur le site officiel de la manifestation. La 8e édition se tiendra pendant l’automne 2022.


Des initiatives singulières se sont créées aussi : La Presse est partie à la rencontre de Kamel Ring, musicien de rue d’à peine 20 ans qui exerce sa passion dans différentes régions de Tunis, souvent en pleine rue. Il est passionné et exerce la « Street music » ou « la musique de rue ». Souvent malmené par les autorités, il est parvenu à régulariser sa situation via l’obtention d’une carte lui permettant d’exercer en toute sécurité. Sous le covid-19, Nesrine ben Arbia, artiste et chorégraphe professionnelle, a sillonné les rues de Tunis en dansant.


Les exemples se succèdent et ne se ressemblent pas : la pratique de la liberté d’expression, de l’art ou de la culture dans la rue s’est démocratisée depuis 2011. Sous Ben Ali, c’était interdit : les activités qui se faisaient dans la rue étaient folkloriques. Pendant les attaques terroristes, les crises politiques, les affrontements policiers et la crise du covid, l’usage de ces espaces à des fins artistiques s’est réduit, le contrôle s’est accru, et l’obtention d’une autorisation de manifester est devenue rigide. Le pays vit en état d’alerte permanent, au gré des crises …

Culture et arts de rue : Un acquis au temps des crises
Vient de paraître | « Broudou magazine » : Tout sur le pain
PORTRAITS / PÊLE - MÊLE 2 / 5 / 2022

Vient de paraître | « Broudou magazine » : Tout sur le pain

« Broudou » est le titre insolite d’une revue culinaire semestrielle tunisienne, parue dans sa première édition. Un numéro pilote totalement consacré à l’histoire du « Pain » en Tunisie : recettes du pain selon les régions, histoires du pain et autres anecdotes sont servies … Naissance d’un guide complet.


En partenariat avec le projet solidaire et culinaire « Ftartchi », le Goethe Institut Tunis et de jeunes contributeurs ont conçu ce magazine tunisien trilingue spécialisé, disponible en PDF, téléchargeable et imprimé. Très riche en photos et en illustrations, le magazine peut être lu d’une seule traite en anglais, en français et en dialecte tunisien. Le magazine vise à sensibiliser les Tunisiens et ses lecteurs sur le fait de soigner son alimentation, d’enrichir sa culture culinaire, et d’accéder à une nourriture saine et équilibrée. Le projet a été pensé en amont : pour les fondateurs, une urgence même s’imposait suite à la vague épidémiologique que nous vivons depuis 2 ans. Des réflexions, des essais critiques, des photos, des entretiens, des anecdotes et recettes enrichissent les pages du magazine.


Lancé le 15 janvier 2022, un appel à participation a été lancé afin de permettre à des lecteurs, rédacteurs ou spécialistes tunisiens intéressés, de participer dans ce numéro et d’ajouter un savoir autour du « pain ». Qu’est-ce qu’un pain nutritif ? Quelle est la place économique et sociale du pain ? Quelle est son histoire ? Que faut-il savoir sur la fermentation ? Différentes recettes issues de diverses régions tunisiennes sont proposées… Le magazine est paru dans le cadre de la programmation culturelle du Goethe Institut Tunis. Le magazine est lancé dans des endroits symboliques : des boulangeries entre Le Kram et Tunis. Une manière de fédérer un lectorat consciencieux de son alimentation et désireux de suivre les prochaines thématiques, décortiquées prochainement par « Broudou ». Un site internet « Broudou » sera bientôt accessible.

Vient de paraître | « Broudou magazine » : Tout sur le pain
« Art Expo » à la galerie « Musk & Amber » : Action commune
PORTRAITS / PÊLE - MÊLE 1 / 24 / 2022

« Art Expo » à la galerie « Musk & Amber » : Action commune

Le Lions Club Tunis La Marsa s’est associé à la galerie « Musk & Amber » afin d’organiser une exposition artistique collective baptisée « Art Expo », au profit de l’internat de Kasserine. La réhabilitation de cet édifice urge.


Après l’aménagement d’un orphelinat à Médenine, du Centre médico-légal à l’hôpital Charles Nicolle, Le Lions, à travers l’art, participe activement à la réhabilitation d’un internat pour jeunes filles et garçons à Kasserine. La capacité d’accueil de l’endroit est de 250 places. Le Club Lions a ciblé des projets ayant trait à la jeunesse et à l’enfance, en tentant de décentraliser leurs actions dans les régions. L’internat de Kasserine est rongé par l’insalubrité, l’abandon. Grâce à cette exposition /collecte, les fonds récoltés ont été mis au service d’une rénovation et d’un entretien complet de l’édifice.


Pas moins de 26 artistes tunisiens de renom ont exposé leurs œuvres dans l’enceinte de la galerie « Musk & Amber » pendant quelques jours. Des œuvres picturales de plasticiens et d’artistes peintres ont orné l’espace comme celles d’Alia Cherif Derouiche, Zied Lasram, Hind Megdiche, Walid Zouari, Amine Chaouali, Safa Attyaoui, Afifa Ben Yedder, Aziza Guermazi, Besma Haddaoui, Emna Gargouri Largueche, Faiza Karoui, Houda Tabka, Hammadi Ben Neya, Irane Ouanès, Houda Ajili Harbaoui, Hela Ammar, Mohamed Ben Dhia, Majed Zalila, Mourad Harbaoui, Mohamed Ben Soltane, Miriam Affes, Mona Djamal Siala, Mona Chouk, Nadia Zouari, Sonia Said et Olfa Moalla.


L’action commune s’est déroulée sur cinq jours et s’est distinguée par la vente de nombreuses toiles, et d’œuvres d’artistes exposants, participant. Les membres du Club Lions Tunis La Marsa, l’équipe « Musk & Amber » et la maison Farida ont contribué à la finalisation de cette action au profit des nécessiteux.D’autres suivront.

« Art Expo » à la galerie « Musk & Amber » : Action commune
« Are you Lonesome Tonight ? », de Shipei Wen : Thriller chinois
REVIEWS & CRITIQUES1 / 23 / 2022

« Are you Lonesome Tonight ? », de Shipei Wen : Thriller chinois

Signé Shipei Wen, « Are you Lonesome Tonight ? » est un thriller, attendu prochainement dans les salles européennes et tunisiennes. Présenté en séance spéciale à Cannes en 2021, le film happe son public de bout en bout durant 1h35. Le public tunisien a eu l’opportunité de le découvrir presque en exclusivité lors des dernières Journées cinématographiques de Carthage.


A l’affiche du film, les deux acteurs Eddie Peng et Sylvia Chang saisissants de justesse. « Are You Lonesome Tonight ? », l’intitulé du film, fait échos à la célèbre chanson d’Elvis Presley, du même nom. Titre anglais, poétique, sensible… qui ne reflète clairement pas l’histoire du film. L’intrigue s’ouvre sur un jeune homme confronté à la difficulté de se remettre d’un accident de la route commis sans préméditation. Un accident grave qui finit par le hanter au point de le rendre intrusif et assoiffé d’en savoir toujours plus sur sa victime. En effet, le personnage principal heurte un homme et le tue, mais les évènements qui se sont succédé après ne se sont pas déroulés sans conséquences graves.


Ce jeune homme, persuadé d’avoir provoqué une mort accidentelle, finit par développer une relation ambiguë, avec la veuve de la personne décédée. Parallèlement, le policier, chargé de l’affaire, tente difficilement de la résoudre et endurera des répercussions considérables.


Le drame s’ouvre sur une relation dérangeante, qui commence à se tisser entre le criminel et la veuve éplorée du défunt. Les évènements, peu à peu, prendront une tournure inattendue, visant à mettre en lumière les dessous de cette mort douteuse. Le polar, qu’on aurait bien vu en noir et blanc, reste esthétiquement riche en couleurs, sur fond de rythme lent mais captivant jusqu’au bout. La structure du film totalement maîtrisée est le point fort de ce long métrage axé sur le deuil, la perte de repères, le doute, les relations humaines en dents de scie et la recherche effrénée d’un réconfort, d’une paix intérieure et sociale, et de la possibilité de se racheter.


Scènes longues assumées, rebondissements inattendus et moments forts, qui s’abîment dans la durée, font la force de l’intrigue, qui se délie finalement tout en restant ouverte. L’histoire lève le voile sur une Chine fragilisée par un contexte sociopolitique pesant et donne le ton à des personnages souvent intrigants, errants, voire violents. Une atmosphère déroutante qui ne manquera pas de désarçonner à son tour son public.

« Are you Lonesome Tonight ? », de Shipei Wen : Thriller chinois
« Portraits de femmes » de Fatima Maaouia : Une poésie féminine
REVIEWS & CRITIQUES1 / 18 / 2022

« Portraits de femmes » de Fatima Maaouia : Une poésie féminine

« Portraits de femmes » de Fatima Maaouia, publié aux éditions Nirvana, est un éventail de textes poétiques, illustrés par Faouzi Maaouia, autour de nombreuses femmes issues de la rive sud de la Méditerranée aux profils diversifiés. Les textes les racontent et reflètent leurs récits de vie.


Des femmes lambda, méconnues, qui subsistent à leurs besoins, qui sont battantes, résistantes aux aléas de la vie et présentes pour leurs proches. Femmes paysannes ou citadines, analphabètes ou instruites, artisanes, femmes au foyer, aux sensibilités diverses et à la personnalité flamboyante, marquante, parfois, discrète. Au gré des pages, et à travers une poésie attrayante, le recueil se lit d’une seule traite et berce le lecteur.


Souvent poétiques, les textes ont l’allure de balades, de nouvelles, d’hymnes, fourrés d’humour, et chantant l’appartenance à la patrie et aux origines tunisiennes. Les textes défilent comme des images, racontant la résistance féminine, dans une culture millénaire certes patriarcale, mais qui reste diverse, riche de ses multiples cultures et de son histoire. Dessins et lettres poétiques se chevauchent, donnant au final un récit poétique complet, dédié à la Tunisienne, à ses combats, ses déboires, sa détresse, ses petites victoires. Leurs apparences distinguées et diversifiées reflètent, à travers les dessins de Faouzi Maaouia, leur jovialité, leur soif de vie, leur ténacité, leur résilience, des combats et des sacrifices. Des textes porteurs de sensibilités et générateurs d’humour et d’émotions.


« Portraits de femmes » est préfacé par Monique Akkari, et composé de 16 pièces poétiques titrées par des prénoms féminins : Katia, Amélie, Nedjma, Alissa, Hinda, Hidhba, Zaâra, Néjia, Ommi Sissi, Ruba, Ommi Sissi Sissiya, Fatma, Kehna, Chahla, Jara et Rahma. « Portraits de femmes » est un livre grand format qui met en valeur l’art du dessin et de l’illustration, et les textes poétiques. Fatima Maaouia a publié en 2001, chez « L’Etoile du nord », « L’alouette bleue », « Les frères siamois », en 2002 et a participé dans des ouvrages collectifs, portant le combat et la voix des femmes. « Portraits de Femmes » est actuellement en vente.

« Portraits de femmes » de Fatima Maaouia : Une poésie féminine
«Streams » de Mehdi Hmili : Drame dense
REVIEWS & CRITIQUES1 / 17 / 2022

«Streams » de Mehdi Hmili : Drame dense

Le public pourra découvrir dans toutes les salles tunisiennes le 2e long métrage de Mehdi Hmili. Annoncé comme un drame, le film a été projeté au festival de Locarno et au Caire, avant d’être présenté en Tunisie. A l’affiche, Afef Ben Mahmoud, Zaza, Sarah Hannachi et une poignée de jeunes acteurs.


Le long métrage relate la déchéance d’une mère, Amel, et de son fils Moumen, jeune adolescent, des suites d’une malencontreuse arrestation de cette dernière, pour «atteinte aux bonnes mœurs sur la voie publique, d’adultère et de prostitution». L’incident a eu de graves répercussions sur sa vie personnelle, professionnelle et sociale. Elle, qui travaille comme ouvrière dans une usine, cherchait à pistonner son fils Moumen, footballeur talentueux afin de le propulser. Elle s’adresse donc à Imed, homme d’affaires puissant, qui accepte de l’aider, mais tente de la violer en retour. Après s’être faite épingler par la police, le fils se retrouve livré à lui-même et s’abîme dans une violente déchéance : drogue, milieu de la nuit, prostitution masculine, alcoolisme et mauvaises fréquentations dans les abysses d’une capitale glauque et dangereuse… Des mois, plus tard, sa mère sort de prison et entame une recherche effrénée pour le retrouver.


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Le film est une succession d’événements dramatiques, centrés sur une femme et son fils, issus d’un milieu d’ouvriers modeste, et vivant avec un mari, totalement absent. Tout s’est enchaîné de la pire des manières pour les deux personnages, sur presque 2h00 de visionnage. Le film est dense en événements et exprime frontalement une brutalité urbaine, sociale, et policière. Le rapport mère-fils est dissolu pendant tout le film dans de la violence condensée. «Streams» prend les allures d’un thriller tunisien, dans lequel meurtres, magouilles, banditisme s’entassent : vie nocturne, communauté LGBTQI++, hommes farouches, police violente, misogynie, homophobie, toxicomanie… Tout y est ! L’interprétation de Zaza dans son premier rôle sur grand écran est remarquable, ainsi que celle des jeunes comédiens.


Le film a été projeté au festival de Stuttgart en Allemagne, et est sélectionné dans d’autres festivals, comme le Zurich Film Festival, Film francophone de Namur, la Mostra de Valencia, et au Festival méditerranéen de Montpellier. L’actrice principale du film, Afef Ben Mahmoud, a remporté le prix de l’interprétation féminine au Festival International du Caire, là où s’est déroulé la première arabe de «Streams». Mehdi Hmili s’est fait connaître avec son premier long métrage «Thala mon amour » en 2016.



«Streams » de Mehdi Hmili : Drame dense
Exposition «Les Beys Husseinites» : Un saut dans le temps
REPORTAGES1 / 16 / 2022

Exposition «Les Beys Husseinites» : Un saut dans le temps

L’inauguration de l’exposition attendue sur «Les Beys husseinites» a eu lieu le 12 janvier 2022 au Centre, des arts, de la culture et des lettres à Ksar Saïd. Un événement synonyme de savoir, de découvertes d’objets précieux et de tableaux restaurés. L’occasion aussi de faire la connaissance des hommes politiques qui ont fait l’époque beylicale tunisienne.


Quoi de mieux que de s’offrir une exposition historique afin d’entamer l’année 2022 ? L’événement a attiré l’attention sur les réseaux sociaux. L’époque beylicale attise toujours les passions et éveille une profonde curiosité chez les Tunisiens ou autres. L’exposition «Les Beys husseinites» est annoncée pour le 13 janvier 2022, date qui tombe à pic avec le décret d’un couvre-feu à cause de la hausse des cas covid-19. Plus de peur que de mal : l’événement est maintenu avec respect du protocole sanitaire jusqu’au 31 décembre 2022.


Organisée par le Centre des arts, de la culture et des lettres Ksar Saïd avec le soutien du ministère des Affaires culturelles représentée par la Direction des arts plastiques et en collaboration avec l’Institut national du patrimoine (INP), la Bibliothèque nationale de Tunisie (BNT), le Palais Ennejma Ezzahra et les collections privées de «Tej el MolkKhayachi» et «Sachat Beylicat», l’exposition a été officiellement ouverte au public le 13 janvier. Mme la ministre de la Culture, Hayat Guettat Guermazi, Mr. Moncef Ben Moussa, directeur du centre, Mr. Faouzi Mahfoudh, directeur général de l’Institut national du patrimoine et Mr. Ahmed Chaâbane, directeur général du patrimoine au ministère des Affaires culturelles, ainsi que Mme Wajida Sakkouhi, conservatrice du musée de la Tunisie moderne et commissaire de l’exposition ont inauguré l’événement dans l’après-midi du 12 janvier 2022.


Des toiles rares et entretenues, accompagnées de Cartel d’informations détaillées relatives à cette époque méconnue, des objets de valeur et de collection, des armes dont des pistolets anciens, des archives rares, médailles, pièces, costumes, uniformes font l’exposition des «Beys husseinites», à ne pas confondre avec un précédent événement tout aussi marquant baptisé «L’Eveil d’une Nation», organisé dans le même lieu par la fondation Rambourg en 2017.


Certaines toiles présentées ont été conçues par des artistes issus de cette période clé de l’Histoire tunisienne. L’exposition raconte deux siècles et demi d’un règne beylical riche de ses aléas politiques. L’aspect social, économique et religieux était aussi très présent et soigneusement relaté : il s’étale de 1705 jusqu’à 1957. Des moments clés, tels que la proclamation de la République Tunisienne, ou l’abolition de la monarchie beylicale y sont exposées. Environ 17 tableaux rares de Beys ont été présenté durant cet événement, comme ceux de Hédi Khayachi (1882-1902), Noureddine Khayachi (1907-1987), Mohamed Mtimet (1939-2011). Des héritiers et conservateurs de quelques pièces ont apporté leur soutien à ce projet avec la supervision de l’équipe du Laboratoire de conservation et de restauration des biens culturels.


Trois portraits sont remarquables : le premier est celui du «Bey, chef suprême de l’État, symbolisant la monarchie beylicale», le 2e est celui de Hussein Ben Ali el-Turki, fondateur de la dynastie husseinite (1705-1735/40) et un autre portrait de Mohamed Naceur Pacha Bey (1906-1922). Cette époque de la dynastie husseinite méconnue est à explorer. D’autres expositions autour de cette période historique auront lieu.

Exposition «Les Beys Husseinites» : Un saut dans le temps
« The Wasteland » d’Ahmad Bahrami : Une expérience sensorielle
REVIEWS & CRITIQUES1 / 16 / 2022

« The Wasteland » d’Ahmad Bahrami : Une expérience sensorielle

Immersif à souhait, le long métrage iranien d’Ahmad Bahrami «The Wasteland» déroute surtout par sa maîtrise exceptionnelle de la caméra et par la construction de son scénario. Un ovni iranien que les cinéphiles espèrent voir prochainement sur grand écran.


En version originale, «Dashte Khamosh» est une expérience cinématographique forte d’un langage éloquent nouveau : il parvient à transmettre d’une manière implicite les états d’âme des personnages, les ressentis divers émanant de leurs errances et de leurs échanges, et d’accorder au spectateur une libre interprétation.


Résumer le film, c’est le réduire : l’histoire est construite autour du personnage de Lotfollah, qui est un superviseur d’usine de briques, servant d’intermédiaire entre les ouvriers et le patron. C’est dans cette usine et ses environs que le public est entraîné et fera la connaissance aussi d’un patron, qui, à un moment précis, annonce à ses ouvriers, composés de plusieurs ethnies, la fermeture de l’usine. Une succession d’événements, narrée presque au ralenti, se déroulera. Et pour Lotfollah, garder Sarvar, la femme qu’il aime, indemne, reste primordial.


En noir et blanc, le réalisateur raconte une fiction dystopique d’un réalisme saisissant, tournée dans des décors bruts. Dans un élan de ralenti, l’étau se resserre autour des travailleurs de l’usine et du personnage Lotfollah. La scène centrale du discours du patron s’adressant à différentes foules est récurrente : une manœuvre qui rappelle l’impact de l’événement sur le devenir du récit. La narration est schématisée jusqu’à impliquer Sarvar, la bien-aimée de Lotfollah. Une répétition qui met en relief un aspect socio-philosophique riche, puisqu’en s’adressant à différentes ethnies, ce patron parle à de nombreuses personnes, évoquant ainsi différentes problématiques liées à la superstition, les croyances, les relations extraconjugales, le racisme, les mœurs… Autant de thématiques sociales évoquées simultanément avec la chute de l’usine, et un patron soucieux omniprésent, essayant de trouver des alternatives à cet échec. Mais le personnage de «Lotfallah» reste tragique par excellence : digne et résistant, il garde le cap en pleine spirale. Un homme caractérisé par son sens de la loyauté et du sérieux à côté de Sarvar, un personnage féminin discret, mais intriguant. Le cinéma de Bahrami est fort d’une esthétique nouvelle sur grand écran qui interpelle. Ce film a été présenté à la Mostra de Venise de 2020 et n’est pas encore sorti dans plusieurs pays. Il a été néanmoins projeté pendant les JCC 2021 à Tunis, en présence de son réalisateur. A l’affiche, les deux acteurs Mahdieh Nassaj et Ali Bagheri.

« The Wasteland » d’Ahmad Bahrami : Une expérience sensorielle
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